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Tai no henka - Irimi nage

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sincerity


A bit randomly I discovered Dan Djurdjevic' s blog and it provides with a fun way to study the consequences of Tai no henka. I do not know for sure who Dan is but his approach seems both interesting and sincere.

 

There is a lot that can be learned here: Dan has made a real effort to get the information about aikido, he tried it and he draws conclusions which should interest aikidokas. I'm impressed someone searches out of his discipline, in a very opened and honest way.

 

Unfortunately, what he is been taught is a good sample of what modern aikido stands for and the very fact the whole problem is centered around tai no henka is in itself a relevant symptom.

 

Once again let's repeat O sensei started all his keikos with TNH: it is the very heart of aikido, nothing less.

 

I think one should read Dan's article to understand his point precisely. But I don't want to repeat it here so let's jump straight to the main conclusions. (My previous post was way too long, sorry guys).

 

 

His starting point.


There are a great many “projections” or throws in the traditional martial arts (particularly in aikido) that focus on “leading” the momentum of the opponent – that is to say, continuing and redirecting the momentum of your opponent rather than opposing it.

I have a great admiration for this concept both philosophically and technically. But just how “practical” is it? In other words, what are your chances of “leading” the momentum of an opponent in a real civilian defence scenario? 


 

Here is maybe the first debatable point as aikido is defined as a defensive strategy. As a matter of fact a great deal of aikido is impossible without tori taking the initiative, not waiting. It does mean pre emptive strike, attacking, it only means not waiting. Modern Aikido has been built up as a new age non violent self defense art... but it may be slight;y more complex than that.

 

Actually, it is not about using uke's strength to lead / intercept it, it is all about canceling it, without waiting.

 

Dan then explains the mainstrean most common TNH which should be familiar to aikidokas:


 

 

 

 

The analysis and drawbacks of this TNH are available here and there (the most read posts on this blog, ).

 

Inevitably, this leads him in technical dead ends and especially for irimi nage - under its now archetypal form.

Cela le conduit assez logiquement dans des impasses techniques et notamment à propos d'irimi nage dans sa version désormais canonique. 

 

 

And it becomes fascinating.

 Because of course it just does not work in sparring. Sometimes he manages to perform tenkan but irimi seems immpossible and Dan's is very clear about his experiments.

 

Irimi nage, on the basis of that TNH, simply does not work and one can feel his disappointment. (Very honestly he clearly states in a comment that he may not be competent enough to perform it fully).

 

 

According to him it is possible to by pass the first phase and go straight to the second one. As in this video:

 

http://www.wuweidao.com/images/Iriminagemuidokan.gif

 

 

He performs here what is sometimes bizarrely called irimi nage omote (as opposed maybe to an ura form which only exists on the basis of a wrong TNH).

 

 

Doing it, remarkably, he rediscovers the efficient technique described by Saito sensei (Takemusu Aikido vol 2, page 146 French edition ) by eliminating the errors linked to the wrong TNH... .

Unbelievable and I must say very clever from Dan's part for he is a skilled enough martial artist to find the true move... 

 

So he asks himself: 

 

Is this better - or just different? It is noteworthy that in all my hard and fast sparring, I have only ever applied our "shortened" variant of irimi nage: I have never managed to apply the first phase of the classical aikido version, namely leading the opponent's forward momentum with a tenkan movement. But then again, one might validly point out that we are talking about sparring - not real fighting. Is there a role for the tenkan in leading the initial forward momentum in a civilian defence scenario? My answer to that is definitely yes - but with some important qualifications

 

Dan then tries to save the theory by limiting its range to very specific circonstances. Like this form he rightly calls tenkan nage:

 

 

http://www.wuweidao.com/images/tenkannage.gif

 

 

In his experience, Dan says he never managed to perform anything else but the second phase - witch quite logically becomes for him the true definition of irimi nage.

 


 

Conclusions

 

What is fascinating is that Dan's sincere experiments are consistent with traditional aikido principles and explanations.

(I know that everything is traditional nowadays... I'm just quoting Saito sensei's 1973 book series, yes: 1973...)

 

 

The very root of his "failures" is a wrong understanding of tai no henka. Dan uses a wrong TNH but rediscovers the true technique by adapting the theory. Magical.

 

One is tempted to tell Dan that his conclusions are right but the theory he is been taught is wrong.

 

Not his fault really. 

 

 

A few throws form Saito sensei (sorry for the music): that should ring a bell... 

 

 

 

       

 

Kanji

 

• Sei = truth. sincerity. in good faith. (= Makoto). 

• Jitsu = substance. sincerity.

 truth. reality. true. real. real. good results.
 a seed. a bay. fruit. nut.
 content. substance. an ingredient. (= Mi)


Bernard Pariset

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1955.

Bernard Pariset en est finale des championnats d'Europe des 3ème dan face à celui qui deviendra un de ses meilleurs amis, Anton Geesink.

 

BPariset

 

Le problème c'est que Pariset pèse 70 kilos et  mesure 1,70 peut-être. Anton Gessink mesure 1,96m, pèse plus de 100 kgs et c'est un athlète hors pair. Technique brillante, mental d'acier. Un de ces combattants que la Hollande sait produire.

 

 

Geesink

 

Il deviendra le premier non japonais à devenir champion du monde à Paris lors des 3èmes championnats du monde (du coup ils introduisent les catégories de poids pour éviter le pire en vue des Jeux Olympiques… très fair play non?).

 

Peine perdue… il devient le premier champion olympique de judo en 1964, toujours en toutes catégories, à Tokyo…!!!! Le seul médaillé non japonais et dans l'épreuve reine...! No comment. 

 

Son entraînement était inouï: footing tous les jours, natation, musculation avec des troncs d'arbres, lutte greco romaine pour se renforcer le haut du corps, deux heures de randori par jour alors que trois fois trois minutes vous lessivent n'importe qui… Il est mort fin août 2010.

 

Geesink gagne presque tout dans les années 50. Rien ne lui résiste, il devient mythique.

 

Mais ce soir là à Coubertin, pour la seule fois, à l'issue d'un combat d'anthologie, devant une foule délirante où se trouvent deux jeunes mariés, mes parents, Bernard Pariset passe ipon nage (morote sans doute au vu de la photo). 

 

ipon-copie-1.jpg

 

Le petit a battu le grand. Le judo a gagné. La magie de l'instant comme dit Arnaud.

 

 

Dojo de la rue des Martyrs, 1989. 


Je pratique depuis quelques années le ju jitsu que Bernard Pariset a remis au goût du jour. Ce JJ n'est pas très traditionnel, il est un mélange de plein de choses et tous les puristes du monde trouveront à y redire, (y compris la fédération de judo qui se sont brouillés avec B.Pariset) mais à l'époque je ne sais rien et je pratique comme un furieux, presque tous les jours.

 

Le dojo de la rue des Martyrs (un ancien lavoir, un de ces lieux du vieux Paris, dans ce quartier populo pas loin de Pigalle) est un lieu mythique, créé en 1944. La première fois que j'y mets les pieds, après deux trois essais non concluants ailleurs, je suis frappé par l'intensité qui s'en dégage. Je suis accueilli par un mec qui me semble aussi large que haut: Eric Pariset, son fils, que voici en dessous à l'âge de cinq ans avec son père. La photo montre bien à quel point à l'époque judo et ju jitsu sont parents proches…

 

 

32520779


Le lieu a fermé depuis, victime d'une réglementation toujours plus exigeante, pour le meilleur espérons-le, ça ne coûte rien d'espérer.

 

(Au passage, je sais bien que certains n'aiment pas bien Eric Pariset. Moi je le connais et j'ai toujours de l'estime et de la reconnaissance pour mon premier prof). 

 

Je commence à me débrouiller en judo, bien sûr avec ma taille et mon manque de force les mouvements d'épaule sont un rêve mais les balayages, crochetages, hiza guruma et ko uchi gari me conviennent bien et j'arrive parfois à placer un joli O goshi.

 

Cours du soir en hiver, il y a quelques acharnés... Soudain Bernard Pariset débarque et fait le cours un peu par surprise, ça arrive en dehors de ses cours habituels (son fils assure le quotidien). Il nous fait travailler les chutes avant, ce qui nous ennuie mais hardi petit. Un cours technique si je me souviens bien, pointu, un peu hors de ma portée.

 

C'est l'heure des randori. Enfin on va s'éclater (au sens propre parfois, je me souviens de Youssef qui était presque dangereux mais au moins on s'entraînait avec intensité on va dire j'ai toujours refusé de porter une coquille, par deux fois je me suis maudit).

 

Et voilà il m'invite.

 

J'ai 24 ans, je tape les mawashi geri à presque deux mètres de haut, je suis maigre, rapide, peureux et un peu vicelard dans ce monde de gros balaises de judokas qui m'explosent régulièrement (mais pas en pieds poings, là je suis chez moi)… Bernard Pariset affiche 64 ans, il ne plie presque plus les genoux et doit saluer tout raide. Je me dis que je vais essayer de ne pas abîmer papy.

 

On se salue.

 

Et je me retrouve par terre.

 

Il a suivi. Sa prise de kimono au col est très réussie, sa main libre est prête à taper sur ma trachée artère exposée: je suis mort. 

 

De ashi barai, le balayage le plus c… du monde, celui qui ne passe d'ailleurs presque jamais (parce qu'on - non:  parce que je le place mal, évidemment). A gauche en plus.

 

La seconde d'avant j'étais debout, la seconde d'après je suis mort. Ainsi fut-il. 

 

J'ai le souffle coupé. Ce n'est pas seulement que la chute fut rude - et d'ailleurs pas tant que ça: souvent on s'en prend de plus sévères avec tori qui nous tombe dessus. C'est aussi qu'il a détruit mon mental. Je suis raratiné de A à Z.

 

Le reste du randori est anecdotique et sera un cours particulier même si la leçon était au tout début.

 

En remerciement au meilleur des professeurs, son élève.

 

42-20927918.jpg

 

(Avec son ami, Courtine)


L'aikido doit évoluer - Aikido must evolve

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L'aikido a évolué, l'aikido doit évoluer… 

 

 

D'ailleurs, O Sensei ne pratiquait pas encore son aikido avant-guerre et sa pratique ayant elle-même évolué, tout à chacun est en droit de faire évoluer les formes.

 

      o sensei edit 

 


Cette photo relevée je crois sur le site de Paolo Corallini sensei... (merci à celui qui a eu la bonne idée de les mettre côte à côte). L'identité des deux situations en dit long sur la pertinence de toutes ces affirmations... 

 

Dans les deux images un irimi-nage, si poser un nom arbitraire sur une forme possède un sens autre que celui de pense bête.

 

Le même positionnement, la même action, le même résultat. Sur la photo de droite, prise au moment d'un ki no nagare de première, on sent l'intensité du mouvement, à gauche presque sa décomposition, sa construction.

 

A gauche on sent la coupe, le caractère inéluctable, presque impitoyable de la descente, à droite sa profonde bienveillance tant la main gauche semble protéger la nuque.

 

La main droite en 1936 semble prête à s'abattre et prêter "main-forte" à la deuxième. En 1966, elle indique une ouverture, se fait vague, aile - et on arrête là les images.

 

Que se passe t-il entre ses deux époques? certainement pas un changement de technique" mais surtout d'esprit.
On trouverait sans doute une technique première de Daito ryu pour rendre le parallèle encore plus parlant.

 

J'entends dire ici et là que certains experts actuels de l'Aikido s'intéressent en définitive peu à la démarche d'O sensei (même s'ils ne l'admettent qu'en privé). Je trouve qu'ils ont bien tort. La brutalité de certaines démonstrations, l'attitude de matamore que j'ai vu à Tokyo et ailleurs me dérangeraient moins si elles ne s'accompagnaient pas d'une hyper inflation de l'ego qui prétend changer ce qui n'est pas compris et encore moins assimilé. 

 

C'est la moindre des choses pour rendre hommage au vieux maître que de tenter par tous les moyens de le retrouver, retrouver son enseignement à travers le temps et les déformations.

 

Ganbarimasu !

 

... 


 

 

Aikido has evolved, aikido has to evolve ... 

 

Since O Sensei did not practiceAikido in his pre-war years, since his own practice has evolved, everyone is entitled to change / interprete the forms. 

 

This photo found on the site of Paolo Corallini sensei... (thanks to the guy who spotted them): the identity of the two situations speaks volumes about the very relevance of all these statements. 

 

In both images an irimi-nage if putting a name on a form is useful . 

 

The same position, the same action, the same result. On the right picture, taken in a ki no nagare moment, one can feel the intensity of the movement, on the left its construction nearly

 

On the left you can feel the inevitability, the almost merciless cut - on the right a deep benevolence: see how the left hand seems to protect the neck. 

 

The right hand in 1936 looks set to fall and and reinforce the movement. In 1966, it underlines an opening, it becomes a wave, a wing - and let's stop the images here. 

 

What has happened between these two periods? Certainly not a change of technique but essentially a change of spirit. We could probably find a Daito Ryu technique to make the parallel even more obvious. 

 

I hear here and there that some of today's experts of Aikido are not especially interested with O sensei's approach and eventually his legacy (even if they only admit this in private). I think they are very wrong. The brutality of some demonstrations, the bully attitude that I saw in Tokyo and elsewhere would bother me less if they were not accompanied by some hyper inflation of the ego that claims to change what is not understood and even less assimilated. 

 

The least we can do to honor the old master is to try by all means to find him, find his teaching through time and distortions. 

 

Ganbarimasu!

Apprendre et enseigner l'Aikido

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Bon, je suis en train de rompre avec la promesse que je m'étais faite à propos de ce blog.

Désolé pour ceux qui croyaient être débarassés. (Merci à Matthieu pour ses commentaires).

 

Plusieurs raisons à cela.

 

Je me suis penché sur les méthodes d'apprentissage parce que mes gamins sont tous les trois (étant triplés) en période d'apprentissage de la lecture/écriture. J'ai voulu comprendre et les aider. Chemin faisant, j'ai trouvé de surprenants parallèles avec l'aikido, pas si surprenants que cela après réflexion.

 

Ensuite j'ai commencé, un peu par hasard et bénévolement, à enseigner. Ce qui oblige à avoir l'esprit un tantinet clair.
Kierkegaard disait que l'on n'enseigne pas ce que l'on sait mais ce que l'on est. M
alheureusement, la phrase se vérifie souvent. C'est en partie inévitable pour toutes sortes de raisons (transfert psy, nécessité d'un modèle, transmission d'un bagage technique parfois limité donc présenté comme personnel, etc). C'est pourtant regrettable et assez malsain. Si on enseigne à lire ou écrire (qui sont des savoirs en tant que tels), on n'enseigne pas SA façon d'écrire.

 

On pourra dire ici, métaphore facile on peut en trouver d'autres, que pratiquer l'aikido ressemble à écrire son propre roman. Or l'enseignement des bases (et bien au-delà) s'apparente beaucoup plus à l'enseignement de la lecture. Il n'y a ici aucune place pour la subjectivité. C'est confondre écrire avec rédiger.

Je me souviens de deux de mes maîtres en littérature, monsieur George D. et monsieur B, très grands professeurs, qui mettaient un point d'honneur à s'effacer derrière l'oeuvre, son analyse, véritables pédagogues qui avaient avant tout le souci de la méthode.

 

Et puis finalement, ayant rencontré les deux types d'enseignement expliqués ci-dessous, il a bien fallu que je comprenne leurs natures pour opérer des choix pédagogiques et d'abord pour mon propre entraînement. On lit, entend et subit trop de purée intellectuelle légitimée au nom de la tradition ou de présupposés informulés. 

 

Bref, je ne rouvre pas le blog contrairement aux voeux de Matthieu J, je mets deux ou trois choses au point.

 

 

 

Méthode globale, méthode syllabique

 

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L'enseignement de l'aikido reproduit assez fidèlement deux méthodes de l'apprentissage de la lecture, à savoir méthode globale et méthode syllabique.

 

D'un côté une option qui consiste à enseigner à l'élève une forme qu'il va reconnaître de façon globale, non analytique pour la reproduire à terme. Cette approche évite l'explication, la dissection et va consister à enseigner à l'élève à "reconnaître" visuellement avant même d'analyser. Cette méthode d'apprentissage met l'accent sur l'élève "apprenant" plus que sur l'élève "enseigné". On avouera que cette méthode est très voisine d'une vision de l'enseignement de l'aikido où l'on postule que l'élève doit apprendre à "voler" la technique. 

 

De l'autre côté la méthode syllabique, utilisée depuis l'Antiquité et qui marche fort bien en dehors de quelques exceptions pour lesquelles il a fallu au début du 20ème siècle (longue histoire) imaginer d'autres approches, la méthode globale justement. 

La méthode syllabique est fort comparable à la méthode Saito et procède façon très ressemblante: on apprend les unités de sens minimales: les lettres (les suburis, les placements de pieds, les déplacements, etc), on reconnait et on construit des syllabes voire des mots (les awase), on construit des phrases avec un dialogue, (les kumijos ou kumitachi) et on apprend même en définitive de longs poèmes (les kata 31 et 13). Tout ceci se transpose aisément au tai jutsu, de façon d'abord analogique puis plus profonde (métonymique si on veut). L'apprentissage du tai jutsu est assez similaire.

Il ne s'agit évidemment que d'une étape et ce n'est pas encore de l'Aikido mais on moins on travaille sur des bases saines. Tout ceci nous prépare à la libre expression un jour de Takemusu, la production spontanée de techniques, un peu comme lorsqu'on lit ou énonce du sens sans même réfléchir à la façon de le faire. On le fait, voilà tout. 

On a appris les bases, on a pas mal appris par coeur, on en a bavé sur la grammaire, on a lu les grands auteurs et parmi nous une minorité acharnée deviendra à son tour auteur. Les autres parlent, communiquent avec plus ou moins de talent et de culture mais à la fin tout le monde se comprend (sauf écart socio cul monstrueux). 

...

La méthode globale est injustement prise comme bouc émissaire de l'analphabétisme (croissant) en France en oubliant ses apports (ce n'est pas un hasard si c'est un gouvernement de droite qui la remet en cause). En fait, la plupart des enseignants pratiquent une méthode mixte qui marche plutôt bien lorsqu'ils ont le temps de travailler avec des classes non surchargées.

En revanche prétendre qu'il s'agisse de la meilleure ou seule façon de faire est au mieux une ignorance.

Pas plus que pour l'apprentissage de la lecture, la méthode globale ne peut fonctionner seule, encore moins avec des adultes dont la plasticité neurologique est bien moindre que celle d'enfants du cours préparatoire… 

Pire encore, la méthode globale mal comprise et/ou maîtrisée peut créer ses propres problèmes (comme toute méthode, certes):

- l'approximation technique, camouflée sous ce que l'on appelle en aikido pratique ou recherche personnelle, parfois "évolution des techniques" 

[Certains s'estimant suffisamment experts pour prétendre modifier les techniques mises au point après une vie de travail par O sensei, ça laisse rêveur…]

- la transmission d'erreurs, en fait des méconnaissances imputables à l'absence d'informations clefs que la méthode globale ne pouvait pas - presque par définition -transmettre.

- et enfin, plus perverse, la confusion forme/fond. On apprend "l'image" du mot voiture sans bien comprendre sa construction puis l'on substitue librement "bagnole". De même, on voit shiho nage sans connaître la forme de sabre et on finit par faire n'importe quoi. 

Ce sont les pièges de la méthode globale intégrale. On peut les éviter mais encore faut-il les connaître.

...

Pour justifier une pré éminence de la méthode "non explicative"/globale en aikido, on a coutume d'opposer l'Orient et l'Occident, l'analyse disséquante contre l'appréhension de la globalité, comprendre (science) contre ressentir, philosophie contre Zen, etc. 

C'est évidemment une grille de lecture très pauvre. Cette opposition ultra classique entre les deux mondes est le plus souvent le fait d'une culture, anthropologique entre autres, vraiment limitée. 

Prenons un parallèle avec la peinture, souvent utilisée pour illustrer cette opposition: il est courant d'entendre ou de lire que la peinture asiatique peint avec le vide lorsque l'occidentale définit avec le plein, l'effet de matière… 

Malheureusement il est impossible de parler de peinture occidentale sans (sa) voir (pour le coup) que les peintres ont pensé, ressenti, retranscrit et utilisé le vide, y compris mental. Les paysages de Rembrandt (à l'encre lorsqu'il se promenait dans la campagne) en sont des illustrations magistrales - tout comme d'ailleurs sa limite FLOUE dans certains autoportraits (celui du Louvre est un exemple inouï, incarnation et création de vie plus que simple représentation. Allez voir et regardez bien la circulation des rouges…). Tout comme les infinis de Monet, qu'il s'agisse du ciel ou de reflets dans l'eau. Si l'on croit que la peinture occidentale se soucie surtout de définir et représenter, c'est surtout que l'on ignore le pont établi entre Hokusai et Van Gogh par ce dernier ou la démarche de Zao Wou Ki débarquant à Montparnasse, leur parenté profonde, leur fraternité: c'est ne pas saisir la profonde identité des expressions artistiques - donc aussi techniques - au-delà du pré mâché culturel tout-venant. 


Pleinvide.jpg

C'est du plein ou du vide ça? C'est du Japonais ou de l'Occidental?

C'est les deux, c'est japonais du 19ème et influencé par l'Europe.


L'autre façon de justifier cette méthode consiste à dire que les techniques d'aikido ne peuvent être communiquées par le langage ce qui est en partie vrai puisque la sensation physique ne peut pas être entièrement décrite (de même que la communication verbale n'est pas le langage écrit). C'est accorder néanmoins peu de confiance à l'instrument le plus humain qui soit et qui a permis à cet ingénieux bipède de transmettre son savoir rationnel et même l'informulé de ses rêves, merci Sigmund.

Qui plus est, la méthode syllabique ne signifie pas recourir exclusivement aux mots: un bon vieux un, deux, trois bien formel et silencieux peut mettre sur le chemin de merveilles. La répétition de formes intangibles, le kata, le suburi n'est en rien une pratique centrée sur le langage. Mais à un moment de la courbe d'apprentissage que le professeur choisira, il est utile de comprendre ce que l'on fait...

...

La vérité comme souvent se tient au milieu. 

De façon pragmatique, la plupart des enseignants du cycle maternelle / CE1 pratiquent une méthode mixte dans laquelle l'exercice de déchiffrage / combinatoire est associé à un exercice de reconnaissance globale où le mot trouve son sens dans un contexte. A la fin des fins d'ailleurs, on lit ainsi, par reconnaissance, par identification instantanée de l'ensemble…

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Et bien souvent en Aikido les enseignants font de même: on analyse la technique, on essaie de la faire ressentir, on répète par coeur, bref on bidouille, quitte à s'arracher les cheveux. Comme le rappelle ici Matthieu, enseigner, c'est exposer de manière ordonnée ce que l’on a découvert de manière plus ou moins aléatoire. Le livre que j’écris, le cours que je donne sont toujours des reconstructions a posteriori. Surtout s'il a fallu beaucoup reconstruire...

Cela dit, deux problèmes se posent pour les enseignants d'aikido (en dehors du fait qu'ils ne sont pas O sensei, désolé d'être cruel…).

1. N'ayant, pour la plupart, pas bénéficié de méthode structurée en tant que telle, il n'en ont pas vraiment de solide… et enseignent des bribes parfois / souvent mal connectées les unes aux autres dans une pédagogie fédérale élaborée par d'autres. Par exemple: on enseigne que gokyo omote n'existe pas or personne n'a vraiment réussi à m'expliquer pourquoi un mouvement né d'ikkyo n'existerait qu'en ura… Etant juste le dernier cran de la spirale d'ikkyo il ne diffère pas en nature du premier cran. On lira avec profit, si ce n'est fait, l'article de P.Voarino sur TAI.

2. En France notamment, l'enseignement par la méthode globale a produit une telle confusion qu'il a fallu la doubler d'un catalogue de formes dont le manque de justification sous-jacente l'apparente… à un catalogue justement - où tout se vaut, une succession de formes plus ou moins ressemblantes. Lisons avec le vide: quand on prend le tome 1 de l'aikido de la FFAB, on ne trouve ainsi AUCUN des principes fondamentaux et moteurs, irimi, tenkan, happo giri, etc - et bien entendu pas le moindre début de l'ombre d'une explication de ces principes. Il s'agit au mieux d'un catalogue pour les passages de grades.

Pour bien mesurer et comprendre, on le comparera avec la série des cinq livres Traditional Aikido (1973) de M.Saito ou le livre de Gozo Shioda, Total Aikido The Master Course… On y lira (avec des mots, donc...) le travail de deux maîtres réellement soucieux de transmission et capables d'expliquer clairement par A + B pourquoi il faut bouger de cette façon à cet endroit à cet instant - et rien d'autre. 

Ce qui se conçoit bien s'exprime clairement. 

Ceci est universel. Dire qu'il faut travailler la sensation, le relâchement, la globalité du mouvement revient à enfoncer des portes ouvertes. Evidemment qu'il faut. Mais à condition de posséder des outils de qualité - et à travers eux. 

Que l'on comprenne bien par exemple en quoi ken, jo et tai jutsu sont intimement reliés en aikido (par O sensei, faut-il le  rappeler?) dans une synthèse unique et différente des autres systèmes d'armes (que seuls ceux qui ne la connaissent pas considèrent avec dédain comme j'ai pu le lire). Et pourquoi la répétition inlassable de ces formes pédagogiques nous fait progresser vers une vision et une pratique cette fois véritablement globales de l'unité de l'aikido. 

Pour lire et apprécier la globalité d'un livre, il faut apprendre à lire les lettres (sans jeu de mots ;-)...

Matthieu Jeandel ajoute sur cet article quelques notions assez fondamentales.

 

Une chose que l'on oublie ou occulte volontiers parce que cela nous arrange est que dans les koryu (les écoles traditionnelles de la tradition) où, soi-disant, l'apprentissage se faisait en volant la technique, cette façon de faire ne constituait qu'une étape pour faire le tri et voir qui était digne de recevoir les enseignements de l'école. 

 

L'enseignement OKU (que l'on qualifie aujourd'hui de secret, de caché...) n'était en fait rien de plus que l'enseignement des clefs qui faisaient que les techniques fonctionnaient vraiment, c'était justement l'apprentissage des détails.

 

Tokimune Takeda expliquait qu'il fallait enseigner la forme avec un certain réalisme sans donner tous les détails de son efficacité réelle et garder les détails pour ceux qui recevront le menkyo kaiden...

 

Cela est parfaitement cohérent avec ce que disait Sagawa sensei  et avec la ligne de conduite d'O sensei tout au long de sa vie: "Vous devez comprendre ma répugnance/réticence à divulguer quelque chose que j'ai acquis au prix d'un travail dur et obsessionnel. Je refuse d'enseigner à quelqu'un qui a une mauvaise personnalité".

 

 

Pour finir il faut tout de même bien dire et redire que O sensei expliquait et expliquait en détail. Selon Saito sensei, pour maître Ueshiba tous les détails d'une technique comptaient sans quoi ce n'était pas une technique. Il expliquait que O sensei lui démontrait à chaque fois pourquoi une technique avait cette forme et pas une autre, lui révélant la nécessité quasi mathématique, géométrique de toutes les formes et leurs variantes.

O sensei expliquait et en détails.

Mais pas à tout le monde.

 

 

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Comme quoi, quand on est motivé (e)... ;-)

Louis XIV et hito e mi

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En discutant de positions de pieds avec la prof de danse de mes filles (une de ces dames charmantes, très savantes et sacrément swing…), on est tombé d'accord sur quantité de choses en général et aussi sur la disponibilité dans tous les axes que permet hito e mi.

Bien sûr elle ne l'appelle pas comme cela et les positions de pieds en danse classique sont bien plus complexes qu'en Aikido. Et encore davantage si on ajoute danse de salon, latines et jazz. Les danseurs complets maîtrisent infiniment plus de combinaisons que les aikidoka. C'est d'ailleurs souhaitable pour ces derniers puisque les situations de crise réclament des gestes simples. Bref.

 

Elle m'a appris que la position des pieds en danse "classique" (évoquée rapidement dans Vitruve #1) à savoir la 4ème position de pieds a été imposée par Louis XIV et son maître de danse, M. Beauchamp.

 

 

Observons le placement des pieds:  il est quasiment identique. En fait la danse utilise toute la gamme des placements et les choisit en fonction des besoins.

(Il existe même des positions supplémentaires en moderne et jazz et encore une différente en latine...).
 

La position hito e mi est en revanche généralisée dans les portraits en pied du "roi soleil" (O sole mio…) qui aimait danser et on le comprend.

La position est tellement synonyme de pouvoir qu'il est impensable de ne pas la mettre en valeur, l'exhiber de façon très ostentatoire.

 

 

Et pourquoi donc? parce que à l'époque plus on est riche et puissant plus on porte de rubans et fanfreluches. Le tout doit virevolter (la volte, une danse justement, fort coquine) autour de la silhouette pour être bien vu au moindre geste, au moindre changement de position. Un effort d'imagination et l'on voit tout de suite les élégants et puissants se pavaner le nez en l'air, pivoter, accorder son attention dans un vol de dentelles, arpenter un salon en pirouettant dès que possible, ondulant dans de petits pivots nonchalants...

Bien sûr il faut conserver dignité et prestance dans les changements de position, rester droit comme un dieu sur terre, on apprend cela très tôt aux enfants dans les bonnes familles, pas un fils de bonne mère ne se tient comme un lascar.

 

Pour ce faire, il faut adopter hito e mi car c'est la seule position de pieds qui permet de pirouetter / pivoter sur place avec facilité tout en demeurant bien droit.

(Cela permet d'ailleurs de pivoter dans les deux sens, certes un peu moins du côté avant mais de toute façon plus qu'avec le hanmi dit classique. Amusant de constater par ailleurs que le regard est orienté comme le pied avant, on imagine la démarche puis on essaie d'appliquer aux formes soto...bingo).

 

Pour l'aikidoka cela permet de réaliser un pivot sur place en faisant rebondir / dévier toute force hostile plutôt que de s'y opposer. (Il va de soi que cela ne consiste pas à effectuer un demi tour en lançant la jambe arrière dans un grand pas circulaire comme ce qui est ordinairement présenté comme irimi tenkan. Irimi= en avant, tenkan= on tourne, yeah you're right…).

 

...

 

Peu importe le but,  la mécanique est intéressante car elle dévoile un invariant du corps humain: on ne peut pivoter sur place qu'à la condition de placer ses pieds en hito e mi.

 

Les militaires et l'ordre serré fournissent un parallèle intéressant (souvenirs souvenirs)…

 

"Demi tour droit'... droit' ! "

 


La position de départ est de face, il faut donc reculer le pied droit en hito e mi, puis prendre appui afin de se retrouver à nouveau de face. Sinon on aboutirait à une position grotesque et fort peu ""martiale"".

 

A droite droite: pareil. On repasse par hito e mi.

 

 

Les points de poussée sont adaptés en fonction de ce que l'on veut faire mais il est impossible d'effectuer un demi tour correct sans utiliser cette position de pieds. Même si l'apprendre aux nouveaux prenait parfois des heures...

 

 

Si par malheur, on adopte le hanmi "moderne/courant/irréfléchi" (dont je me demande d'où il a été importé) pied avant dans l'axe et pied arrière plus ou moins oblique, on se retrouve dans une posture inélégante et instable et qui ne permet aucun demi tour puisqu'on aboutit si l'on pivote sur place à une posture bancale et désaxée.

 

O sensei dans ce film exécute avec un soin presque didactique des séries de spirales en montrant ouvertement le placement du pied avant.

 

En clair cette position est un invariant du corps humain. Si le cercle est à la base des mouvements d'Aikido, cela part des pieds…

 

 

Sans blague?

 

 

Transparent power 2. Aiki.

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SAGAWAsenseismall

 

 

Des mains évidemment puissantes...
 
 


Deuxième partie tout entière consacrée à la définition de "aiki" selon Sagawa sensei
Encore une fois je recommande vraiment d'acheter ce livre car la lecture permet aussi aux mots "d'infuser".


J'opte volontairement pour une traduction très littérale car du Japonais à l'anglais, la traduction a déjà du faire des ravages, inutile d'en rajouter. La traduction du japonais au français va donc être un tour de force.
 
- L'aiki donc…


D'abord la définition selon Tatsuo Kimura, en première page du livre.


Une technique effectuée par l'harmonisation de l'énergie qui surpasse les autres techniques utilisant la force et la manipulation des articulations. Avec une compréhension profonde de Aiki, il est possible pour une petite fille de défaire un homme fort.

Sagawa sensei ne cache pas la difficulté, voire l'impossibilité d'expliquer ce qu'est l'aiki (on se demande parfois s'il ne prend pas un malin plaisir à repousser les étudiants ou les aspirants… plus sûrement il a dépassé la langue de bois ou commerciale).


On sent même parfois une sorte d'élitisme un rien cynique, d'autres diraient nourris par l'expérience: une personne stupide ne peut absolument pas faire aiki ( to do aiki)...


Même pour les talentueux, il est impossible de faire cela avant 20 ou 30 ans. Et pour ceux sans talent c'est absolument impossible.


... No comment.

 

Sagawa sensei mentionne plusieurs fois que les explications orales lui semblent inutiles. On reconnait là un classique de l'enseignement traditionnel. Mais il ne s'agit pas d'une défiance par rapport à tout enseignement ou toute pédagogie, il s'agit seulement pour lui de la conséquence naturelle d'un fait bien simple: très rares seront les élus. Comprendre et maîtriser l'aiki sera le privilège de quelques happy few...
 
D'un autre côté il ne ménage pas ses efforts et comme il le dit lui-même, enseigner c'est finalement donner des indices. Mettons-nous sur la piste.

 
Sagawa sensei passe un temps considérable à expliquer l'aiki et ce qu'il n'est pas.
Il est courant de lire un peu partout que les mots en budo ne servent à rien. Ce qui tendrait à signifier que si les mots sont impuissants alors la pensée qu'ils expriment ne sert aussi à rien. Or, au fond Sagawa sensei dit strictement l'inverse à son élève: selon lui il faut penser, il faut ré-flé-chir.


Sagawa sensei nous donne d'ailleurs une sorte de chemin, presque un mode d'emploi, bien loin d'une exploration indicible et informulée.

 

Certes l'étincelle initiale n'est pas de l'ordre du verbe mais de la sensation:


L'aiki n'est fondamentalement pas quelque chose que vous pouvez apprendre en écoutant quelqu'un vous l'expliquer. C'est quelque chose que vous devez saisir de vous-mêmes en pensant à la sensation quand vous êtes projeté avec l'aiki et faire devenir lentement vôtre.
L'aiki demande un éveil, une épiphanie.

 

Parce qu'il est une inspiration, un génie peut le comprendre immédiatement alors que ceux qui ne sont pas très brillants auront le plus grand mal quels que soient leurs efforts. On ne peut pas enseigner aiki.

 

On peut donner des indications mais on ne peut l'expliquer oralement.
 
Ensuite tout est travail et réflexion personnelle, tout est pensée et effort.


Sagawa sensei passe un temps considérable à expliquer que cette découverte initiale doit ensuite être étayée, travaillée, explorée durant toute la vie. Car un peu paradoxalement:


C'est pourtant quelque chose que tout le monde peut réaliser si vous comprenez le principe et que vous entraînez pendant des décennies.


Et ceci demande un travail conscient:


C'est notre cerveau qui nous rend supérieurs aux animaux. A la racine de tout progrès se trouve le désir d'évoluer, de grandir.

 

Le vrai progrès n'est possible qu'en réfléchissant et en reconsidérant (remettant en question, en cause) l'art et les techniques. Il est important d'analyser continuellement, sans relâche..

 

Le secret est de toujours toujours continuer à réfléchir. La raison pour la quelle les gens ne deviennent pas efficaces ou ne deviennent pas forts est qu'ils ne contemplent pas. La réflexion doit devenir partie intégrante de votre vie.


Le budo n'est pas indicible, il n'est pas (que) pure sensation physique: il est aussi affaire de pensée, de réflexion. Si on écoute Sagawa sensei, la réflexion est même un moteur fondamental.

 

L'absence de réflexion est pour lui la source de tous les maux:


Votre problème est que vous ne pensez pas par vous-mêmes, vous voulez qu'on vous enseigne. Peu importe à quel point on vous enseigne, vous oublierez tout très vite. Mais quelque chose que vous avez acquis par vous mêmes et avez lutté pour obtenir restera en vous, vous ne l'oublierez jamais. En d'autres termes enseigner n'est rien de plus que de donner les bons indices. L'étudiant doit comprendre par lui-même.

 

Il répète ce fait à l'envi: il a atteint son niveau en allant jusqu'au bout de la réflexion, en utilisant toutes les ressources de son esprit. Et bien souvent il utilise le mot comprendre et non pas saisir ou voler la technique:

 

bien des nuits je suis resté éveillé, réfléchissant en profondeur.


Et de la connaissance naît d'ailleurs des opinions bien tranchées...:


Quand vous parviendrez à comprendre aiki, aussitôt que quelqu'un parlera du "flot du ki", vous comprendrez qu'il ne sait rien. Si vous adoptez la perspective que l'aiki est le flot du ki, vous n'irez nulle part quoi que vous fassiez.


Cette optique est étonnamment rationnelle et je dois dire que c'est une des (agréables) surprises du livre. Pas de magie ici, pas de pouvoirs surnaturels. Pas de grand kiki. Une compréhension, une révélation presque, et beaucoup, énormément de travail.


Ce n'est pas le ki ou quoi que ce soit de spirituel. Takeda sensei l'appelait Aiki no jutsu, ce qui montre bien qu'il le considérait comme une technique. Les gens disent que c'est le ki mais ça n'a rien à voir. L'aiki n'est pas mystérieux. Il est fondé sur un principe réel.
 
 
Au fait c'est quoi l'aiki? Comment ça marche?


Hélas, ce n'est pas visible ni reproductible si facilement...

Vous pouvez regarder tant que vous voulez, aiki ne peut pas être compris en regardant la forme extérieure.
Vous rendez votre adversaire impuissant par une action interne qui n'est pas visible de l'extérieur.


Il semble que la plupart des gens dans cet art essaient de copier la forme en croyant que, tant qu'ils copient la forme, ils s'entraînent correctement mais ce n'est pas du tout ça. Ce qui est vraiment important ne réside pas dans la forme mais dans quelque chose où la forme n'apparait pas.

Alors? Je vous laisse lire:


Peu importe la force que vous utilisez (…) tout ce que j'ai à faire est de bouger d'une fraction de centimètre et l'adversaire ne peut plus utiliser sa force.


L'aiki projette une personne lentement et calmement, les chutes bruyantes et flashy / spectaculaires servent à impressionner les gens de l'extérieur.


Je suis fort parce que je bouge.


Je peux identifier le point faible de l'adversaire presque immédiatement parce que j'ai complètement relaxé/relâché mon corps.


Je ne m'oppose pas à la puissance de mon adversaire. J'utilise mon pouvoir concentré à l'instant absolument critique, le reste du temps, je n'utilise aucune force.


Par l'entraînement, j'ai conditionné mon corps pour n'être influencé par aucune sorte de force.


Vous n'avez pas besoin de force, ce n'est pas nécessaire.


Le kuzushi, déséquilibrer l'adversaire, est une partie de l'Aïki, mais ce n'est pas toute l'affaire.


Il se dessine un procédé au fond très proche de ce que décrit O sensei. L'instant, le présent, agir quand il faut, concentrer l'énergie, cette énergie qui n'est pas de la force mais ce qui habite kokyu rokyu, la coupe...
 
Et pour finir la cerise sur le gâteau:


L'aiki est essentiellement offensif.

 

La défense est invariablement brisée.

 

On dit souvent que la meilleure défense c'est l'attaque. Dans cette affirmation il faut comprendre que vous devez être actif, ne pouvez rester passif.

 

Voilà une phrase qui en choquera beaucoup mais qui est complètement en accord avec l'enseignement des armes selon Saito sensei, la façon d'effectuer shomen-ikyo par O sensei dans Budo, avec ce que répétait Hikitsuchi sensei: "commencer le premier, ne pas attendre".


Sans confondre prendre l'initiative avec agressivité, sans confondre offensive avec violence, il est temps de rompre avec ce qu'on nous rabâche depuis quarante ans en aikido dans un magma new-age parfumé à la non-violence: l'aikido n'est pas une défense.


Prochaine partie: l'entraînement, shogyu.


L'entraînement (et non la pratique) et l'entraînement encore et toujours car selon Sagawa sensei:


Même en s'entraînant il est difficile de comprendre aiki alors il n'y a aucune possibilité pour quelqu'un de le comprendre sans s'entrainer...

Transparent power - 1

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Je termine l'excellent livre de Tatsuo Kimura, Tomei na Chikara, Transparent or Invisible Power, paru en 1995 au Japon (et depuis régulièrement réédité) puis en août 2009 dans sa traduction anglaise. Existe t-il une version française ? pas sûr, aussi je vais tenter d'en extraire la moëlle sur quelques articles.


Le second livre de Kimura Tatsuo, le principal disciple de maître Sagawa, constitue un portrait de Sagawa Yukiyoshi et de son parcours.
 


Sagawa Yukiyoshi est le fils aîné d'un riche commerçant de Hokkaïdo qui pouvait s'offrir les cours de Takeda Sokaku, le fondateur du Daito-ryu, qui demandait 500 yens par mois quand la plupart des gens en gagnaient 8…
C'est vers l'âge de dix ans qu'il rencontra pour la première fois celui qui allait être son seul et unique maître, Takeda Sokaku. Tout le monde connait plus ou moins Takeda Sokaku dans le monde de l'aikido mais le personnage et son héritage sont très complexes, mal connus.

 

photo-28-


Sagawa Nenokichi fut l'un de ses élèves / bienfaiteurs et son fils Yukiyoshi s'entraîna très tôt en compagnie de son père avec Takeda. Sagawa senseï raconte notamment comment vers dix ans, le jugeant trop jeune et sans doute incapable de comprendre ce qu'il lui donnait, Takeda sensei lui enseigna le secret de l'école de sabre Jiki Shinkage ryu. Ceci lui permit de comprendre l'Aïki, le cœur même du Daïto ryu à l'âge de dix-sept ans.


Il passe alors le reste de sa vie à approfondir ce savoir et mourra vers 96 ans. Mieux que ce portrait rapide, la suite de petites fiches de lecture permettra de mieux saisir la personnalité et le leg de Sagawa sensei.


Pendant des années, Kimura nota toutes les paroles de son maître, pour rassembler une base de 5000 pages, ensuite organisées pour en tirer un tout cohérent.
Disons le tout de suite, je considère ce livre au même titre que le Livre des cinq roues de M.Musashi ou Le sabre de vie (Life giving sword je ne connais pas le titre en français) de Y. Munenori. je recommande aux anglophones de lire dans le texte ou mieux en japonais si vous le pouvez.
 
Deux citations pour commencer la série…
1. L'aiki véritable projette une personne de façon lente et calme. Les projections bruyantes* et "flashy" ** sont faites pour impressionner les gens de l'extérieur ***.
*("loud" mais on pourrait dire démonstratives, bavardes presque)
**(je conserve le mot anglais devenu presque frenchy désormais)
***("outsiders" les gens de l'extérieur mais aussi les non initiés, les néophytes etc)

2. La simple pratique de balancer une épée de bois (suburi avec un bokken pour faire court) peut grandement vous aider si vous en faites beaucoup. Voilà ce qui est important. Vous accomplirez beaucoup par l'entraînement. Mais ceci n'est que la construction du corps. Peu importe le travail que vous accomplirez, cela ne signifie pas que vous atteindrez l'aiki.

 

Yamabiko no michi

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Yamabiko no michi

 

 

In his 1973 book, Traditional Aikido Vol.1-Basic Techniques, Saito sensei described Irimi as "Yamabiko no michi" shortly before explaining Shomen Irimi nage in the following pages.

 

This book series presents an unequaled interest to any practitioner and I think one should make the effort to study it in detail. (Obviously that is not enough: the weapons work is almost incomprehensible without a competent teacher who knows the full meaning of the kata).

 

The first surprise with this book about aikido is of course its title: Traditional Aikido, subtitle Sword - Stick - Body Arts. The wording "Traditional Aikido" can now rise a smile as one could argue that the word has become a marketing trick, but in 73, obviously, it meant something precise to Saito sensei who was already facing some degree of uncontrolled evolution from the founder's techniques .

 

The logic of O Sensei's Aikido in Iwama is clearly stated and summarized by Saito Sensei: Aikido is the RIAI, it is the method and principle. Volume 5 deals with this notion constantly. Nothing makes more sense then to discover that the first lesson of Aikido of these five volumes is a weapon lesson: the first chapter is devoted to the sword and the seven suburi.

 

Then soon enough, page 51, the principle of irimi, here: Yamabiko no michi.

 

Irimi-yamabiko

 

We learn that - alas! I do not know its source, presumably O Sensei himself ... - that the principle of irimi, see above: "was considered a secret technique to escape multiple attackers.

The other name is Yamabiko no michi, the path of an echo. When you extend your ki, the ki of the opponent will return to you like an echo you back like an echo. However, you do not receive your opponent's ki  because you have instantly moved to her back".

Followed by two famous doka.

 

O Sensei refers to another doka that caught my attention as perhaps less known but very beautiful and very informative ***

Omokoro or

totachi NASHITA

or naka iku

Ai no kamae wa

Yamabiko no michi

 

English translation

(By John Stevens, The Essence of Aikido, Spiritual Teachings of Morihei Ueshiba)


On this very earth (here and now one is tempted to say)

stand as firmly as a god (for O Sensei this is not only a metaphor but a reality: incarnate the god, let flesh become divine , kami waza ...)

Flourish In The very center (and when it comes to flower in the East how not to think about the lotus, the principle of growth, elevation? / in the center, your center)

The stance of love is (and more precisely, the guard, the kamae of harmony / unification rather than love - a bit too new age for me, sorry)

The Path of the mountain echo

 

Nothing could be clearer icon_biggrin.gif ...!

 

Stand here and now, making your center the place of creation, our guard will operate as an echo.

"When you extend your ki, ki of the opponent you back like an echo."

 

We call and we receive a response.

We initiate and we unite with the response.

 

ct36-02.jpg

 

Tori: Take one step away with the right foot, immediately hit your opponent's face with your right te-Gatana (...)

Uke: Seeking to head off the strike the right arm. "

O Sensei, BUDO p 45/46

 

Instead of waiting for a shomen or any other action we begin.

It's a reflex since we always react quickly to stimuli. The partner/opponent which will easily become our mirror or reflect what we give. A handshake, a smile, a disgust within you / the other will have an immediate echo.

 

Thus we initiate the shomen to attract a response from the opponent.

This way we are able to be with him/her very early in the process, just by taking the initiative ...! So we are never late. We unite immediately, we embrace and cancel the aggressive intentions. Just like in Shomen Ikkyo.

 

That is a major revolution O Sensei achieved, both rational, concrete and symbolic.

 

- Rationally, the strategy to begin will avoid being late or working with our reflexes.

Too often this attitude results in a disaster. Only over trained stand a chance: it is a battle between strength / speed / training. Suffice to say that we will always late, guaranteed. Shomen ikkyo in these conditions? Book a cab for A+E.

(When in feet-fists combat, liberation comes when uke is deprived of the initiative).


This early unification prevents the strenght to grow, to reach us and we can control it with ease. Since we do not oppose it but diverge the force right from the beginning, the strength of the partner no longer exists. This allows even small or  relatively "weak"practitioners (compared to muscular monsters) to be effective without performing physical prowess.

 

- Symbolically, based on a well performed technique, uniting energies will create the possibility of a different relationship with the other, less or non-confrontational.

 

Assume the conflict will help cancel it. This strategy allows to guide and finally cancel the fight.

 

 

We then see that the principle of Irimi is way more than simply enter as often translated. Moreover, it is to create, stimulate the movement of the partner to better control it immediately, take the echo of our gesture and calm this mess in the ukemi.

 

It all started at the beginning. The important thing is at the very beginning. The fight is already over.

 

Today ...

Unfortunately, almost all demonstrations show a omniscient, omnipotent tori dominating uke… waiting to use his technique and make him fly.

 

That implies reviving the old confrontational duality undercover of nonviolence claims, it means reinstalling the invincibility as the central fantasy, it's being deluded about his own abilities of reaction and eventually it condemns oneself to a paranoid training that consists in awaiting uke's aggression.

 

(What do you mean, I push it far ? icon_redface.gif )

 

We often see O Sensei initiating uke's moves with a tiny sign, a nothing, a gesture, an opening - and having reached his level he did not need more these subtle signs... The moment he reacts to that stimulus, Uke is no longer master of its destiny.


Concretely and symbolically Yamabiko no michi is a major concept of Aikido.

 

---

 

As a conclusion, let the master teach.

Beware of micro signs to well-trained ukes: at 0'26, 0'34 it is obvious.

 

 

 


Suburi

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Le blog de Christopher Li, Aikido Sangenkai commence à commence à devenir un classique de la blogosphère et pour d'excellentes raisons. En effet l'auteur apporte une réelle réflexion, des compétences certaines en traduction et une connaissance conséquente du monde dans lequel est né l'aïkido.


Il n'est pas surprenant outre mesure de voir C.Li  et P. Voarino se poser à peu près les mêmes questions au même moment sur les notions de roppo, kamae, etc. Ce qui a déclenché quelques discussions passionnées sur les fora d'Aikiweb et ailleurs, moins passionnantes car trop biaisées par l'affect.


Un des intérêts du blog réside en une série d'entretiens dont celui de Isoyama, uchi deshi à Iwama.


Ces entretiens de vétérans sont fort utiles car ils recèlent des pépites au milieu des anecdotes. L'aïkido d'O sensei est devenu une affaire d'archéologues: pour retrouver le sens de ses mouvements et la nature de son entraînement, il faut parfois déchiffrer des signes devenus presque illisibles. Un grand débat par exemple agite Aikiweb et plus largement l'aikido concernant l'usage par O sensei de la "force interne" (internal power) qui semble une tentative de plus pour comprendre le mystère O sensei comme il y a un mystère Picasso. E. Amdur s'y est essayé, sans résultat probant de mon point de vue

 

***

 

N.B: C'est traduit au plus près du texte anglais quitte à écrire au marteau…

1) Were most of the techniques performed from a seated position ("shikko" / 膝行) at that time?

A: No, first we would do Tai-no-henko, I think that shikko training is something that was developed later. In terms of warm-up type exercises, perhaps there was only Funakogi-undo ("rowing exercise" / 船漕ぎ運動). Then we would begin techniques, and at the end would be finishing exercises ("shumatsu undo" / 終末運動) and Kokyu-ho.


Q. Est-ce la plupart des techniques étaient alors effectuées en position assise (shikko)?


R. Non, d'abord nous faisions Tai no henka, je pense que l'entraînement en shikko est quelque chose qui fut développé plus tard, ultérieurement. En termes d'échauffement, il y avait peut -être Funakogi-undo ("rowing exercise" / 船漕ぎ運動). Ensuite nous commencions les techniques et à la fin il y avait les exercices pour finir ("shumatsu undo" / 終末運動) et Kokyu-ho.

 

Une confirmation de plus que tai no henka est la base, le centre, le principe même de l'aïkido. Il semble qu'il n'y ait pas eu de ce point de vue de coupure technique franche entre Tokyo et la periode Iwama, plutôt une continuité.


J'aime beaucoup cette absence d'échauffement au profit d'une sorte de mise en condition avec Funakogi. Quand au travail en suwari waza, on ne devrait le pratiquer que si le corps y est adapté (Cf. les réflexions de G.Homma sur le sujet, amusantes et édifiantes).


2 Q: How were the techniques named at the time?
A: "Kyo" wasn't used yet, we said things like "Ikkajo" (一ヶ条) and "Nikajo" (二ヶ条). I think that the first time names like "Ikkyo" (一教) and "Nikyo" (二教) were used was when they were used in the first book "Aikido" that was published by Kisshomaru sensei.

 

Q. Comment étaient nommées les techniques à l'époque?
R. "Kyo" n'était pas encore utilisé, nous disions des choses comme "Ikkajo" (一ヶ条) and "Nikajo" (二ヶ条). Je pense que la première fois que les noms "Ikkyo" (一教) et "Nikyo" (二教) furent utilisés fut lorsqu'ils furent utilisés dans le premier livre "Aikido" qui fut publié par Kisshomaru sensei.

 

Passionnant pas vrai?

Cela cadre tellement bien avec les kajos que ça en devient amusant. Kyo ou kajo?
 

3 Q: What did the Founder do for his own personal training?


A: When training alone he would do sword cuts. He would often go shirtless in the summer, but in order to keep his abdomen from becoming chilled he would wear a "haragake" (a Japanese style workman's apron) like Kintarō and swing a thick iron staff ("tetsubo" / 鉄棒).

 

Q. Que faisait le Fondateur pour son entraînement personnel?

R. Quand il s'entraînait seul, il effectuait des coupes de sabre. Souvent il était torse nu en été mais pour éviter de prendre froid à l'abdomen, il portait un "haragake" (un tablier de femme) comme Kintrao et balançait une épaisse barre de fer.

 


4. Q: An iron staff?

A: He'd use various things, but I was told, "It's important to stop firmly each time". It's also important to go quickly, but I was told to first "connect navel to navel" by cutting down to the opponent's navel each time.

 

Q. Une barre de fer ?

R. Il utilisait diverses choses mais il me fut dit "c'est important de s'arrêter fermement à chaque fois". C'est également important de d'aller vite mais je dus d'abord "connecter de nombril à nombril" en coupant le nombril de l'adversaire à chaque fois.


Une barre de fer. CF. Google, c'est grosso modo une masse d'armes. Un furibo.

 

Il va de soi qu'il ne peut pas s'agir de musculation classique, le but n'est pas de faire du muscle puisque la charge maximale n'est pas suffisante pour créer du volume musculaire. Si l'on voulait faire de la viande, on augmenterait les charges, ce qui n'est pas le cas (il s'agit vraiment d'autre chose).

Il ne s'agit pas d'un entraînement nécessairement "dur" même s'il tend à former le caractère et le corps. Sagawa, au détour d'une phrase le mentionne comme un exercice central de son entraînement. 300 000 suburi par an, c'est à peu près mille par jour, ce qui est une base très correcte au suburito, carrément honorable au furibo.


5) Q: "Connect navel to navel"?


A: Meaning that the end of the hilt is facing your own navel, and the tip is towards your partner's navel. This develops a firm match between the line of the sword and the center of the body. O-Sensei would become very angry if we crossed swords like they do in the Samurai movies ("chanbara").

Yes, he'd say, "It's not really that kind of 'chanbara'. Engage them first with your body, not just your hands.". When you got used to it you'd find yourself moving the sword with just your hands and running away, but that was no good - you wouldn't be able to execute a proper Irimi. Connecting with your partner, engaging with the body and entering is the real Irimi. Today most people don't even pay attention while they're doing it, but in times past I think that Irimi was serious enough to be called the secret of Budo.

 

Q. "Connecter de nombril à nombril"?

R; Cela veut dire que la poignée est en face de votre nombril et que la pointe est face au nombril de l'adversaire. Cela développe une correspondance forte entre la ligne du sabre et le centre du corps. O sensei se mettait en colère si nos croisions les sabres comme dans les films de samourai ("chanbara")

Il disait: "ce n'est pas ce type de "chanbara. Affrontez les avec votre corps, pas seulement vos mains". Si vous en prenez cette habitude, vous vous retrouvez à couper avec vos mains et à vous enfuir mais ce n'était pas bon - vous devenez incapable d'effectuer un irimi correct. Se connecter au partenaire, engager votre corps et entrer, ça c'est le véritable irimi. De nos jours, les gens ne font même pas attention quand ils le font mais dans le temps, je pense que irimi était une chose suffisamment sérieuse pour être appelée le secret du Budo.

 

7) Q: What about swinging the sword upwards?


A: It's Kokyu. You don't keep your wrists straight and lift up, you close your armpits and roll your palms inward as you lift up. More quickly than you cut down. This becomes the hands as in Kokyo-ho, and I believe that this connects with everything.

 

Q. Et à propos de l'armé (monter l'arme)?

R. C'est kokyu. Vous ne conservez pas vos poignets droits en soulevant, vous fermez les aisselles et vous orientez vos paumes vers l'intérieur lorsque vous vous montez. Cela donne la même forme de mains que kokyu ho et je crois que cela se connecte avec tout le reste.

 

 

 

... Cela se passe de commentaires. Une dernière citation, un peu moins claire peut-être.

 

Interview with Aikido Shihan Shigenobu Okumura, Part 1 Encountering Aikido in Manchuria


Q: Did you ever see the Founder training by himself?
A: In his later years he would train with a staff, swirling it around over his head, a form of solo Misogi. I think that this was O-Sensei's individual training.

 

Avez-vous vu le Fondateur en train de s'entraîner seul?

Dans ses dernières années, il s'entraînait avec un bâton en le faisant tournoyer au dessus de sa tête, une forme de misogi en solo. Je crois que c'était l'entraînement personnel de O sensei.

 

***

 

On pourrait sans doute multiplier les citations en cherchant dans les interviews. Il y a peu et beaucoup à dire sur les suburi. Au bout de quelques années, tout devient progressivement plus clair mais en parler sans avoir expérimenté ne sert pas à grand chose. Il est temps que je m'y remette d'ailleurs. Ca réchauffe en hiver ;-)

 

 

Nidan

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"Hey machin, tu le passes quand ton deuxième dan de Van Gogh?

"Bah, chais pas… faut d'abord que je passe mon BF de Cézanne…"

 

 

Comment devient-on Van Gogh? (ou O sensei ?)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai passé pas mal de temps devant ce tableau histoire de comprendre comment il s'y était pris. Un truc m'a fait rire. Vincent a d'abord peint le fond bleu/vert du ciel en couleur assez maigre et ensuite, hardi petit, il a attaqué les branches et fleurs.

 

C'est un vrai beau grand travail de dingue. A plusieurs endroits, si on isole un détail on déchiffre un fourmillement de gestes et de signes cabalistiques qui sont loin d'une écriture "classique", "dénotative" bla bla. Pas banal.

 

C'est plutôt une façon de creuser l'objet, d'aller tripatouiller la matière de l'objet avec la matière de la peinture. C'est chaotique par endroits. C'est impressionnant de "maîtrise" au sens où il sait ce qu'il fait et pourtant il cherche. Il trouve dirait Picasso. Son analyse visuelle et graphique reproduit la vie intime de son sujet. En vérité, il crée un double de cet objet et non une simple représentation… Il crée de la vie.

 

Et puis une fois bien avancé, il lui a fallu ajouter du bleu entre les branches parce que la couleur avait bien sûr pâli par contraste avec les fleurs et branches peintes sans doute en demi gras direct. Il a rajouté de la pâte et c'est visible et on s'en f.... Bref, le piège du débutant. Pas le genre de bourde qu'auraient commis Monet ou un de ces peintres bien formés…

 

Mais voilà, Vincent n'a travaillé que dix ans. Et il n'a pas bénéficié de la rigoureuse instruction des Beaux Arts, juste quelques ateliers et pas bien longtemps. "Ils m'énervent et je sens que je les énerve" dit-il à Théo dans une lettre. "Faudrait que quelqu'un m'explique la perspective" écrit-il en substance vers ses vingt ans... 

Son maître, Monsieur Mauve, lui offrit une boîte de peinture. Un genre de shodan… Sauf qu'il n'a jamais passé de show-dan. Auparavant il avait couru deux ans les routes du Borinage dans l'espoir d'être pasteur, sans manger presque, de la viande le dimanche et encore. La boue collée aux croquenots. Jésus au coeur, pas dans le missel.

Et puis la peinture l'a rattrapé et désormais on ne peut même plus dessiner de tournesols sans avoir envie de rire.

 

 

Hey machin, tu le passes quand ton nidan de Van Gogh?

 

 

 

 

Et... hop !

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Cette vidéo est assez célèbre désormais car l'un de ses protagonistes, Takanoyama est un cas à part dans le monde des paris truqués, pardon, du Sumo. Ce combattant Tchèque part avec un désavantage certain puisque son poids joue régulièrement en sa défaveur (1m85, 98 kgs de viande, bel athlète quand même…). Il se fait prendre d'ailleurs des piles magistrales par de plus lourds que lui. Ainsi il doit compenser son manque de poids par des technique plus variées.

 

L'intérêt de cette séquence est qu'elle est issue d'une expérience et non d'une théorie plus ou moins validée. C'est du vécu, du sparring, de l'application et à partir de là on peut remonter au principe. La situation ici est d'autant plus intéressante que cette garde pieds parallèles ("carrée") est encore plus désavantageuse que celle d'un aikidoka qui a une garde triangulaire hito e mi (dans l'idéal mais ce n'est pas une garantie, surtout en cas d'attaque surprise).

(Ca fait bien rire mes gamins)

Et... hop !

Dès que Takanoyama pose ses poings au sol, son adversaire s'élance. Il s'expose clairement, presque comme une cible, un leurre. Une de ces fameuses ouvertures pièges?

Et... hop !

Takanoyama va chercher à 45 ° en avant à droite de l'adversaire. Pour ce faire il se décale par une poussée de la jambe gauche tandis que la droite reste très légère pour ne fournir par la suite qu'un pivot, un point infime. Sa main est sans doute déjà en train de se préparer mais l'angle la cache.

Et... hop !

La voilà qui apparait et qui se positionne. On voit que la jambe gauche décolle du sol pour effectuer un tai sabaki / pas chassé en bonne et due forme. On pourrait dire que c'est le haut du corps qui pilote l'action et que c'est le bas du corps qui l'actionne. Si ce n'était qu'un mouvement d'épaule, le bassin ne pourrait s'effacer et il se prendrait la charge plein cadre. On voit bien le bassin qui s'efface en reculant pour laisser passer la masse, ce qui serait moins prononcé face une arme (plus fine).

Et... hop !

C'est encore plus flagrant sur ces deux images dans lesquelles on voit bien la jambe droite s'avancer en pas chassé pour permettre à la jambe gauche de s'effacer grâce au pivot du bassin.

A cet instant il a les deux pieds décollés du sol avant que sa jambe droite (avant en quelque sorte) ne se pose et fournisse le seul point d'appui et un pivot. Le pivot est presque entièrement créé par la dynamique du corps même si en définitive il est matérialisé de façon claire par la jambe droite en fin de parcours. Son poids est sans doute très proche de zéro, il n'existe plus: toute l'énergie de son mouvement de son corps accompagne la trajectoire de son adversaire, en vérité il utilise aiki, il fait s'additionner les deux forces…

 

(Cela ressemble au coup droit des meilleurs en tennis lorsque le joueur a les deux pieds décollés du sol: le mouvement est initié par la jambe arrière et se termine en avant après un quart de cercle dans lequel la jambe réalise le replacement).

 

Point intéressant: à cet instant la jambe gauche (arrière) est encore sur la ligne d'attaque - au moment même où la main accomplit son travail. Si l'on pense à migi hidari, le parallèle avec le sabre devient pertinent: la coupe du sabre s'effectue dans ce temps de pivot alors que la jambe arrière n'est pas encore effacée. Elle s'efface bel et bien en fin de mouvement parce que la rotation à laquelle elle participe l'exige. mais en revanche elle n'a pas vocation à trainer sur place… (enfin je ne m'y risquerais pas).

Et... hop !

Très clairement, sa jambe gauche (devenue arrière par rapport au sens de l'action) ne lui sert plus à grand chose sinon à contribuer au pivot en donnant plus de cinétique (mais c'est un tout évidemment). L'axe de son corps est pied droit / hanche droite / milieu de la colonne vertébrale au milieu de la ceinture scapulaire.

 

La coupe au sens de action sur l'adversaire est achevée depuis longtemps, game over.

 

Le reste est anecdotique mais savoureux… ;-)

Et... hop !

Il est intéressant de noter que son pied gauche n'est toujours pas au sol, preuve qu'il n'est pas nécessaire de l'ancrer à cet instant - ce qui serait nécessaire dans un travail ferme ne l'est plus en dynamique.

 

 

Il y a quelques enseignements à tirer de ce combat (et tous les commentaires sont les bienvenus, sisi).

 

- La force ne sert pas à grand chose. Même si son opposant lui fournit dans le cadre de cet affrontement l'essentiel de l'énergie nécessaire, sa simple disparition lui permet de faire s'additionner les forces et de se débarrasser du problème. En quelque sorte c'est l'exact opposé d'un mouvement kotai ferme où l'on doit dépenser un maximum d'énergie pour pouvoir bouger le partenaire. En ce sens, il est inutile de chercher les positions de force maximale alors que la tactique la plus durable est sans doute de chercher l'effort minimal (même la Joconde subit les outrages du temps… a fortiori les pratiquants qui inévitablement verront leur puissance diminuer…).

 

- La jambe arrière n'est motrice qu'au départ de l'action. La jambe directrice, la jambe qui va gouverner le pivot en lui fournissant son axe est la jambe avant. En ce sens elle dirige l'action quand la jambe arrière fournit la puissance brute. D'ailleurs celle-ci disparait bien vite lorsque sa fonction est épuisée pour accentuer le mouvement en donnant plus d'énergie cinétique au mouvement, guère plus. Penser que l'on pourra effectuer un large demi tour en utilisant la jambe arrière comme moteur de l'action, en la lançant pour pivoter à 180° est une pure illusion, de même qu'espérer que uke va suivre le demi tour (sauf pour la valeur pédagogique d'un exercice)…

 

- l'instant de coupe (juste avant que la jambe arrière ne s'efface) ne signifie pas que c'est la jambe arrière qui gouverne l'action à mon sens mais que que les deux jambes ont leur rôles spécifiques et complémentaires.

 

- Irimi. Grâce aux lignes sur le sol on voit clairement qu'il a avancé en allant chercher un angle de 90° en avant.

Cette action permet un tenkan efficace et d'un certain point de vue exprime irimi tenkan de façon exemplaire: déplacement de la hanche qui crée de la rotation.

 

Stratégiquement c'est également intéressant:

 

- l'ouverture initiale, l'appel de tout le corps en position ouverte

 

- le déplacement dans l'angle mort (limites du triangle de force)

 

- et surtout cette notion de disparition qui devrait parler aux pratiquants.

 

Même s'il est important lors du travail kotai de générer des forces conséquentes (construction et prise de conscience des appuis / leviers, etc.) et donc de chercher les moyens biomécaniques de les générer, la donne change en dynamique (jutai). Ce que semble révéler le travail kotai mais aussi les suburi ne disparait pas en dynamique mais s'adapte, se simplifie tout en conservant la logique pour pratiquer l'esquive, disparaître…

 

L'esquive comprise non comme un simple pivot passif mais comme une action dynamique, permettant non de contre attaquer mais d'attaquer, purement et en l'occurrence... simplement.

Transparent power 3 - Shugyo.

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Troisième partie de la fiche de lecture consacrée à Transparent power: l'entraînement selon Sagawa sensei…

 

10-1

 

 
Je me répète: je crois qu'il est important de lire et relire cet ouvrage pour bien intégrer sa logique.
 
Attention, le maître de l'école Daito met la barre assez haut.


Dans la partie précédente, nous tentions d'analyser ce que pouvait bien vouloir signifier ce mot d'aiki, reprenant en cela le plan des deux parties majeures du livre mais cette définition est inséparable selon lui de la méthode pour l'acquérir et le cultiver: l'entraînement, la formation, le conditionnement physique donc mental. Explication de texte par Sagawa sensei du mot shugyo...
 
Votre vie entière est un camp d'entraînement.


Il est important de s'entraîner chaque jour. Vous devez construire votre corps comme une forteresse.
 
Je ne cite que ces phrases (fortes) mais il répète cela constamment: l'entraînement doit être quotidien, si possible sans rater une seule journée.


Pour Sagawa sensei il n'y a simplement pas d'autre solution. O sensei je crois dans une interview parlait d'un entraînement de fou, on ne saurait mieux dire.


Ainsi vous construisez le corps en vous entraînant. Un entrainement intermittent, même intense est complètement inutile. Vous devez pratiquer chaque jour pendant toute votre vie, ceci et ceci seulement constitue l'entraînement véritable ou shugyo.
Sinon vous ne comprendrez rien...


Pour lui le travail technique sur les formes est important mais il est inutile si le corps n'est pas transformé, conditionné - métamorphosé presque - sur le long terme.


1. Pratiquer seulement la forme n'est d'aucune utilité. Vous devez construire votre corps. Plutôt que vous concentrez sur des techniques complexes, concentrez vous sur les bases! Construisez votre fondation, spécialement vos jambes et vos hanches.


2. Même si vous vous arrangez pour vous entraîner chaque jour en essayant différentes approches, cela vous prendra vingt ans que votre corps soit suffisamment conditionné. Et si votre corps n'est pas convenablement entrainé, votre technique ne fonctionnera pas vraiment. Si vous vous entraînez chaque jour de votre vie, vous serez complètement transformé.

Cela n'a d'ailleurs rien à voir avec la masse musculaire (bonne nouvelle….):


Vers 20 ans j'ai fait de la musculation comme un body builder mais ça n'aide pas pour la technique alors j'ai changé de façon de penser.  


On parle bien de force pourtant, de puissance mais pas de muscles… Et cette force est absolument nécessaire selon lui.


Il est important de faire des exercices qui endurcissent / renforcent le corps, plus que ceux qui accroissent la souplesse. La souplesse est bonne lorsque vous êtes devenus fort.
Bien sûr si vous comprenez le principe, vous devriez être capable de l'exercer sans sans beaucoup de force mais vous manquerez de tranchant, de pêche (drive)- il vous manquera une certaine intensité.


 Ce qui ne veut pas dire que la souplesse soit inutile…


Vous devez aussi rendre votre corps flexible (souple). C'est nécessaire).

L'essentiel ne se passe pas dans les bras mais plus bas…


Vous devez vraiment développer vos hanches et vos jambes. Renforcez vos jambes et vos hanches si vous les croyez faibles.
Vous vous apercevrez que les réponses émergent d'elles-même.


A la fin vous trouverez qu'affrontez des gens bien plus forts ne vous est pas un problème.


Une personne avec des hanches et des jambes sous-développées tend à se fier à la force des épaules.


Quelqu'un qui bouge doucement a le potentiel de devenir bon.


Une personne rigide et tendue est d'emblée sans espoir.


Vous devez construire dans vos hanches et vos jambes les muscles aux bons endroits. Pour cela vous devez vous entraîner tous les jours.
 
Sagawa sensei le répète à de nombreuse reprises: l'essentiel se passe dans les hanches et les jambes.

Ce travail physique a ceci d'unique qu'il forme aussi l'esprit.


Sagawa sensei affirme plusieurs fois que le travail sur le corps renforce le cerveau en tant qu'il est un élément du corps. Il influe bien sûr la technique elle-même, non parce qu'on peut mettre plus de bras mais parce que la technique ne se manifeste qu'au travers du corps.
Au fur et à mesure que je renforce (" to temper") mon corps, mes techniques se développent naturellement.


Quand vous renforcez votre corps, il change et de nouvelles pensées émergent.


Il influe également sur la force mentale, l'esprit et donc sur l'aptitude au combat car pour lui l'esprit mène le combat (à développer dans la partie suivante: stratégies…).


Vous ne progresserez pas si vous ne développez pas votre corps. Quand votre corps est établi (settled) la puissance de votre esprit est renforcée.


D'où un entraînement très éloignée de la muscu qui isole les muscles: vous devez créer le hara dans le mouvement.
J'aime beaucoup cette notion de créer le hara, ce fut ma sensation la plus agréable lorsque j'ai commencé l'aikido.


On peut presque dire que pour Sagawa sensei ce travail influe sur la biologie, sur le cerveau en tant qu'organe… Il affirme que le cerveau bénéficie de ce travail en restant en forme plus longtemps.
Dieu merci il y a de l'espoir (je pense à mon père qui faisait cet été du trempoline à 83 ans...).


Vous pouvez gagner du muscle même après 70 ans. Si vous construisez votre corps avant cet âge, même si vous avez 80 ans comme moi, votre corps ne se détériorera pas.
Vous devez commencer n'importe quand si vous l'avez décidé. J'ai 80 ans maintenant mais si j'apprenais qu'il est mieux de pratiquer tel ou tel exercice, je commencerai.
 
L'exemple qu'il donne: lui-même…


Une personne qui s'entraîne une dizaine de fois par mois ou qui vient de loin semble manifester du zèle. Pourtant mon zèle est d'une essence différente tant en qualité qu'en quantité.


Personne n'a travaillé plus que moi. C'est comme ça. Nous vivons des temps différents. Ce temps n'est pas de ceux qui produisent des maîtres.


J'ai consacré beaucoup d'efforts pour arriver au point ou j'en suis. Je n'en suis pas arrivé là par accident/hasard. je suis devenu capable de faire ce que je fais petit à petit, grâce à une longue période d'entraînement et d'étude.


Si vous n'êtes pas sérieux à mort (dead serious) et obsédé par cet art, vous ne serez pas capable de faire aiki.


Dans mon cas j'ai travaillé comme un fou (like crazy) et j'ai eu ce désir brûlant de l'atteindre en dépit de tout.


Si les gens connaissaient mon entraînement quotidien (mes routines) ils seraient étonnés (abasourdis).


Le livre est très discret sur ces routines car Sagawa sensei s'entraînait seul (comme O sensei bien souvent), on glane au fil des pages quelques informations: des haltères traditionnels, des séries de pompes et d'exercices calisthéniques dont l'unité de compte est … le millier.


Et 300 000 suburis par an soit une heure par jour...


Chaque jour je pratique 24 entraînements (des routines). En plus de ça je soulève le suburito 300 000 fois par an..


Ce n'est qu'en pratiquant une série d'exercices pendant de très nombreuses années que vous pourrez à la fin en comprendre l'efficacité.


Là encore il ne faut pas espérer de recettes de la part de Sagawa Sesnei qui considère que l'entraînement est une affaire individuelle, qui demande à l'individu de la persévérance, une forme d'obsession, une rage de dépaser soi et les autres. Le succès est une affaire individuelle.


Je ne pense pas qu'il faille nécessairement copier ce que j'ai fait. Chaque personne a sa façon de penser, chaque personne est différente. Si vous êtes enthousiaste vous les découvrirez vous mêmes.


Si je m'en étais tenu à ce que m'a enseigné Takeda sensei, je ne serais pas devenu ce que je suis aujourd'hui, je suis allé aussi loin parce que j'ai continué à penser, étudier, raffiner et développer mes techniques.

Conclusions sur l'entraînement.


Le traducteur utilise souvent le terme de "hardship", dureté des conditions de vie, épreuve, souffrance. Nul doute que pour Sagawa sensei, l'entraînement ne peut être trop dur ni trop intense. On a là le point de vue de celui qui a voué à vie à son étude. Le sens de michi sans doute.


Que cherche concrètement Sagawa sensei à travers cet entraînement?


J'espère que les plus calés en physio vont prendre la peine de laisser un commentaire pour nous aider à mieux comprendre.


Selon moi, au point où j'en suis…:  il s'agit pour lui de trouver la ligne pure, la ligne sans angles, sans hésitations, sans tâtonnements. Arriver à cette sensation intime qui dit: la coupe / l'action est ici, pas besoin d'y réfléchir, à l'instant propice je concentre cette énergie accumulée, cette précision, ce concentré de concentration… un million de suburis plus tard et la ligne est devenue une copine familière.


Quantité de parallèles sont possibles: je pense au trait de crayon de Picasso (100 000 oeuvres à la fin de sa vie, des dizaines de milliers de dessins et d'études... qui a vu son dernier autoportrait ?).

En tout cas si on le croit, il est temps de s'y mettre…



Prochain épisode: Stratégies et enseignement

Transparent power 4 - Stratégie et combat

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Quatrième volet de la suite de posts sur Sagawa sensei.   

 

 

 

 

photo-28-

 

 

En dehors des grands thèmes, on trouve dans le livre quantité de petites remarques très intéressantes, amusantes. Elles dessinent un portrait assez savoureux de Sagawa sensei, à la fois ironique, caustique, fataliste, plein de passion. Sans doute un rien solitaire.

 

J'encourage vraiment à le lire. Les premiers articles tombaient sous le sens, en suivant le plan du livre: la "définition" de l'aiki, l'entraînement shugyo sont les deux pans majeurs du livre.

 

Un des aspects un peu caché de ce livre réside dans de toutes petites phrases qui mises bout à bout deviennent intéressantes (à moins qu'elles ne trouvent un écho dans mes préoccupations du moment ;-) et qui concernent l'enseignement et le combat, deux thèmes d'apparence éloignés mais intimement liés.  

 

Il faut bien noter que tous ces aspects sont connectés dans l'esprit de Sagawa sensei: l'entraînement, l'aiki, le combat, l'enseignement sont autant de facettes d'une vie: on ne les distingue que par commodité. Le professeur apprend, continue à progresser mais ne peut être professeur que parce qu'il a atteint un nouveau suffisant par son entraînement, etc.   La transmission, l'enseignement.  

 

On ne retrouve pas chez Sagawa sensei une "méthode" commune à de nombreux experts qui considèrent que l'apprentissage consiste essentiellement à répéter un geste jusqu'à temps que l'individu l'habite de l'intérieur.   

 

On ne peut se cantonner à reproduire la forme, il faut faire l'inverse:

 

Quand vous mettez une bonne dose de travail dans la substance plutôt que dans l'apparence alors le résultat est une belle forme.

 

Même si pour lui expliquer ne sert pas à grand chose:

 

Traditionnellement un sensei ne faisait que montrer. Il ne vous aurait jamais pris la main pour vous enseigner. C'est pourquoi chacun s'entraînait désespérément et essayait d'absorber les leçons. 

 

C'est à l'élève de travailler. Ce qu'on appris par soi-même est appris pour toujours.

 

Le professeur (ou sensei si vous êtes puriste) n'est pas là pour expliquer mais pour montrer.   

 

Peut-être est ce parce que je vous en montre trop que vous ne pouvez devenir compétent.

 

On rejoint le propos sur l'entraînement: personne ne peut faire les sacrifices à votre place, personne ne peut vous épargner le travail, vous devrez d'une certaine façon vous accomplir seul. Cette culture est fortement imprégnée de yoga et de bouddhisme: l'être doit se révéler à lui-même, l'individu doit devenir sa propre oeuvre.  

 

Enseigner n'est pas insignifiant pour Sagawa sensei qui répugne à divulguer ses secrets et d'abord pour des raisons pratiques…

 

Garder ce bujutsu secret en sauvegarde la force. Il est totalement différent des autres arts parce que nous savons quelque chose que les autres ne savent pas. SI vous enseignez à tout le monde alors les étrangers auront un avantage naturel.  

 

Vous devez comprendre ma répugnance à divulguer quelque chose que j'ai acquis au prix d'un travail dur et obsessionnel.   

 

Quand on parle de combat réel, vous ne pouvez vous offrir le luxe d'en révéler trop par votre enseignement. Nous pouvons battre des hommes forts (big people) parce que nous avons un secret que les autres n'ont pas.

 

C'est raisonnable de conserver quelques secrets. Si vous ne possédez pas quelque chose d'unique, alors vous serez battus. Vous devriez même vous entraîner en secret et n'en parler à personne.  

 

 

Arrivé à 90 ans, j'ai finalement décidé d'enseigner ce que je sais. (lisez le livre pour savoir pourquoi ;-)  

 

Enseigner pour lui est une démarche profonde, impliquée:  

 

Je crois que la nature fondamentale d'une personne ne change pas, c'est pourquoi je refuse d'enseigner à quelqu'un qui a une mauvaise personnalité.  

 

Ma méthode d' enseignement ne me permet pas d'enseigner à des foules. Je ne peux enseigner à des multitudes sans me compromettre de multiples façons.   

 

Enseigner, transmettre est un engagement considérable pour Sagawa sensei qui a sans doute consacré beaucoup de réflexion au problème. Sa conclusion est dure mais en définitive assez compréhensible: on ne peut enseigner si l'élève n'est animé d'un désir profond, s'il n'a pas entrepris une quête.

 

L'élève doit apprendre de lui-même, désirer et chercher avec acharnement. Le travail de fou de formation du corps est en soi un défi pour l'esprit. Les épreuves, la douleur physique et mentale, les blessures: le budo est un voyage que l'on entreprend pour soi-même (l'opinion des autres personnes n'est pas pertinente / irrelevant) avec des compagnons de route et des anciens qui connaissent une partie du chemin.   

 

Le bujutsu n'est pas quelque chose qu'on peut seulement vous apprendre. Vous devez le saisir et le capturer pour vous-mêmes (pour le garder). Vous devez réfléchir et développer quelque chose qui vous est propre.  

 

Ceci lui fait avoir des mots assez durs pour les élèves passifs et les bornés. Mais au fond on sent qu'une seule chose l'irrite: la passivité, l'absence de désir.  

Globalement, cette vision est à mon sens très proche de celle d'O sensei qui a laissé faire bien des choses et bien des gens dénaturer ses techniques à tel point qu'un jour, s'énervant très fort de ce qu'il avait vu à Tokyo, il envoya Saito sensei enseigner le dimanche matin. Il a laissé les gens aller vers leur destin, confiant sans doute à Saito sensei le soin d'élaborer une méthode. Il savait que quelque chose passerait car quelque chose passe, passera toujours.   

 

La dureté de cette méthode qui voit peu d'élus réussir (au passage) possède pour mérite de bien préparer au but de tout entraînement: le combat ou l'absence de combat, l'épreuve, Alcor, bref LE moment.  

 

Stratégie(s) et combat  

 

Existe t-il une stratégie selon Sagawa sensei ? Pas de façon explicite au sens où il préconiserait telle ou telle action (en dehors des quelques conseils sur le relâchement - pour le reste, il faut apprendre le curriculum de l'école Daito…). Il s'agit plutôt d'une attitude mentale qui prend sa source dans l'entraînement.  

 

Evidemment il ne regrette pas ses jeunes années de bagarreur:

 

Je suppose que vous pourriez dire que j'étais fou cinglé quand j'étais jeune. Vous devez l'être et devenir graduellement plus sensé (raisonnable) quand vous vieillissez.  

 

Mais bien au-delà, une fois dépassé ce stade infantile, il s'agit d'affermir l'esprit, de le conditionner comme on conditionne son corps, l'un et l'autre allant de concert.   D'abord ne s'autoriser aucune faiblesse, non par forfanterie ou déni mais parce que l'entraînement commence là et cette attitude apporte de nombreux bénéfices.  

 

Nous avons tous peur de quelque chose. Le fait de ne jamais l'exprimer nourrit / cultive votre esprit. Si vous dites que vous ne pouvez pas faire quelque chose, vous tendrez à accepter ce fait et vous perdrez votre vigueur mentale. Vous devriez avoir la force de serrer les dents et persister. Cela s'appelle Yamato-damashii, l'esprit Japonais.  

 

Nous avons tous des faiblesses, vous devez les surmonter, les supporter et vous empêcher de les laisser s'exprimer. Seul un idiot (a fool) ne reconnaît pas ses vulnérabilités mais vous ne devez jamais les annoncer. Si vous ne pouvez pas les endurer jusqu'à la mort, vous ne serez pas en possession de votre puissance.  

 

Mon intention brûlante de n'être jamais vaincu m'a permis de persévérer avec mon entraînement  solitaire et tortueux.   Vous devez vous dire que vous ne laisserez jamais quiconque vous battre, ensuite vous devez appuyer cette conviction avec l'entraînement.

 

Les formes de vos techniques doivent être armées de votre intention de défaire votre adversaire.   

 

Ensuite, Sagawa sensei énonce ce qui semble une évidence mais qui conditionne tout le reste: il faut être prêt à chaque instant. Au fond le budo est l'inverse du sport. Au lieu de s'entraîner pour être prêt un jour donné, on s'entraîne pour être prêt n'importe quand.  

 

Peu importe ce qui se produit, peu importe l'homme fort qui se présente, vous devez être préparé à la bataille avec le pouvoir de l'esprit et un corps conditionné. Vous ne savez pas ce qui va se passer alors il n'y a pas de place pour l'orgueil ou la fierté.  

 

Soyez prêts au combat à n'importe quel moment. Vous devez être capable d'entrer dans le combat sans effort et avec un esprit calme. Cela ne devrait paraitre une affaire importante.  

 

Et cette capacité à accepter l'instant est entièrement et exclusivement une force de l'esprit, nourrie par le travail corporel, émotionnel, rationnel. (Très franchement, je ne sais pas ce que veut dire le mot spirituel alors je l'utilise, faute de mieux, pour traduire spirit mais le mot de mental me convient bien aussi).

 

Si vous accumulez beaucoup de pratique / d'entraînement alors dans un vrai combat vous n'aurez aucune peur.   Peu importe combien s'entraîne une personne au coeur faible, dans la chaleur du combat, elle sera sans espoir. Quand arrive l'heure du vrai combat, il s'agit de couper ou d'être coupé. Si vous êtes timide vous serez coupé dès le départ.  

 

A la fin toute est affaire de pouvoir (power, pouvoir, puissance) spirituel, (de l'esprit / mental), vos actions refléteront le reflet de la force de votre motivation… dans le combat la force de l'esprit est cruciale.   

 

En définitive, tout se résume à une bataille entre des âmes (et non deux âmes, ce qui est réducteur, notamment en nombre…).   

 

Votre technique et votre esprit ne doivent faire qu'un. La technique doit être effectuée avec du pouvoir spirituel, à la fin tout est histoire de puissance spirituelle (de l'esprit, du mental).

 

C'est vraiment comme la pratique d'un art qui crée la vie de l'esprit  

 

Cela dit la technique est tout de même fondamentale: 

 

Peu importe à quel point l'esprit est fort, peu importe à quel point vous vous êtes préparés à rencontrer votre mort, si vous n'avez pas de technique, vous ne réussirez qu'a vous faire tuer.   

 

L'esprit nait dans la technique, si la technique n'est pas bonne alors le coeur non plus.   

 

On rejoint ce qu'il ne cesse de répéter à propos de la technique et de l'entraînement: répéter une forme absurde ne sert à rien.   Et pour cela prenez les choses au sérieux, semble t-il dire.  

 

Dans mon dojo on pratique pour le combat réel et rien d'autre. Vous ne devez pas vous entraîner avec l'attitude que vous ne faites que pratiquer. Pensez en termes de combat réel.   

 

Ce qui implique de toujours progresser, toujours chercher. Petite pique au passage:

 

A la différence des écoles d'aikido, dans mon dojo, vous ne pourrez plus continuer à projeter les débutants si vous ne continuez pas à progresser.    

 

Transparent power 2. Aiki.

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SAGAWAsenseismall

 

 

Des mains évidemment puissantes...
 
 


Deuxième partie tout entière consacrée à la définition de "aiki" selon Sagawa sensei
Encore une fois je recommande vraiment d'acheter ce livre car la lecture permet aussi aux mots "d'infuser".


J'opte volontairement pour une traduction très littérale car du Japonais à l'anglais, la traduction a déjà du faire des ravages, inutile d'en rajouter. La traduction du japonais au français va donc être un tour de force.
 
- L'aiki donc…


D'abord la définition selon Tatsuo Kimura, en première page du livre.


Une technique effectuée par l'harmonisation de l'énergie qui surpasse les autres techniques utilisant la force et la manipulation des articulations. Avec une compréhension profonde de Aiki, il est possible pour une petite fille de défaire un homme fort.

Sagawa sensei ne cache pas la difficulté, voire l'impossibilité d'expliquer ce qu'est l'aiki (on se demande parfois s'il ne prend pas un malin plaisir à repousser les étudiants ou les aspirants… plus sûrement il a dépassé la langue de bois ou commerciale).


On sent même parfois une sorte d'élitisme un rien cynique, d'autres diraient nourris par l'expérience: une personne stupide ne peut absolument pas faire aiki ( to do aiki)...


Même pour les talentueux, il est impossible de faire cela avant 20 ou 30 ans. Et pour ceux sans talent c'est absolument impossible.


... No comment.

 

Sagawa sensei mentionne plusieurs fois que les explications orales lui semblent inutiles. On reconnait là un classique de l'enseignement traditionnel. Mais il ne s'agit pas d'une défiance par rapport à tout enseignement ou toute pédagogie, il s'agit seulement pour lui de la conséquence naturelle d'un fait bien simple: très rares seront les élus. Comprendre et maîtriser l'aiki sera le privilège de quelques happy few...
 
D'un autre côté il ne ménage pas ses efforts et comme il le dit lui-même, enseigner c'est finalement donner des indices. Mettons-nous sur la piste.

 
Sagawa sensei passe un temps considérable à expliquer l'aiki et ce qu'il n'est pas.
Il est courant de lire un peu partout que les mots en budo ne servent à rien. Ce qui tendrait à signifier que si les mots sont impuissants alors la pensée qu'ils expriment ne sert aussi à rien. Or, au fond Sagawa sensei dit strictement l'inverse à son élève: selon lui il faut penser, il faut ré-flé-chir.


Sagawa sensei nous donne d'ailleurs une sorte de chemin, presque un mode d'emploi, bien loin d'une exploration indicible et informulée.

 

Certes l'étincelle initiale n'est pas de l'ordre du verbe mais de la sensation:


L'aiki n'est fondamentalement pas quelque chose que vous pouvez apprendre en écoutant quelqu'un vous l'expliquer. C'est quelque chose que vous devez saisir de vous-mêmes en pensant à la sensation quand vous êtes projeté avec l'aiki et faire devenir lentement vôtre.
L'aiki demande un éveil, une épiphanie.

 

Parce qu'il est une inspiration, un génie peut le comprendre immédiatement alors que ceux qui ne sont pas très brillants auront le plus grand mal quels que soient leurs efforts. On ne peut pas enseigner aiki.

 

On peut donner des indications mais on ne peut l'expliquer oralement.
 
Ensuite tout est travail et réflexion personnelle, tout est pensée et effort.


Sagawa sensei passe un temps considérable à expliquer que cette découverte initiale doit ensuite être étayée, travaillée, explorée durant toute la vie. Car un peu paradoxalement:


C'est pourtant quelque chose que tout le monde peut réaliser si vous comprenez le principe et que vous entraînez pendant des décennies.


Et ceci demande un travail conscient:


C'est notre cerveau qui nous rend supérieurs aux animaux. A la racine de tout progrès se trouve le désir d'évoluer, de grandir.

 

Le vrai progrès n'est possible qu'en réfléchissant et en reconsidérant (remettant en question, en cause) l'art et les techniques. Il est important d'analyser continuellement, sans relâche..

 

Le secret est de toujours toujours continuer à réfléchir. La raison pour la quelle les gens ne deviennent pas efficaces ou ne deviennent pas forts est qu'ils ne contemplent pas. La réflexion doit devenir partie intégrante de votre vie.


Le budo n'est pas indicible, il n'est pas (que) pure sensation physique: il est aussi affaire de pensée, de réflexion. Si on écoute Sagawa sensei, la réflexion est même un moteur fondamental.

 

L'absence de réflexion est pour lui la source de tous les maux:


Votre problème est que vous ne pensez pas par vous-mêmes, vous voulez qu'on vous enseigne. Peu importe à quel point on vous enseigne, vous oublierez tout très vite. Mais quelque chose que vous avez acquis par vous mêmes et avez lutté pour obtenir restera en vous, vous ne l'oublierez jamais. En d'autres termes enseigner n'est rien de plus que de donner les bons indices. L'étudiant doit comprendre par lui-même.

 

Il répète ce fait à l'envi: il a atteint son niveau en allant jusqu'au bout de la réflexion, en utilisant toutes les ressources de son esprit. Et bien souvent il utilise le mot comprendre et non pas saisir ou voler la technique:

 

bien des nuits je suis resté éveillé, réfléchissant en profondeur.


Et de la connaissance naît d'ailleurs des opinions bien tranchées...:


Quand vous parviendrez à comprendre aiki, aussitôt que quelqu'un parlera du "flot du ki", vous comprendrez qu'il ne sait rien. Si vous adoptez la perspective que l'aiki est le flot du ki, vous n'irez nulle part quoi que vous fassiez.


Cette optique est étonnamment rationnelle et je dois dire que c'est une des (agréables) surprises du livre. Pas de magie ici, pas de pouvoirs surnaturels. Pas de grand kiki. Une compréhension, une révélation presque, et beaucoup, énormément de travail.


Ce n'est pas le ki ou quoi que ce soit de spirituel. Takeda sensei l'appelait Aiki no jutsu, ce qui montre bien qu'il le considérait comme une technique. Les gens disent que c'est le ki mais ça n'a rien à voir. L'aiki n'est pas mystérieux. Il est fondé sur un principe réel.
 
 
Au fait c'est quoi l'aiki? Comment ça marche?


Hélas, ce n'est pas visible ni reproductible si facilement...

Vous pouvez regarder tant que vous voulez, aiki ne peut pas être compris en regardant la forme extérieure.
Vous rendez votre adversaire impuissant par une action interne qui n'est pas visible de l'extérieur.


Il semble que la plupart des gens dans cet art essaient de copier la forme en croyant que, tant qu'ils copient la forme, ils s'entraînent correctement mais ce n'est pas du tout ça. Ce qui est vraiment important ne réside pas dans la forme mais dans quelque chose où la forme n'apparait pas.

Alors? Je vous laisse lire:


Peu importe la force que vous utilisez (…) tout ce que j'ai à faire est de bouger d'une fraction de centimètre et l'adversaire ne peut plus utiliser sa force.


L'aiki projette une personne lentement et calmement, les chutes bruyantes et flashy / spectaculaires servent à impressionner les gens de l'extérieur.


Je suis fort parce que je bouge.


Je peux identifier le point faible de l'adversaire presque immédiatement parce que j'ai complètement relaxé/relâché mon corps.


Je ne m'oppose pas à la puissance de mon adversaire. J'utilise mon pouvoir concentré à l'instant absolument critique, le reste du temps, je n'utilise aucune force.


Par l'entraînement, j'ai conditionné mon corps pour n'être influencé par aucune sorte de force.


Vous n'avez pas besoin de force, ce n'est pas nécessaire.


Le kuzushi, déséquilibrer l'adversaire, est une partie de l'Aïki, mais ce n'est pas toute l'affaire.


Il se dessine un procédé au fond très proche de ce que décrit O sensei. L'instant, le présent, agir quand il faut, concentrer l'énergie, cette énergie qui n'est pas de la force mais ce qui habite kokyu rokyu, la coupe...
 
Et pour finir la cerise sur le gâteau:


L'aiki est essentiellement offensif.

 

La défense est invariablement brisée.

 

On dit souvent que la meilleure défense c'est l'attaque. Dans cette affirmation il faut comprendre que vous devez être actif, ne pouvez rester passif.

 

Voilà une phrase qui en choquera beaucoup mais qui est complètement en accord avec l'enseignement des armes selon Saito sensei, la façon d'effectuer shomen-ikyo par O sensei dans Budo, avec ce que répétait Hikitsuchi sensei: "commencer le premier, ne pas attendre".


Sans confondre prendre l'initiative avec agressivité, sans confondre offensive avec violence, il est temps de rompre avec ce qu'on nous rabâche depuis quarante ans en aikido dans un magma new-age parfumé à la non-violence: l'aikido n'est pas une défense.


Prochaine partie: l'entraînement, shogyu.


L'entraînement (et non la pratique) et l'entraînement encore et toujours car selon Sagawa sensei:


Même en s'entraînant il est difficile de comprendre aiki alors il n'y a aucune possibilité pour quelqu'un de le comprendre sans s'entrainer...

Transparent power - 1

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Je termine l'excellent livre de Tatsuo Kimura, Tomei na Chikara, Transparent or Invisible Power, paru en 1995 au Japon (et depuis régulièrement réédité) puis en août 2009 dans sa traduction anglaise. Existe t-il une version française ? pas sûr, aussi je vais tenter d'en extraire la moëlle sur quelques articles.


Le second livre de Kimura Tatsuo, le principal disciple de maître Sagawa, constitue un portrait de Sagawa Yukiyoshi et de son parcours.
 


Sagawa Yukiyoshi est le fils aîné d'un riche commerçant de Hokkaïdo qui pouvait s'offrir les cours de Takeda Sokaku, le fondateur du Daito-ryu, qui demandait 500 yens par mois quand la plupart des gens en gagnaient 8…
C'est vers l'âge de dix ans qu'il rencontra pour la première fois celui qui allait être son seul et unique maître, Takeda Sokaku. Tout le monde connait plus ou moins Takeda Sokaku dans le monde de l'aikido mais le personnage et son héritage sont très complexes, mal connus.

 

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Sagawa Nenokichi fut l'un de ses élèves / bienfaiteurs et son fils Yukiyoshi s'entraîna très tôt en compagnie de son père avec Takeda. Sagawa senseï raconte notamment comment vers dix ans, le jugeant trop jeune et sans doute incapable de comprendre ce qu'il lui donnait, Takeda sensei lui enseigna le secret de l'école de sabre Jiki Shinkage ryu. Ceci lui permit de comprendre l'Aïki, le cœur même du Daïto ryu à l'âge de dix-sept ans.


Il passe alors le reste de sa vie à approfondir ce savoir et mourra vers 96 ans. Mieux que ce portrait rapide, la suite de petites fiches de lecture permettra de mieux saisir la personnalité et le leg de Sagawa sensei.


Pendant des années, Kimura nota toutes les paroles de son maître, pour rassembler une base de 5000 pages, ensuite organisées pour en tirer un tout cohérent.
Disons le tout de suite, je considère ce livre au même titre que le Livre des cinq roues de M.Musashi ou Le sabre de vie (Life giving sword je ne connais pas le titre en français) de Y. Munenori. je recommande aux anglophones de lire dans le texte ou mieux en japonais si vous le pouvez.
 
Deux citations pour commencer la série…
1. L'aiki véritable projette une personne de façon lente et calme. Les projections bruyantes* et "flashy" ** sont faites pour impressionner les gens de l'extérieur ***.
*("loud" mais on pourrait dire démonstratives, bavardes presque)
**(je conserve le mot anglais devenu presque frenchy désormais)
***("outsiders" les gens de l'extérieur mais aussi les non initiés, les néophytes etc)

2. La simple pratique de balancer une épée de bois (suburi avec un bokken pour faire court) peut grandement vous aider si vous en faites beaucoup. Voilà ce qui est important. Vous accomplirez beaucoup par l'entraînement. Mais ceci n'est que la construction du corps. Peu importe le travail que vous accomplirez, cela ne signifie pas que vous atteindrez l'aiki.

 


Une voix sans personne

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Où l'on parle encore d'aïkido.

 

La poésie et plus généralement l'art sont bien plus que des distractions et cela va des peintures rupestres de Lascaux jusqu'aux raves hallucinées.

 

J'ai découvert ce poème et son auteur, Jean Tardieu, il y a presque trente cinq ans et il me semble aujourd'hui décrire incroyablement bien ce qui se situe au coeur de l'aiki (do).

 

 

Pour la poésie (de la science jusqu'à la métaphysique) je recommande souvent le discours de Saint John Perse lors du banquet donné à Stockholm en 1960 pour son prix Nobel de littérature. Et d'ailleurs tout ce que cet homme a écrit, ça tient dans un volume de la Pléiade. Son écriture est fascinante parce que souvent elle fait se correspondre une connaissance scientifique très fine et une richesse polysémique qui nous emmène ailleurs. Il explique cela très bien dans son allocution.

 

 

 

 

Je suis celui qui habite aujourd'hui parmi vous

l'un de vous. Mes souliers vont sur le goudron des villes tranquillement comme si j'ignorais

que le sol n'est qu'une feuille mince

entre deux étendues sans couleur et sans nom.

 

Moi cependant qui parle j'ai un nom

je suis celui qui est là parmi vous l'un de vous ma bouche parle mes yeux voient mes mains travaillent

innocent ! Comme si j'ignorais que ma peau n'est qu'une feuille mince entre moi et la mort.

 

Je suis celui qui ne regarde pas plus haut que les toits plus loin que l'horizon parallèle des rues.

Le soleil qui se casse aux carreaux avares

me cache le sommeil étoilé du monde

où je n'ai que faire, homme de ce côté-ci.

 

Mon espoir ah tout mon espoir est parmi vous près de vous près de moi je n'ai pas honte de commencer dans les piétinements

(j'ai rêvé d'un désert où j'étais seul

mais comme j'étais seul je ne pouvais me voir je n'existais donc plus le sable entrait en moi).

 

Ici je suis bien j'écoute on cause

dans la pièce à côté

et toujours cette voix même si elle change c'est toujours vous c'est toujours moi qui parle.

 

Que dire encore ? Nous vivons d'un verre d'eau tiré au robinet de la cuisine

et de la vie et de la mort continuelles

dans un monde éclatant immortel

givre du temps acier des anges

pluie et feux inhumains aux quatre coins du ciel.

 

Jean Tardieu, Une voix sans personne

 

 

(J'ai mis la fin en gras, pour souligner, rien de plus)

 

 

Parmi vous. L'un de vous. Comment mieux dire cette nécessité de l'autre? L'homme: un animal social.

 

J'aime ce constant rappel d'être entre deux. Entre vie et mort, entre deux états, entre deux espaces, comme errant, borné peut-être, presque volontairement attaché à ce quotidien, ce réel ou qui le semble.

 

Et un mystère, ce "sommeil étoilé du monde". Un soleil qui s'arrête sur la vitre, sur des carreaux avares de révélation. Une fenêtre qui donne peu à voir.

 

Nous sommes dans les piétinements. Nos voix se mêlent. On se rassure, on travaille.

 

Et cette ascension vertigineuse.

 

Un verre d'eau tiré au robinet de la cuisine. Il faut prendre son temps pour lire.

 

Givre du temps acier des anges

 

Même plus de ponctuation. Plus besoin.

 

Nous sommes partis de l'ermite, la première carte du tarot.

Et en l'espace de quatre vers, l'arcane 21, le Monde.

 

Ashi mawashi pour commencer. Et au-delà...

 

Un cosmos qui soudain apparait par la magie du langage - par la magie d'un geste. Le langage qui nous permet de soudain l'entr'apercevoir et de se reconnaître poussière d'étoile - littéralement.

 

Aiki.

 

Une voix sans personne

Transparent power 3 - Shugyo.

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Troisième partie de la fiche de lecture consacrée à Transparent power: l'entraînement selon Sagawa sensei…

 

10-1

 

 
Je me répète: je crois qu'il est important de lire et relire cet ouvrage pour bien intégrer sa logique.
 
Attention, le maître de l'école Daito met la barre assez haut.


Dans la partie précédente, nous tentions d'analyser ce que pouvait bien vouloir signifier ce mot d'aiki, reprenant en cela le plan des deux parties majeures du livre mais cette définition est inséparable selon lui de la méthode pour l'acquérir et le cultiver: l'entraînement, la formation, le conditionnement physique donc mental. Explication de texte par Sagawa sensei du mot shugyo...
 
Votre vie entière est un camp d'entraînement.


Il est important de s'entraîner chaque jour. Vous devez construire votre corps comme une forteresse.
 
Je ne cite que ces phrases (fortes) mais il répète cela constamment: l'entraînement doit être quotidien, si possible sans rater une seule journée.


Pour Sagawa sensei il n'y a simplement pas d'autre solution. O sensei je crois dans une interview parlait d'un entraînement de fou, on ne saurait mieux dire.


Ainsi vous construisez le corps en vous entraînant. Un entrainement intermittent, même intense est complètement inutile. Vous devez pratiquer chaque jour pendant toute votre vie, ceci et ceci seulement constitue l'entraînement véritable ou shugyo.
Sinon vous ne comprendrez rien...


Pour lui le travail technique sur les formes est important mais il est inutile si le corps n'est pas transformé, conditionné - métamorphosé presque - sur le long terme.


1. Pratiquer seulement la forme n'est d'aucune utilité. Vous devez construire votre corps. Plutôt que vous concentrez sur des techniques complexes, concentrez vous sur les bases! Construisez votre fondation, spécialement vos jambes et vos hanches.


2. Même si vous vous arrangez pour vous entraîner chaque jour en essayant différentes approches, cela vous prendra vingt ans que votre corps soit suffisamment conditionné. Et si votre corps n'est pas convenablement entrainé, votre technique ne fonctionnera pas vraiment. Si vous vous entraînez chaque jour de votre vie, vous serez complètement transformé.

Cela n'a d'ailleurs rien à voir avec la masse musculaire (bonne nouvelle….):


Vers 20 ans j'ai fait de la musculation comme un body builder mais ça n'aide pas pour la technique alors j'ai changé de façon de penser.  


On parle bien de force pourtant, de puissance mais pas de muscles… Et cette force est absolument nécessaire selon lui.


Il est important de faire des exercices qui endurcissent / renforcent le corps, plus que ceux qui accroissent la souplesse. La souplesse est bonne lorsque vous êtes devenus fort.
Bien sûr si vous comprenez le principe, vous devriez être capable de l'exercer sans sans beaucoup de force mais vous manquerez de tranchant, de pêche (drive)- il vous manquera une certaine intensité.


 Ce qui ne veut pas dire que la souplesse soit inutile…


Vous devez aussi rendre votre corps flexible (souple). C'est nécessaire).

L'essentiel ne se passe pas dans les bras mais plus bas…


Vous devez vraiment développer vos hanches et vos jambes. Renforcez vos jambes et vos hanches si vous les croyez faibles.
Vous vous apercevrez que les réponses émergent d'elles-même.


A la fin vous trouverez qu'affrontez des gens bien plus forts ne vous est pas un problème.


Une personne avec des hanches et des jambes sous-développées tend à se fier à la force des épaules.


Quelqu'un qui bouge doucement a le potentiel de devenir bon.


Une personne rigide et tendue est d'emblée sans espoir.


Vous devez construire dans vos hanches et vos jambes les muscles aux bons endroits. Pour cela vous devez vous entraîner tous les jours.
 
Sagawa sensei le répète à de nombreuse reprises: l'essentiel se passe dans les hanches et les jambes.

Ce travail physique a ceci d'unique qu'il forme aussi l'esprit.


Sagawa sensei affirme plusieurs fois que le travail sur le corps renforce le cerveau en tant qu'il est un élément du corps. Il influe bien sûr la technique elle-même, non parce qu'on peut mettre plus de bras mais parce que la technique ne se manifeste qu'au travers du corps.
Au fur et à mesure que je renforce (" to temper") mon corps, mes techniques se développent naturellement.


Quand vous renforcez votre corps, il change et de nouvelles pensées émergent.


Il influe également sur la force mentale, l'esprit et donc sur l'aptitude au combat car pour lui l'esprit mène le combat (à développer dans la partie suivante: stratégies…).


Vous ne progresserez pas si vous ne développez pas votre corps. Quand votre corps est établi (settled) la puissance de votre esprit est renforcée.


D'où un entraînement très éloignée de la muscu qui isole les muscles: vous devez créer le hara dans le mouvement.
J'aime beaucoup cette notion de créer le hara, ce fut ma sensation la plus agréable lorsque j'ai commencé l'aikido.


On peut presque dire que pour Sagawa sensei ce travail influe sur la biologie, sur le cerveau en tant qu'organe… Il affirme que le cerveau bénéficie de ce travail en restant en forme plus longtemps.
Dieu merci il y a de l'espoir (je pense à mon père qui faisait cet été du trempoline à 83 ans...).


Vous pouvez gagner du muscle même après 70 ans. Si vous construisez votre corps avant cet âge, même si vous avez 80 ans comme moi, votre corps ne se détériorera pas.
Vous devez commencer n'importe quand si vous l'avez décidé. J'ai 80 ans maintenant mais si j'apprenais qu'il est mieux de pratiquer tel ou tel exercice, je commencerai.
 
L'exemple qu'il donne: lui-même…


Une personne qui s'entraîne une dizaine de fois par mois ou qui vient de loin semble manifester du zèle. Pourtant mon zèle est d'une essence différente tant en qualité qu'en quantité.


Personne n'a travaillé plus que moi. C'est comme ça. Nous vivons des temps différents. Ce temps n'est pas de ceux qui produisent des maîtres.


J'ai consacré beaucoup d'efforts pour arriver au point ou j'en suis. Je n'en suis pas arrivé là par accident/hasard. je suis devenu capable de faire ce que je fais petit à petit, grâce à une longue période d'entraînement et d'étude.


Si vous n'êtes pas sérieux à mort (dead serious) et obsédé par cet art, vous ne serez pas capable de faire aiki.


Dans mon cas j'ai travaillé comme un fou (like crazy) et j'ai eu ce désir brûlant de l'atteindre en dépit de tout.


Si les gens connaissaient mon entraînement quotidien (mes routines) ils seraient étonnés (abasourdis).


Le livre est très discret sur ces routines car Sagawa sensei s'entraînait seul (comme O sensei bien souvent), on glane au fil des pages quelques informations: des haltères traditionnels, des séries de pompes et d'exercices calisthéniques dont l'unité de compte est … le millier.


Et 300 000 suburis par an soit une heure par jour...


Chaque jour je pratique 24 entraînements (des routines). En plus de ça je soulève le suburito 300 000 fois par an..


Ce n'est qu'en pratiquant une série d'exercices pendant de très nombreuses années que vous pourrez à la fin en comprendre l'efficacité.


Là encore il ne faut pas espérer de recettes de la part de Sagawa Sesnei qui considère que l'entraînement est une affaire individuelle, qui demande à l'individu de la persévérance, une forme d'obsession, une rage de dépaser soi et les autres. Le succès est une affaire individuelle.


Je ne pense pas qu'il faille nécessairement copier ce que j'ai fait. Chaque personne a sa façon de penser, chaque personne est différente. Si vous êtes enthousiaste vous les découvrirez vous mêmes.


Si je m'en étais tenu à ce que m'a enseigné Takeda sensei, je ne serais pas devenu ce que je suis aujourd'hui, je suis allé aussi loin parce que j'ai continué à penser, étudier, raffiner et développer mes techniques.

Conclusions sur l'entraînement.


Le traducteur utilise souvent le terme de "hardship", dureté des conditions de vie, épreuve, souffrance. Nul doute que pour Sagawa sensei, l'entraînement ne peut être trop dur ni trop intense. On a là le point de vue de celui qui a voué à vie à son étude. Le sens de michi sans doute.


Que cherche concrètement Sagawa sensei à travers cet entraînement?


J'espère que les plus calés en physio vont prendre la peine de laisser un commentaire pour nous aider à mieux comprendre.


Selon moi, au point où j'en suis…:  il s'agit pour lui de trouver la ligne pure, la ligne sans angles, sans hésitations, sans tâtonnements. Arriver à cette sensation intime qui dit: la coupe / l'action est ici, pas besoin d'y réfléchir, à l'instant propice je concentre cette énergie accumulée, cette précision, ce concentré de concentration… un million de suburis plus tard et la ligne est devenue une copine familière.


Quantité de parallèles sont possibles: je pense au trait de crayon de Picasso (100 000 oeuvres à la fin de sa vie, des dizaines de milliers de dessins et d'études... qui a vu son dernier autoportrait ?).

En tout cas si on le croit, il est temps de s'y mettre…



Prochain épisode: Stratégies et enseignement

Que l'Aikido crève

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Que l’Aïkido crève. SI tu vois le Bouddha, tues-le! Il se meurt, parait-il? Tant mieux. Je ne regretterai pas les maîtres cinquante exhalant une morgue qu’ils n’auraient pas affiché longtemps ailleurs. A Tokyo j’ai en vu marcher en toisant le tapis de...
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