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Transmission, héritage, émulation - 4

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P. Goldsbury Source à cette adresse. L'article précédent se terminait sur une brève discussion de la troisième proposition relative à la transmission: (c) Morihei Ueshiba semble n'avoir fait aucune tentative pour vérifier s'ils avaient compris ce qu'ils avaient appris de lui. Comme je le disais[...]

Transmission, héritage, émulation - 5

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Transmission, héritage, l'émulation 5 Le dernier article traitait de l'apparente irresponsabilité de Morihei Ueshiba qui semblait relativement peu soucieux de savoir si ou non ses élèves comprenaient ce qu'il leur montrait. Comme les choses auraient été mieux faites s'il s'était comporté comme[...]

Racolage passif

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Bien des mois plus tard: Persiste et Signe ! Première parution en 2010. Il est très rare que je parle politique, a fortiori ici, ce sera sans doute la seule fois. Donc please lisez jusqu'au bout. Si vous appréciez ce blog, cet article est sans doute l'un des plus importants et parle encore[...]

Nature avec des morceaux dedans.

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Dans quelques semaines toute la famille déménage de l'Asie vers le Périgord après dix ans très pidants et productifs.... On ne pouvait imaginer plus grand contraste, du moins en apparence. Pour quelques années nous allons vivre au plus près possible de la nature. On parle désormais beaucoup[...]

Dessin: irimi et rien d'autre.

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J'ai eu la grande chance de rencontrer un maître dessinateur. Son nom est Frédéric Lair. A ma grande honte voilà des années que je n'ai pris de nouvelles mais l'inverse est vrai aussi. Une fois revenu en France, j'irais le visiter à Saint Lo (paradoxal on le verra), histoire entre autres de[...]

Butterfly

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Commençons par admirer. Pas besoin de le présenter, il le fait très bien tout seul... Je trouve de surprenants et profonds parallèles entre la natation et l'Aikido. Tout ce qui suit n'est que l'expérience d'un amateur, sans plus. Quand on compare aux capacités des nageurs pros, on touche du[...]

Smoke on the water

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Ca commence comme une blague et le public est à mi chemin de la commotion et du rire... (faut bien admettre qu'on s'attend à un truc ridicule). Un peu comme le Bolchoï qui reprendrait une choré de Madonna. Et puis ça commence vraiment et soudain s'opère une de ces fusions comme certains[...]

L'éventail et le jo

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Je m'étais juré de ne rien republier sur ce blog avant d'avoir repris les traductions pour TAI. Nous y voilà. Je termine le Kajo 18 et je vais attaquer la fin de la série, puis les derniers articles (toute remarque d'un traducteur est la bienvenue, avec douceur...). Je n'ai plus trop envie[...]

Le chat merveilleux

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La traduction du kajo 20 achevée, je tombe sur ce passionnant article partagé par l'ami Kiaz sur Facebook. Il porte sur les étapes de l'apprentissage selon Bateson, représentant de ce qui fut appelé l'école de Palo Alto. Il est plaisant de constater qu'il est bel et bien possible ici de tendre[...]

Gasshuku 2013

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Pour autant que je le pouvais, presque par principe, je suis allé en Asie et en Europe voir tous les esseperts de passage. Et bien sûr d'autres disciplines. Et je continuerai dans le futur (rendez-vous pris avec l'Aunkai cette année) car je me suis aperçu il y a bien longtemps qu'il y avait[...]

Rachid Taha

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Rien qu'un coup de coeur... On pourait se croire loin de l'Aikido, O sole mio. Taha. Elvis Added... Now or never: nous sommes en plein coeur du souffle, en pleine spirale. Comme une (belle) plante grimpe aux rideaux... Besmillah ar-Rahman ar-Raheem. La première fois que j'ai vu tes yeux, ton[...]

Gagner, jouer, survivre

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Trouvé sur le site de Stan Pranin ce texte lumineux qui fournit le prétexte d'une traduction. Pas mal de gens maitrisent suffisamment l'anglais mais je pense aux handicapés du bulbe et ceux qui ont choisi Moldave en première langue. Le texte original ici C’est court et ça déménage, attachez vos[...]

Tenkan et kime no kata

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Tenkan et Kime no kata (kata de la décision).

 

 

Le judo est vraiment une discipline passionnante en raison (entre autres) des liens qu’il entretient avec le ju jutsu et donc, en lointain cousin, avec l’Aikido. En effet Jigoro Kano a consacré beaucoup d’énergie à rassembler (ou faire rassembler par ses disciples) nombre de techniques des écoles de ju jutsu menacées d’oubli à la fin du 19ème siècle. Certaines sont de petits trésors et trouvent un écho lointain mais réel dans les techniques d’Aikido.

Un d’entre eux est le deuxième mouvement du Kime no kata.

Quelques définitions trouvées sur le web à propos de ce kata (Cf. ce site intéressant : http://www.ju-jitsu-meyrin.com/Kimenokata.html).


Présenté en France pour le 4ème dan.

Créé par Jigoro Kano en 1907. C'est un véritable kata de combat  (aussi appelé « SHIN KEN NO KATA » c’est-à-dire « la VIE ou la MORT »), imprégné de cet "esprit de décision" (Kime) qui doit animer une technique lorsque le but recherché est de porter des coup visant des points vitaux de l'adversaire, afin de soumettre celui-ci à coup sûr.

 

Cet esprit martial, animant des techniques réalistes pour des situations d'affrontement concrètes, exigeant de Tori comme de Uke une tension mentale extrême, rappelle que le judo est issu du Ju-jutsu. Certaines techniques du Kime-no-kata, proviennent des mêmes sources que celles du Karaté ou de l'Aïki-Jutsu.

 

C’est une approche rationnelle de la maîtrise du taï sabaki, des déplacements, en même temps qu’une éducation pour l’utilisation maximale de l’esprit et du corps.

Shinken shobu(combat à lame nue), comme si chaque attaque nous exposait au tranchant du sabre, la technique et l’esprit de ce kata nous éduquent à l’investissement total, à l’action décisive, dans le combat sur les tatamis, avant les difficultés du quotidien.

Les derniers maîtres du Jiu jitsu, ceux là mêmes qui furent les premiers maîtres du judo au sein de la Butokukai ont codifié, validé de façon collégiale ce kata comme les autres.  

Le Kime no kata doit développer le « Zanshin » soit l’intuition, la vigilance.

 


  

2ème mouvement: Tsuki – hara gatame

   

 

http://i1206.photobucket.com/albums/bb443/Leongaga/KNK1.png
 

Départ en suwari waza (ce qui gêne beaucoup les judokas ;-) mais de face, en exposition maximale, dans la fameuse garde « carrée » Shikaku. Evidemment l’Aikido adopte une garde différente qui facilite grandement la suite.


 

http://i1206.photobucket.com/albums/bb443/Leongaga/KNK2.png

Tsuki.
La logique d’attaque est davantage celle du tanto que celle du tsuki direct. L’armé est un rien téléphoné à cause du dégainage de face qui serait plus furtif à la façon du iai en orientant le corps (mais à droite cette fois).


  

 

http://i1206.photobucket.com/albums/bb443/Leongaga/KNK3.png

 

Début de la rotation par le haut du corps, la main gauche dévie le tsuki, la main droite frappe au visage dans le même temps (ou presque:  très légère priorité à la main de parade / détournement).


De façon intéressante, la parade et la riposte sont simultanées, bien loin de la logique attaque/riposte qui prévaut trop souvent actuellement en aiki et ailleurs.


Cette attitude corporelle m’a posé de gros problèmes à l’époque pour plein de raisons.


D’abord parce qu’elle était mal reliée (en tout cas rationnellement et dans les explications ) aux autres mouvements utilisés. Certes la parade sur mae geri lui ressemblait beaucoup - mais en reculant une jambe, dans une logique de tai sabaki pour « ouvrir la porte » - alors que ce mouvement est intimement différent.


Ensuite parce que ce mouvement ne se retrouvait nulle part ailleurs – ce que je regrettais, commençant à prendre conscience à l’époque qu’il manquait un lien entre la pratique judo / ju justu et cette époque ancienne dont le kata portait l’héritage.


Cela tient peut-être dès le départ à l’aspect un peu « composite » du judo là où l’aikido synthétise pour arriver à quelques principes de mouvements. Ce déplacement du kime no kata, précisément parce qu’il rappelle beaucoup hito e mi semble surgir du passé comme le matériau initial du ju jutsu sur lequel O sensei a élaboré sa synthèse…


 

http://i1206.photobucket.com/albums/bb443/Leongaga/KNK5.png

 


PIVOT SUR PLACE !

Le genou droit se lève, le genou gauche ne change pas de place.

 


Ce mouvement est identique ou au minimum très proche du tenkan à 45 degrés des formes que nous travaillons (Shomen irimi nage hanmi handachi waza dans les formes courantes ou plus précisément encore en aikiken). Evidemment, c’est très proche de « l’école Iwama » : on peut imaginer ikkyo très facilement sur ces bases si l’on part de l’autre côté.

Respectueusement, le genou droit devrait être encore plus ouvert (pour laisser  passer la lame…).

 


Quand je travaillais le kata je ne comprenais pas du tout pourquoi il fallait pivoter sur place même si la position d’arrivée était très confortable). Je trouvais ça très rapide et instinctif. On appelait ça tai sabaki mais personne n’en proposait une définition précise.


Le parallèle avec l’aikido permet rétrospectivement de comprendre la sagesse profonde de la technique et le principe de mouvement qu’elle contient. Bref elle constitue comme l’archéologie du tenkan.


Evidemment cela milite très peu pour le tai no henka moderne dont j’ai dit tout le mal possible (texte et videos de l'article remaniés). Tel qu'on peut le voir décrit dans cet article par exemple http://fr.wikipedia.org/wiki/Tai_sabaki  - qui confond le terme générique de tai sabaki avec le tai no henka moderne erroné).

D’ailleurs si l’on veut réfléchir, on lira ce site avec intérêt:
http://www.aikidocity.com/debuter/deplacement.html


En tout cas cela montre l’utilité des katas : la forme n’a pas bougé même si on ne comprend pas toujours bien à quoi elle sert ni pourquoi elle est ainsi.


Cela permet, une fois de plus, de constater le génie d’O sensei qui disait, peut-être avec un rien de malice, que « l’Aikido n’a pas de formes ». Oui, une fois bien compris toutes ces bases…

 

http://i1206.photobucket.com/albums/bb443/Leongaga/KNK5.pnghttp://i1206.photobucket.com/albums/bb443/Leongaga/KNK6.png

 

Fin du mouvement : hara gatame, clef de coude sur le ventre.

 

Je dois avouer que cette clef ne m’a jamais séduit avec sa manipulation complexe.

 

La main de l’atemi vient saisir le poignet et met suffisamment uke en extension pour le positionner assez bas et passer la main gauche confortablement.La main de la parade vient contourner la tête, saisir le col suffisamment profond par dessus l’épaule, extension d’uke, poussée avec le ventre… 


Sur cette même base je préfère encore la simplicité de kote gaeshi qui n'oblige pas à un changement de mains... Une fois de plus on est obligé d’admirer la merveilleuse logique des placements en Aikido qui semble un peu complexe au débutant mais dont on constate par la suite la profonde logique mécanique. Ici la main gauche n’a qu’à rester sur place au lieu de croiser – certes l’exercice est instructif car qui peut le plus peut le moins…


Evidemment le parallèle n’est compréhensible que si on a admis / compris qu’irimi tenkan ne consiste pas à effectuer un demi tour comme on nous le serine depuis si longtemps.

 

Bon keiko.

 


Aikido and bayonet

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Now that Internet has made some information widely available to those who sincerely search, it is generally admitted that O sensei was highly trained with weapons and used that knowledge to create Aikido, especially after 1942.

Right from the start his training consisted in a mix of weapons and empty hands techniques. Most internet biographies forget to mention that fact when they evoke his training in Gotō-ha Yagyū Shingan-ryū under Nakai Masakatsu from 1903 to 1908.
 

For a long time, that reality was denied in order to fit the notion of an "Art of Peace" at a time when the Western world did not want to hear about blood-dripping spears, weapons and swords… Also because many teachers were and are still not competent to teach them.

Then Internet was born and suddenly O sensei could be seen holding a weapon on half of the available pictures.



ch02-04.jpg

 

 

In reality, O sensei was awarded certificates of ken and spear mastery by his first teacher, Nakai Masakatsu (then by Takeda Sokaku in Shinkage ryu), he took part in a war and he was a fine bayonet fighter…

 

osensei bayonnette

 

burton-18

 

 

 

 

O sensei's kamae with the rifle, slighty modfied but still consistent with JUKENJUTSU

 

 

Background 


The history of bayonet is extremely grim and interesting in many aspects. This Wikipedia article is a good basis.


The amazing thing is that for nearly 250 years, the bayonet techniques have not radically evolved. The same basics are everywhere and don't seem to have changed so much along the years, which is not really surprising, the human body having remained the same... The variable are rather the size of the rifle and the blade's characteristics. Several books are easily available on the web, some of them quite old like this one:

 

burton-1853-bayonet

 


1853… 33 basic movements.

 

 

 

 

A classical 18th century bayonet charge would have probably looked like this.

 

 

 

 

 

The English Redcoats would walk straight to the enemy, knowing that, because of the loading time and the riffles' inaccuracy, only a fraction of men would be injured or killed. They would endure a few rounds of fire but they knew it would then become a bayonet fight and the Redcoats excelled in this (at the end of the movie, the screams signal the assault).

 

With time, because of their bayonet skills, the Redcoats acquired a reputation of invincibility,  up to the point they sometimes just needed to charge and the enemy would surrender. For the bayonet inspires the fear of cold steel while a bullet is invisible, nearly abstract and brings death quickly… Bayonet is plain horror, plain disgusting.

 

...

 

Nowadays, the bayonet is outdated, but partly only. Some military corps keep bayonet training  as part of their curriculum because:
- it can be useful (as in Iraq 2004 - Cf. Wikipedia - by British soldiers, such a coincidence…)
- it builds up military qualities


One must not forget that drones may be useful but the last 100 meters are the infantry's domain and sometimes grunts end up fighting with whatever they find, including bayonet.


 

Technique.

 

The following film is extracted from one of these reality TV blah blah shows where UFC fighters (or similarly trained practitioners) discover the US Marines training (a part of USM's recruiting propaganda: as they seem to experience issues these days, talking that way to young MMA fight-mooded young lads seemed a clever approach…).
 

 

 

 

 

 

A couple of things can be learned here:


- a wide stance is wrong. One can't agree more with the drill instructor (funny how he refrains from shouting at the poor sod). That wide stance is so common in Aikido nowadays (especially at the end of movements) that no one seems to notice anymore…  However, it leads to using too much arms strength, induces a bad balance, etc, etc.  Shoulder width, please, let's keep it natural…


- keep your foot pointed at the opponent which has for consequences to keep your hips facing towards the opponent to develop more power and stability. Etc.


 

 But the bayonet drill won't surprise the practitioners who have studied the kumijos. For the described bayonet technique is the equivalent of the 1st kumijo (uke's "response" to first yokomen) mixed with number 3 of 31 kata - cut on the jo + tsuki (with the slight variation of the front hand position).

 

Following a discussion with Matthieu Jeandel, one could also explore the link between the bayonet drill, the first kata of kikishin ryu spear and the ken tai jo series. Such a study (sorry no time...) could be really useful to understand the underlying realities of Aikijo.

 

...



In fact, the spear is a much more complex affair than the relatively simple(r) bayonet. But they share many points, including the capacity to cut, to slash.

Technically, most bayonets are weapons with two edges. The slashing is limited to a few movements only (but, for obvious reasons, the military only uses simple, straight-to-the-point moves). More importantly, the rifle itself does not allow any easy nor meaningful change of hands, etc.

It is worth noticing here that many yari actually have three cutting edges (triangular blade) and therefore allow slashing in many ways (jodan gaeshi becomes much easier with this in mind). But, technically, there is no limitation to cutting with a two edged weapon, it is only a matter of proper handling, positionning of the blade, although it requires more precision and skill.

 

This video is really good to figure out where Aiki weapons come from (at least culturally and one can read many common technical similarities…). Let's not forget the fundamental importance of the spear in Japanese culture (therefore most probably in O sensei's mind) since the country is said to have been created by a spear in Shinto mythology.

 

 




At the very heart of Aikido one can find very effective techniques and principles, totally consistent with military knowledge, still valid and used / taught nowadays.

 


Arguing about weapons usefulness in Aikido is obviously irrelevant here: they are, in the same way as tai jutsu, part of Aikido's DNA. Even more: the way O sensei synthesized them, bukiwaza and tai jutsu explain each other, like one living multi facetted entity.

 

This has huge consequences for bukiwaza and tai jutsu techniques, it is not only a jo  .

 


 

Good keiko all !

To blog or not to blog...

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Engrish version below, guys...

 

 

Jessica1

 

 

 

 

 

Un blog: pour faire quoi?
   
Telle est la question à laquelle je croyais avoir trouvé une réponse simple il y a six mois, jusqu'à éliminer tous les articles récemment. C'était évidemment une mauvaise réponse.
 
Parler technique en Aïkido est un défi. Cela suppose qu'on a quelque chose à ajouter à l'œuvre d'O sensei ou assez d'autorité technique pour formuler un commentaire pertinent. Bon courage. Sans même parler de nouveauté...
 
Cela dit trop de choses m'énervent pour lacher le morceau. Comme cette môme qui disait "mon papa, c'est un sensei" (soupir). Salut, Grobidon sensei.

Quantité d'aberrations me sautent
désormais aux yeux depuis que Matthieu Jeandel m'a expliqué deux trois choses qui changent tout...  Je donnais un cours d'armes impromptu récemment à des pratiquants qui n'avaient connu que de l'Aikikai pur jus, ça faisait peur.

J'ai aussi reçu pas mal de messages regrettant le blog ce qui était assez touchant. Des copains qui me disent de continuer et d'autres que je découvre lecteurs, ça me fait rire.

Dans la série des motivations vertueuses (n'en faut), on citera l'envie de partager avec des inconnus les découvertes sur le chemin.
 
Par exemple il existe des articles remarquables qui ne sont pas traduits en français et il me paraît intéressant de les mettre à la disposition de ceux qui maîtrisent mal l'anglais. Je pense à la merveilleuse série d'articles de Peter Goldsbury sur le forum d'Aikido Journal dont je ferai des synthèses rétrospectives pour ceux qui maîtriseraient mal son anglais élégant et précis.
 

Tout cela sur un rythme assez lent ayant pas mal de choses sur le feu.

 

 

Désolé d'avoir effectué  de faux adieux comme parfois les acteurs.Même si ça énerve certains, ça plaira à d'autres e la nave va.


jessica2 

SISU !!!!

 

 

 

 

A blog: what for ?


I thought I had found a simple answer six months ago and I even closed the blog and removed all articles recently. It was obviously a wrong answer.


Talking technique in Aikido is a challenge. This assumes that you have something to add to O Sensei's work or enough technical competence to express a relevant comment. Good luck. And we are not even talking of innovation as some do... Shu Ha Ri, yeah you're right.


However too many things irritate me to let things go, including the amount of technical nonsense in mainstream Aikido which seems obvious to me now that Matthieu Jeandel opened my eyes to a couple of things...The other day, I was teaching weapons to a group of pure Aikikai practitioners, that was scary, they don't have a clue.

 

Or inflated BS like this kid who told me "my dad is a sensei" (sigh). Hi, Bigbelly sensei. Some people are fully so full of themselves (Cf. Previous sentence).

 

I also received a lot of messages regretting the blog, that was quite touching. Some friends told me to resume and I discovered readers, touching again, it makes me laugh.


In the series of virtuous motivations let's mention the desire to share discoveries.


For example there are outstanding articles on the web that are not translated into French and I find it interesting to make them available to those who are not proficient in English. I'm thinking about Peter Goldsbury's wonderful series on the Aikido Journal forum which I will summarize for French readers.


All this on a slow pace for I have a lot on my plate. Starting with the translations of Takemusu Aikido Intercontinental which I really really recommend (like really).


Sorry for these failed / fake (as you wish) farewells like sometimes vain cracked addicted actors: some will like it, some will not, and beyond that...
e la nave va.


 

When the wise man shows the moon, the apprentice watches his wallet....!

 

 

 

SISU !!!!





Transmission, héritage, émulation 1

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pgoldsbury.jpg

 

 

 

J'entame ici la traduction / synthèse des articles de Peter Goldsbury parus sur les forums d'AikiWeb. Au passage je ne peux que recommander ce forum avant tous ceux que je connais car les participants font preuve d'une tenue remarquable, peut-être parce qu'il n'y existe pas d'anonymat. Au-delà, ceux qui s'expriment possèdent en général un très bon bagage ce qui évite les remarques péremptoires d'ignares. La somme d'informations disponibles donne un peu le vertige tant en liens utiles qu'en réflexions documentées.

 

 

Cette série de traductions est vraiment destinée à ceux qui ne comprennent pas assez bien l'anglais pour s etaper des pages dans une langue assez exigeante, je pense à Bruno qui devrait se régaler. Il en a publié 21 à ce jour. J'ai donc plein de travail. On va essayer de tenir le rythme d'un tous les deux semaines... essayer dis-je.

 

 

 

On ne peut être que frappé par l'érudition de P.Goldsbury, la démonstration constante de la profondeur de son savoir, toujours mesurée, pondérée et finalement extrêmement iconoclaste avec l'air de ne pas y toucher. On touche au très très haut niveau, bien loin de la plupart des discours communs, habituels et peu infomés sur l'Aikido.


Son CV est d'ailleurs impressionnant. J'ai l'impression de trouver là un exemple de ces excellents professeurs qui peuvent illuminer une année voire influer sur votre parcours.

 

Né le 28 April 1944. 6ème dan Aikikai. Professeur émérite à l'université d'Hiroshima où il enseigne la philosophie et la "culture comparée" (comparative culture). Elève de Mitsunari Kanai en 1973. Puis de retour en UK en 1975, au Ryushinkan Dojo de Minoru Kanetsuka, K Chiba lors de ses séminaires. S'installe à Hiroshima, Japan, en 1980 élève de Mazakazu Kitahira, Shihan, 7th dan. S'entraîne avec Seigo Yamaguchi, Hiroshi Tada, Sadateru Arikawa and Masatake Fujita.

 



Le but n'est pas ici de traduire in extenso tous ses articles, certains fort longs et considérablement étoffés d'une bibliographie pléthorique qui ferait passer une édition savante pour un Que sais-je?


Qui plus est l'abondance des termes japonais me dépasse alors que je sais seulement demander où sont les toilettes (certes c'est utile), je choisis de lui faire confiance pour la traduction, problème crucial qu'il soulève de nombreuses fois (affaire à suivre) d'ailleurs.


Cela dit pour le premier article, il est bon de bien poser les cadres donc voici une traduction intégrale.



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26 mars 2007
 

Cet article est la synthèse de longues discussions sur certains sujets récents déjà abordés dans les forums de discussion d'AikiWeb et par courrier privé. Les différents thèmes sont étroitement liés et le traitement de l'un influence la perception et le traitement des autres.

 

Il s'agit un travail en progression constante et qui n'est pas conçu comme un document académique à part entière. Les thèmes abordés sont liés aux différentes questions liées à la transmission de connaissances théoriques et pratiques dans un art martial non compétitif comme l'aïkido, en particulier la transmission du savoir à travers les filtres culturels. Toutes ces questions sont fondamentales pour notre façon de concevoir la forme et le contenu de la formation en aïkido que nous recevons de la part de nos enseignants et qui peuvent être présentés comme des propositions, subsumée sous les trois rubriques du titre.
 
Transmission
(a) Morihei Ueshiba ne fit aucune tentative pour «enseigner» les connaissances et les compétences qu'il possédait à ses deshi.
(B) Ces derniers ont tous acquis des connaissances profondes et des compétences pendant leur temps comme deshi, mais il est loin d'être clair qu'ils aient acquis tout le savoir possible ou que tous aient acquis les mêmes connaissances.
 (c) Morihei Ueshiba semble n’avoir fait aucune tentative spécifique pour vérifier si ses deshi avait compris ce qu'ils avaient appris de lui.
 
Héritage

(D) D’un autre côté, toutes les preuves indiquent que Morihei Ueshiba s’inquiètait beaucoup de la transmission de l'art aux générations futures et, à la fin, désigna son fils Kisshomaru Ueshiba comme héritier et successeur.

(E) Kisshomaru Ueshiba semble avoir changé l'héritage qu'il a reçu de façon assez radicale, encore une fois, sans réaction claire de la part de son père, à tel point qu'il a été indiqué que l'aïkido enseigné par lui et par ses successeurs aujourd'hui, n'est plus l'aïkido de Morihei Ueshiba.
 
 
Emulation
 
(F) De la meme façon que les héritiers de Morihei Ueshiba ont transmis leur savoir et leurs compétences à leurs deshi, les deshi de Morihei Ueshiba ont transmis leur savoir et leurs compétences à leurs propres deshi, mais avec des degrés de succès très variables, de sorte que les connaissances et les compétences des générations présentes et futures deviennent et deviendront de plus en plus variables en qualité, à mesure qu'elles s’éloignent de la source.

(g) Le fait que beaucoup d'entre eux vivent en dehors du Japon fait que l'aïkido, devenu un  art pratiqué plus en dehors du Japon qu’à l’intérieur, a profondément affecté  / modifié / altéré l’essence de son charactère / de sa nature et continue de le faire.
 
Dans les articles à venir je vais examiner une par une ces trois catégories, car, comme je l'ai suggéré plus haut, je crois qu'elles sont fondamentales dans la perception que nous avons de l'art tel qu'il est pratiqué, ici au Japon et à l'étranger.
 
 
 

Cependant, je crois aussi que certains présupposés cruciaux s’expriment, ne serait-ce que dans la façon dont ces catégories sont formulées. Ces hypothèses, qui sont autant de questions très controversées, sont basées sur un paradigme particulier (à défaut d'un meilleur terme).
 
Ce paradigme peut également être exprimé au travers d’un certain nombre de propositions:
 
(1) L’Aïkido est un budo qui peut être pleinement enseigné et entièrement appris (dans le sens où il est possible pour les deshi d'acquérir toutes les compétences du maître)
(2) L'aïkido est un budo qui doit être enseigné et appris de façon systématique dans l'enseignement et l'apprentissage des stratégies.

(3)  Même si l'enseignant est d'une importance cruciale dans ce processus, c'est la maîtrise de l'enseignement et des stratégies d'apprentissage de la part de l' étudiant qui finira par déterminer si les connaissances et les compétences peuvent être ou ont été ou sont en cours d'acquisition

(4) Ainsi, il existe un élément important de vérification et d’évaluation indépendante de l'efficacité interne de l'art, mais il est basé sur le critère / appréciation très vague de ce que l'art doit «faire» dans une situation réelle.
 
 
(5) Il ya aussi un aspect «moral» de l'art, au sens où

(1) l'art devrait apporter un changement chez celui quie le pratique, et

(2) ce changement devrait être positif, quelle que soit la façon de définir ce terme.
 
 
 

On peut opposer à cela qu'il s'agit d'un paradigme «occidental», d'une pertinence limitée par rapport à un art martial japonais qui est fortement structuré verticalement et fondé sur l’enseignant.

Néanmoins, il est un fait incontesté que l'aïkido s’est rapidement répandu à l'étranger avec la bénédiction du Fondateur (tel un «pont d'or», selon les mots mêmes du Fondateur prononcés à Hawaii) et on peut aussi faire valoir que l'art a une base plus forte, en termes de connaissances et de chiffres, en dehors du Japon que dans le pays.


Ainsi, le paradigme “occidental” ne peut pas être rejeté pour la simple raison qu'il est occidental. Ce paradigme, et les questions culturelles qui l'entourent, sera abordé fréquemment durant la discussion sur les propositions énumérées ci-dessus.

Personnellement je crois que ce n'est pas entièrement un paradigme occidental, mais aussi qu'il existe d'importantes différences culturelles dans la façon particulière dont les éléments de ce paradigme sont interprétés, voire perçus / compris, et ceci est d'une grande importance pour l'aïkido.


Avant que nous puissions commencer cette discussion, cependant, un élément plus crucial doit être ajoutée à cela. L'art de l'aïkido est basé sur la vie d'un individu et il est tout aussi délicat et controversé de distinguer clairement entre la vie qu'il menait, la formation qu'il a entrepris à partir de l'art qu'il a créé et les traditions relatives à l'art qui en sont les conséquences. La vie de Morihei Ueshiba et les circonstances dans lesquelles il a créé l'aïkido suivent un schéma reconnaissable et qui ne peuvent pas facilement être interprétés comme spécifiques d’une culture nationale particulière.
 
Le modèle est esquissé dans le paragraphe suivant et comporte plusieurs étapes, même si parfois ils ne peuvent pas être facilement séparées. Les étapes peuvent également être exprimées comme des propositions:


(1) Un individu charismatique subit une transformation physique et spirituelle à la suite d'une formation personnelle rigoureuse. L'individu est dans au sens propre un «solitaire»: il se marie et produit des descendants, mais cela n'affecte pas son objectif central de s’entraîner en tant qu’individu
 
(2) La personne attire des disciples, qui aspirent à obtenir ce qu'il possède. Les disciples entreprennent également une formation rigoureuse, qui est censée être une réplication de certains éléments, mais pas tous, de la formation que l'individu a lui-même entrepris.
Certains disciples complètent ce manque par leurs propres entraînements supplémentaires en dehors du dojo.


(3) Toutefois, l’entraînement est accompli en groupe et le groupe réalise une cohésion interne étroite, fondée sur le fait que tous les membres sont «uchi-deshi», ou étudiants à demeure chez l'individu charismatique.


(4) L'organisation évolue, qui est plus que la somme totale des individus qui la composent.
 

 

(5) La formation personnelle de l'individu devient un «art», auquel est donné plusieurs noms, mais qui devient aussi distinct du savoir accumulé de l'individu charismatique créateur.

(6) Puisque l'art a été créé et a prospéré du vivant du Fondateur et ne prend pas fin avec sa mort, il acquiert ainsi une vie autonome et est également utilisé comme point de repère de l'authenticité.
 

 

(7) Puisque l'individu charismatique, maintenant appelé le Fondateur ou tout autre nom approprié, est mortel, il 'confie' l’«art» à ses disciples, mais en confiant  l’organisation centrale et la formation aux mains de son fils, qui est aussi un deshi de première génération
 

 

(8) À ce point, les autres deshi ont un choix à faire: accepter la nouvelle position du fils ou aller sur leur propre chemin et créer d'autres formations, organisations, ou arts, également basés sur l'original
 

 

(9) Ainsi, il existement véritablement un «passage de témoin”. Un leg, un héritage, une tradition est ainsi créé dans chaque cas, et aussi l’histoire respective des traditions ainsi créées: autant de façons d'interpréter les activités du fondateur et de sa place au sein de chaque tradition.
 

 

Si l’on a en tête les travaux de CG Jung et Joseph Campbell, certaines des premières étapes de ce modèle sont facilement identifiables comme le parcours d'un héros .


Cependant -et c'est quelque chose que ni Jung, ni Campbell n’ont beaucoup discuté - la façon dont le voyage du héros est reproduit, rejoué / reconstitué et valorisée dans chaque culture est extrêmement conditionnée par cette culture et ses valeurs. (Je pense que Jung et Campbell supposaient que chaque culture interpréterait les exploits du héros de façon particulière, à savoir, "occidentale".) Donc, même si j'ai dit plus haut que ce modèle ne peut pas facilement être affecté à une culture nationale particulière, il sera pas approprié pour les Occidentaux de porter des jugements sur des aspects typiquement japonais de l'évolution de Morihei Ueshiba en tant que «héros» du budo, au seul motif que sa vie suit le schéma habituel, esquissé ci-dessus.

Je dois ajouter en guise de conclusion que ces colonnes sont le résultat de près de trois décennies passées au Japon, devenant ainsi partie de la culture «de l'intérieur», (si l’on peut dire), dans le contexte général de

 

(1) l'enseignement et la recherche dans une grande université,

 

(2) de la pratique de l'aïkido avec un grand nombre d'enseignants (mais toujours avec un professeur particulier principal), et

 

(3) l’enseignement comparatif de la culture et de la négociation interculturelle afin de mûrir les étudiants japonais dans une des cursus d'études supérieures de l'université.

Je les ai mis dans l'ordre ci-dessus, car je considère mon temps à l'Université d'Hiroshima comme le lieu privilégié du processus fondamental d’apprentissage d'intégration dans la culture en général. Le dojo est une miniature de cette culture et dans le dojo certains aspects de la culture sont présents à un degré accru et d'autres sont absents.
Enfin, l'enseignement comparé de la «culture» à des «indigènes» a enseigné une certaine sensibilité aux problèmes liés à l'utilisation du terme lui-même.
 
J'ai donc de première main l'expérience d'être exposé dans son lieu de naissance à ce qui est pensé comme un art martial «global» ou «international», mais d'origine japonais,
 
J’ai enfin de première main l’expérience de comprendre l'art que je pratique au sein même des paramètres de sa culture d’origine.


 
Ce que j'utilise ici, en fait, est un argument d'autorité et nous savons tous que c'est la forme la plus faible de l'argument.
 
Par conséquent, je m'attends à ce que ces arguments soient examinés pour ce qu'ils sont et non pas parce que c'est moi qui les utilise. Toutefois, ceux qui contestent ces arguments devraient également être conscients de la façon dont leur point de vue culturel de départ peut affecter la façon dont ils formulent à la fois l'argument et les critiques.

 

Pour ceux qui s'intéressent à la culture comparée, j'ai utilisé dans mes classes les deux œuvres de Geert Hofstede: Conséquences de la culture et Cultures des Organisations: Logiciel de l'esprit.
 
Hofstede est hollandais et son travail n'est pas sans problèmes. Toutefois, étant donné la sensibilisation adéquate de ces problèmes, son travail est une cheville raisonnablement fiable sur laquelle pendent le traitement général de la culture comparatifs.
 
Ainsi, dans les articles à venir je vais examiner chacune des catégories générales transmission, héritage et émulation, pour enchaîner ensuite de façon plus détaillée sur le paradigme de l'enseignement et l'apprentissage ainsi que sur la biographie «héroïque» de Morihei Ueshiba.
 
Les conclusions générales seront assez sombres.

 

 

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Il s'agit ici presque d'un discours de méthode bien dans l'esprit d'une étude universitaire scientifique si on reconnait ce statut aux sicences sociales. Il est hors de question d'en faire l'explication de texte mais d'emblée P.Goldsbury tape exactement au point sensible de la problématique de l'Aikido: quelle transmission? Transmission de quoi? Les chapitres suivants aborderont en plus l'épineux problème du comment...

 

Certaines remarques légères sont lourdes de sens, la place de Kisshomaru Ueshiba, la perte de savoir des deshis, la rupture d'avec la technique réelle d'O sensei. Toutes ces remarques ont d'autant plus de poids qu'elles sont abordées de front et sans faux semblants précisément par un pratiquant ayant évolué au coeur du Hombu dojo.

 

Les articles suivantes sont encore plus précis sur ces points.

 

 

A suivre.

 

 


 

 

Transmission, héritage, émulation - 2

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Deuxième partie de la série. 

 

 

pgoldsbury

 

Article disponible à cette adresse.

 

 

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Dans les prochains articles, j'ai l'intention d'examiner plus en détail l'enseignement, l'apprentissage et le «vol» (de la technique), surtout dans le cas de Morihei Ueshiba et de ses disciples immédiats, mais aussi dans la relation cruciale entre ces activités et leur entraînement personnel (et le nôtre).

 

Plus ils progressent dans leur formation, plus les pratiquants d'Aikido tendent à rencontrer des problèmes variés qui les conduisent à remettre en question la validité de ce qu'ils font. Ils pratiquent sous la supervision d'un «Sensei», qui a également pratiqué et peut-être reçu son autorisation d'enseigner d'un autre «Sensei» et le modèle est alors de retracer la lignée et la compétence en tant qu’aïkidoka et le professeur d'aïkido, jusqu’à O Sensei, généralement considéré comme la Source.

 

Les problèmes surviennent lorsque ces aïkidokas rencontrent des pratiquants d'autres arts martiaux, qui leur disent qu'ils manquent de bagage technique et de formation, et aussi quand ils rencontrent d'autres pratiquants d'aïkido qui sont d'une lignée différente de la leur. Comment est-il possible que l'aïkido puisse montrer de telles lacunes de compétences essentielles, étant donné que le fondateur a été la source, et comment est-il possible qu'il puisse y avoir tant de différentes «écoles» d'aïkido, quand il n'y a qu'un seul Fondateur / Source?

 

Ces questions ont fait l’objet à de nombreuses discussions, notamment sur les sites dédiés comme AikiWeb, et ont également conduit les aikidokas sérieusement impliqués à remettre en cause leur formation.

 

Inutile de le nier. Les problèmes existent et l'approche la plus honnête est de l'admettre puis d’essayer de trouver un moyen de résoudre le dilemme dans les meilleures traditions de BUN / BU: par l'étude et l’entraînement.

 

Une façon de sortir du dilemme est de faire valoir que l'aïkido a changé au fil des générations et que pour la pratique «réelle» de l'aïkido, il faut revenir à la source et étudier comment Morihei Ueshiba s'est formé, comment il a pratiqué, ce qu’il enseignait et comment. C'est une belle idée, qui suppose que nous puissions réellement savoir comment il s’entraînait, comment il pratiquait et aussi ce qu'il enseignait.

 

En fait, c'est assez difficile et nous ne sommes pas tellement aidés par les propres écrits de Ueshiba. Morihei Ueshiba fut un Japonais des ères Taisho et Showa qui «enseigna» son aïkido d'une manière conservatrice et typiquement japonaise. Il n’a pratiquement écrit rien en dehors d'un journal et une édition annotée de Reikai Monogatari de Onisaburo Deguchi, écrits qui semblent avoir été perdus. En revanche il donna de nombreuses conférences et discours, dont certains ont été publiés sous forme de livre. Ses «écrits» publiés en anglais sont des traductions de Douka et des extraits de discours et d’interviews. Il n'existe pas d'édition anglaise consacrée aux écrits de Ueshiba (Ndt en 2007).

 

Ainsi, il n'y a aucune garantie que la simple lecture de ses soi-disant écrits traduits du japonais permettra à quiconque de comprendre ces questions (entraînement, pratique, enseignement).

 

D'autres preuves, plus circonstanciées, sont nécessaires. Le premier article posait trois questions sous la forme de trois propositions (Cf. Article précédent)

 

J'ai mis «enseigner» entre guillemets, en raison de doutes sur le sens précis que ce terme avait pour Morihei Ueshiba. Je pense que ce qu'il faisait était certainement assez différent de l'enseignement de l’aïkido tel que j’ai pu l'expérimenter au Royaume-Uni et les Etats-Unis avant de venir au Japon.

 

Ce doute est aussi étroitement lié à la question du «vol» des techniques, que je comprends comme le fait d’apprendre ce qui n'a pas été explicitement enseigné (même s’il put être montré intentionnellement). Tous les témoignages que j'ai lu et que j'ai entendu de la part des deshi eux-mêmes, s’accordent sur un point : Morihei Ueshiba a consacré beaucoup de temps à poursuivre sa formation personnelle, de telle sorte que ce qu'il a effectivement montré à ses deshi n'est que la pointe d'un très gros iceberg.

 

En fait, ce qu'il a montré aux deshi pendant la pratique était presque continuellement et exclusivement du waza, sans aucune explication technique, et il les a aussi laissé travailler par eux-mêmes, non seulement ce qui leur avait été montré et les principes sous jacents, mais aussi le régime d'entraînement qui avait abouti au waza. Ueshiba a été critiqué pour «enseigner» de cette manière archaïque et d'exiger de ses élèves le recours à ces moyens non-productifs tels que «voler» la connaissance. Si seulement il avait utilisé les méthodes occidentales éprouvées qui nous sont si familières, utilisant un catalogue bien défini, présentant tout le matériel d'une façon claire et logique, avec des contrôles périodiques pour voir s'il avait été compris, nous serions maintenant dans une bien meilleure situation.

 

Les enjeux ici sont d'une importance fondamentale, non seulement pour la façon dont on pratique l'art de nos jours, mais aussi pour notre façon de concevoir réellement l'art et la structure de ce que nous faisons dans le dojo.

 

La première question qui se pose est de savoir à quel point l'approche de Morihei Ueshiba était habituelle / commune au Japon et il est donc instructif de comparer l'enseignement de l'aïkido avec l'enseignement des autres formes d'activité structurée ou toute pratique, comprise dans un sens large. La méthode de «l'enseignement», et aussi la relation «d’enseignement» entre le maître et l'élève, changent-elles en fonction de ce qui est enseigné?

 

A l'origine, la nature très confucéenne du rôle d'enseignant doit être soulignée, de même que la différence entre cette manière d'enseigner et de la méthode socratique, qui, comme son nom l'indique, trouve son originechez les Grecs. Dans son livre, L'éducation au Japon pendant l’ère Tokugawa, Ronald Dore dresse un tableau de la manière d’enseigner des professeurs Japonais. Elle était confucéenne, au sens où:

 

(1) la connaissance est décernée par l'enseignant au-dessus et les étudiants en dessous ont un devoir moral de comprendre et apprendre

(2) la connaissance montrée et donc la formation pour l'acquérir, suivent un un schéma type - on peut dire fondé sur le kata.

 

Les étudiants remplissent leur rôle en écoutant patiemment et en apprenant par cœur. Je pense que le meilleur parallèle avec le monde contemporain est l'apprentissage du japonais écrit, en particulier les 2000 caractères chinois d'usage courant, dans les écoles japonaises. Cette tâche colossale est accomplie en plusieurs étapes prédéterminées et chaque enfant à l'école japonaise élémentaire et secondaire passe par les mêmes étapes dans le même temps, dans tout le Japon. Tout y est: il y a un ordre déterminé; les élèves apprennent par une répétition sans fin, ils doivent apprendre à écrire correctement les caractères les plus faciles avant de passer aux plus difficiles, mais ils apprennent les structures sous-jacentes et les principes chemin faisant; les compétences sont tellement intériorisées qu'elles deviennent sans effort. Les occidentaux qui ont seulement à maîtriser l'alphabet ont besoin de faire un sérieux saut mental pour comprendre la dimension de ce processus d'apprentissage et aussi pour voir comment il établit un paradigme d'apprentissage confucéen qui est au coeur du processus cognitif de tout japonais qui est passé par le système scolaire.

 

Le fait que cette attitude confucénne existe encore aujourd'hui a frappé à ma porte assez fortement par le biais de mon premier professeur d'arts martiaux qui était japonais, un japonais très traditionnel. Nous étions de complets débutants et il a présenté l'aïkido comme une partie de la culture traditionnelle japonaise. À un certain moment il a déclaré qu'en général, les étudiants avaient tort de critiquer ou remettre en question leurs professeurs à moins qu'ils puissent prouver qu'ils savaient mieux. Questionner l'enseignant était en soi une forme de critique. Cela n'a pas été particulièrement bien reçu par nous, ses élèves, qui étions tous étudiants à l'université au Royaume-Uni. J'ai moi-même été élevé dans une tradition qui favorisait la dialectique: à savoir s'engager dans des disputes avec l'enseignant, dans un effort pour trouver des trous et des ouvertures dans son argumentation.

 

Cette tradition, comme je l'ai dit plus haut, commença chez les Grecs puis fut reproduite dans les universités à travers l'Europe médiévale. Elle est typiquement «occidentale». Là encore, il est inutile de nier que cette tradition existe et qu’elle est pertinente pour la formation dans les arts martiaux japonais. Je suis assez sûr que nous avons essayé de trouver des trous et des ouvertures dans le waza de notre professeur, mais nous étions débutants et aucun de nous n'avait la moindre expérience dans d'autres arts martiaux japonais. Son anglais était assez rudimentaire et il a nous a fait passer par des répétitions sans fin d'exercices tels que Funa-Kogi, des suburis assez simples de ken et jo et des ashi-sabaki complexes. Bien sûr, il y avait le waza, mais ce n’était que les bases:  les kyo, les nage-waza d’irimi-nage, kote-gaeshi, shiho-nage et kaiten-nage, quelques  koshi waza et kokyu waza de base. Ukemi était appelé «recevoir» et l'entraînement en solo à l’ukemi était précautionneusement contrasté avec le rôle très différent de l'ukemi avec un partenaire.

 

J'ai découvert plus tard que mon premier professeur reproduisait simplement avec nous sans aucune véritable explication la procédure de formation qu’il avait reçu de son propre professeur (qui, incidemment, avait également été le professeur de Minoru Inaba, du Dojo Shiseikan). Comme ses compétences en anglais ne lui permettaient de donner aucune explication réelle des buts de la procédure de l’entraînement, je pense rétrospectivement qu'il espérait seulement planter des graines qui germeraient plus tard.

 

En temps voulu, moi aussi j’ai aussi découvert que ce modèle confucéen traditionnel de l'enseignement dans les arts martiaux japonais est dupliqué dans l'enseignement d’autres activités. Dans le monde de l'enseignement japonais, avec lequel je suis plus familier, une distinction rigide est faite dans les universités entre l'enseignement, en particulier l'enseignement des étudiants de premier cycle, et la poursuite de ses propres recherches. La deuxième est clairement préférée et peu d'efforts sont investis dans le premier. Il y a deux raisons à cela. La première est qu'un professeur est évalué par la recherche accomplie et non par le nombre d'élèves. (Je pense que cela a toujours été le cas, mais c'est seulement maintenant que ce sujet commence à compter pour aborder le sujet des buts de l'évaluation.) La deuxième raison, à la suite de la première, est qu’on n’a n'a jamais explicitement enseigné au professeur à enseigner. On s’attend à ce que l’aptitude à enseigner découle tout naturellement de l'expertise dans la recherche.

 

Les étudiants qui d’une façon ou d’une autre passent le test deviennent des élèves de niveau de recherche et ainsi deviennent membres du zemi du professeur (séminaire de recherche). Ces étudiants sont  ce qui existe de plus proches du deshi d'un dojo (et d’ailleurs, ils sont aussi appelés deshi). Ils sont choisis par le professeur et suivent vraiment les traces du maître. Dans l'ancien temps le meilleur deshi, aux yeux du professeur, héritait de son poste quand il se retirait et le modèle se répétait.

 

Le rôle du zemi explique aussi la pratique de la publication de documents sous le nom du professeur, alors que la recherche proprement dite et sa rédaction ont été faites par les deshi. Compte tenu de la cohésion de groupe d’un zemi et le rôle central du professeur qui consiste à s'occuper des membres du zemi, y compris pour leurs futures carrières, cette pratique n'est pas du tout considérée comme étrange. Consentir que son nom soit inclus en tant qu'auteur est une indication que le professeur a donné sa bénédiction et son accord public à la recherche effectuée.

 

Au Japon, ce modèle d'enseignement a prospéré durant l'ère Tokugawa avec Hayashi Razan et l'École Mito et a été l'élément BUN dans la relation BUN / BU, si étroitement favorisée par les samouraïs. Les jeunes samouraïs passaient leurs journées à étudier les classiques confucéens sous la direction d'un professeur sévère et ensuite entraient dans le dojo pour se former aux arts martiaux, sous un professeur tout aussi sévère. Cependant, il convient de souligner ici est que l'aspect individuel de la relation n'est pas tant l'enseignement lui-même (au sens occidental), que de permettre au deshi d'avoir une relation étroite avec le maître, car celle-ci va développer sa connaissance et compétences.

 

Cependant, on peut arguer que le parallèle ne peut être dressé aussi loin et  qu’il est aussi modifié dans une certaine mesure par ce qui est réellement montré / enseigné / appris.

 

Considérons les différentes activités ou pratique de (1) l'ingénierie, par exemple la construction de ponts, (2) la médecine, (3) l'apprentissage des langues et (4) la philosophie, car elles sont enseignées / apprises au Japon. J'ai choisi ces exemples parce qu'ils présentent un spectre de la manière dont les paradigmes culturels de la relation enseignant-élève et l'enseignement / apprentissage des compétences peuvent être évaluées, car la relation et la compétence doit déboucher sur des résultats concrets et tangibles. La relation enseignant-élève est toujours fondée sur la tradition décrite plus haut, mais débouchent sur des résultats différents.

 

(1) Dans l'ingénierie, la relation enseignant-élève doit aboutir, au Japon ou ailleurs, à la construction de ponts solides qui ne tombent pas sous le poids de ce qui passe sur eux. Souligner la grande qualité de la relation enseignant-élève ne servira à rien si cette compétence de base ou les résultats font défaut. Le propos ici est que l'activité ou la pratique doit donner des résultats concrets comme les ponts, dont la qualité peut être évaluée objectivement et relativement facilement. Toutefois, au Japon le modèle d'enseignement de base est la zemi, comme décrit ci-dessus. Le professeur mène d'abord des recherches et en publiant les résultats de cette recherche et les étudiants apprennent en participant à la recherche du professeur. Bien sûr, le professeur donne aussi des conférences à des classes de premier cycle et les étudiants ont la responsabilité d’écouter avec diligence ces conférences, maîtriser la matière et ensuite redonner au professeur, sous la forme de réponses à des questions d'examen ou dans les résultats des expériences pratiques.*

 

(2) En médecine, la relation enseignant-élève est de créer des médecins compétents. L'étudiant doit passer un examen et être reconnu comme possédant les compétences requises, en vue d'exercer la médecine professionnellement. Cependant, il me semble que, au Japon il y a un élément personnel plus présent ici que dans l'ingénierie. Au Japon, les médecins peuvent mettre en place des cliniques, après quelques années de formation et de gens choisissent vraiment de faire faire leurs opérations en se fondant sur la réputation de chaque médecin, plutôt que sur la proximité de l'hôpital. Bien sûr, l’exercice de la médecine doit déboucher sur des patients en bonne santé et peu de décès, mais l'évaluation des résultats, en termes de compétence et d'incompétence, est plus difficile qu’avec la construction de ponts. Si une personne est guérie ou non ne peut pas être strictement reliée à la qualité du traitement médical reçu. Là encore, le modèle d'enseignement est le zemi et les élèves apprennent en regardant travailler les médecins expérimentés et en participant à leurs recherches. Les patients, eux aussi, ont un grand respect pour leurs médecins et écoutent consciencieusement les explications qu'il choisit de leur donner: ils posent rarement la moindre question.

 

(3) Dans l'enseignement et l'apprentissage des langues, on pourrait penser que le test à l’acide de la relation enseignant-élève réside dans la capacité de l'apprenant à afficher des compétences comparables au locuteur natif. Cependant, ce n'est pas le cas au Japon, où le modèle établi d'apprentissage des langues est l'étude des textes écrits en anglais (des romans d’auteurs comme Dickens et Virginia Woolf sont de bons exemples ici), la traduction de ces textes en japonais, et la remise des explications détaillées de ces textes en japonais. Une alternative est l'examen détaillé de la grammaire anglaise et de la méthodologie d'enseignement, également en japonais.

 

Un professeur, depuis longtemps disparu, m'a dit une fois avec fierté qu'il était probablement l'autorité mondiale sur les verbes de Chaucer. Les membres de sa zemi l’aidaient consciencieusement dans ses recherches sur ce sujet mystérieux et certains sont allés jusqu’à occuper des postes dans le monde académique réservés par le professeur en tant que chef du zemi ou Gaku-Batsu. Il ya une dimension encore plus personnelle ici que dans la médecine, puisque les résultats escomptés ne sont pas ce auxquels nous pourrions nous attendre. La compétence orale d'un locuteur anglais natif, par exemple, n'est pas considérée comme une indication de la connaissance de cette langue. Il n'existe pas de tests de compétence de la langue native, sans même parler que l’étudiant soit capable de passer pour un natif...

 

Les tests comme TOEIC et TOEFL sont populaires au Japon mais présentent peu de rapports avec les compétences possédées par des locuteurs natifs. L’évaluation de la compétence des enseignants est également difficile, car il n'existe aucun consensus au Japon pour évaluer ce que constitue la compétence linguistique. Là encore, cependant, le modèle d'enseignement est le zemi et les étudiants apprennent en aidant le professeur à poursuivre ses recherches.

 

(4) La philosophie a été pratiquée depuis les anciens Grecs et enseignée dans les universités depuis presque aussi longtemps, mais ici il est encore moins possible de juger de la compétence basée sur des résultats. Vous devenez bon en philosophie en la pratiquant réellement et les Grecs ont privilégié une approche conflictuelle, basée sur l'individu. Bien sûr, il y avait des écoles de platoniciens et aristotéliciens, mais elles étaient fondées sur les travaux philosophiques de deux hommes, dont l'un était étudiant dans l'autre école, puis s'est détaché et a créé la sienne.

 

La philosophie est enseignée dans les universités japonaises, mais elle tend à être enseignée comme l'histoire, ou en se concentrant sur certains philosophes célèbres, comme Hegel ou Heidegger. Là encore, le modèle d'enseignement est le zemi et les étudiants apprennent en aidant le professeur à poursuivre ses recherches. Cependant, cela ne devrait surprendre personne qu'il n'y ait pas de philosophe célèbre ou original au Japon. La façon d'enseigner est trop confucéenne et la cohésion du groupe est trop envahissante pour permettre au moindre clou de dépasser.

 

Dans certains domaines l'efficacité de cette approche ne fait pas de doute. Il y a une tension créatrice entre l'enseignant et les formes qui constituent la pratique et elle fonctionne dans de nombreux domaines.

 

Les Japonais sont incomparables pour construire des structures complexes, des machines et des automobiles, là où le «facteur kata» et la cohésion du groupe sont primordiaux. L'approche semble fonctionner beaucoup moins bien dans les domaines où la créativité individuelle est nécessaire.

 

Où alors se situent les arts martiaux, et en particulier l'aïkido? Est-il plus de l’ordre de l'ingénierie, de la médecine, de l'apprentissage des langues, ou de la philosophie, ou peut-être est-ce une combinaison des quatre? L'aïkido est un ensemble d'activités complexes basés sur des principes et ceux-ci sont clairement enseignables. Les principes reposent sur les activités et la vision du monde d'une personne spécifique qui était japonais et avait suivi un paradigme d'enseignement japonais.

 

Compte tenu de ce paradigme, cependant, il peut y avoir un écart entre

(a) la combinaison de ces activités / principes du waza de Morihei Ueshiba, tels qu'ils sont un tout unifié,

(b) la propre conscience Ueshiba de l'ensemble unifié de ces activités / principes comme le produit de sa vie,

(c) la capacité d’Ueshiba à enseigner ces activités / principes à ses deshi.

 

Cette question est particulièrement importante si l'on considère les différences entre l'aïkido et son parent, le Daito-ryu, et les koryu traditionnelles. Le waza que Morihei Ueshiba pratiquait dans le Kobukan peut être trouvé dans le livre de Renshu Budo, produite en 1933 et remis pour à quelques deshi sélectionnés. Toutefois, ni les commentaires sur le waza individuel, ni l'explication donnée au début du livre ne fournit aucune indication sur l’entraînement personnel de Ueshiba. Le fait que le livre était remis à des deshi sélectionnés indique que Ueshiba l’utilisait comme une indication des progrès réalisés, comme il le faisait aussi avec les mokuroku qui résument le waza contenu dans le livre.

 

Le contenu de Budo Renshu devrait être comparé avec le film réalisé en 1935 dans les locaux de l’Asahi Shinbun et aussi avec le petit volume Budo, imprimé en 1938 également remis à des deshi sélectionnés. Il a été dit que le film de l’Asahi Shinbun représente un type de pratique qui est plus proche de l'aïkido actuel que du Daito-ryu vu dans Budo Renshu et les archives photographiques du Noma Dojo, mais il y a une différence de seulement trois ans entre les deux

 

Avec ceci à l’esprit, on peut reformuler les questions à l'alinéa précédent d’une autre façon. (A) Il y a une tension créatrice entre le régime de Morihei Ueshiba, sa formation personnelle et l'aïkido waza qu'il a créé, ou adapté du Daito-ryu. A t-il considéré que la formation et le waza comme deux ensembles distincts, comme deux parties séparées d'un tout ou comme un tout indivisible? Tous les deshi auxquels j’ai parlé choisissent la troisième option, mais soulignent qu'il n'enseignait que le waza et quelques exercices individuels comme funa-kogi/tori-fune, furitama, les suburi et quelques exercices de respiration.


(B) Morihei Ueshiba s’entraîna en permanence depuis l'adolescence jusqu'à sa mort à l'âge de 86 ans. Ainsi il ya une histoire personnelle, la maturation d'une personne. Cependant, ses discours ne couvrent qu'une partie de cette histoire, au sens où ils ont été finalisés vers la fin de cette période, dans les années Kobukan et après, quand il a embrassé la religion Omoto. Seuls quelques deshi étaient intellectuellement outillés pour saisir sa façon de présenter ce qu’il faisait.

 

(C) Tous les deshi avec lesquels j'ai longuement parlé de la méthodologie d'enseignement de Morihei Ueshiba (Noro, Tada, Yamaguchi, Arikawa, Isoyama) soulignent que Morihei Ueshiba montrait le waza et s'abstenait de toute explication technique, mais tenait de longs discours sur l’univers, etc. qu’ils n'étaient en mesure de comprendre à l'époque.

 

Ainsi, il ne faut donc pas être surpris d'apprendre que Ueshiba a suivi le modèle d'enseignement traditionnel esquissé précédemment. Bien sûr, il ya une différence de taille entre une grande université et un petit dojo, mais il y a bien moins de différence de taille entre le Kobukan du début, par exemple, et le zemi universitaire, dans un département et au sein d'une faculté. Les deshi du Kobukan étaient les proches collaborateurs d’un processus de recherche en cours et ont également partagé ce processus, souvent sans être pleinement conscient de ce qui se passait. Nous allons examiner cette prise de conscience et de ses limites dans l’article suivant.

 

 

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Très respectueusement je vais devoir critiquer la vision dualiste de l'enseignement, occidental VS japonais du bon professeur (de la part d'un occidental cela ne le surprendra pas).

 

De façon très ironique, le zemi et ses pratiques claniques me parait exister en Occident: je me souviens avec émotion d'un séminaire ultra pointu de linguistique où un étudiant objectivement couvée par son directeur de thèse exposait doctement son projet de linguistique du timbre-poste... (je ne suis pas resté longtemps).

 

Plus sérieusement, pour reprendre son exemple de la médecine, le zemi existe aussi en Occident tant dans la méthode que les résultats: les médecins parlent souvent de leur "maître qui-leur-a-tant-appris". La cour d'un mandarin (tiens tiens) en médecine s'apparente à un zemi et on peut dire qu'elle est la règle dans les études médicales post-internat en France.

 

Quant aux résultats...

 

On doute que le système change quoi que ce soit pour la médecine: les gens choisissent aussi en Occident de se faire opérer sur la base d'une réputation et non sur la valeur absolue d'un diplôme.


Concernant l'enseignement des langues, on ne peut dire que cet enseignement soit un succès tant les japonais sont peu à l'aise avec les langues étrangères (ou est-ce les étrangers eux-mêmes?...).

 

Pour la philiosophie et les activités créatives, P.Goldsbury se fait l'écho de la longue lamentation des occidentaux qui travaillent et vivent en Asie: la tradition confucéenne présente pour effet pervers de tuer la créativité, laquelle commence par savoir, vouloir, pouvoir dire NON. Les asiatiques ne savent pas dire non pour la plupart, sourient pour s'en tirer et retournent à leur routine (au quotiden c'est étouffant).



Autre problème: universitaire, P.Goldsbury voit l'enseignement au travers du prisme scolaire. Certes les Grecs ont inventé une forme de "cours", d'entraînement à la pensée avec un professeur recruté / désigné en tant que tel (Alexandre le grand et Aristote). Mais l'enseignement en Occident ne se résume pas à l'Université...

 

A la Renaissance il n'existait pas d'école de Beaux-Arts et l'apprenti entrait - jeune, à l'adolescence ou avant - dans l'atelier d'un peintre plus ou moins établi / célèbre pour apprendre un métier (et c'était courant dans d'autres métiers ou "arts" ). De la même façon qu'un deshi d'O sensei.

 

Il commençait par nettoyer, préparer les toiles, les pigments et il copiait. Car l'atelier à l'époque (pour peu que le peintre soit un peu renommé) était une unité de production: il n'y avait pas d'autres façon de créer des images sinon par le recours à cet étrange artisan. L'apprenti apprend, devient ouvrier, seconde le maître pour produire. Léonard de Vinci dessina des rubans, des masques et des costumes de fête pendant plus de quinze ans. Rubens possédait une mini usine de tableaux qui tournait à plein régime. Il avait une gamme de prix variable selon qu'il se chargeait de la tête et/ou des mains ou de l'intégralité du tableau (qui coûtait alors une fortune, on frémit à l'idée de la somme que dut débourser Marie de Medicis). Ainsi il devient peintre dans la seule structure possible: un zemi est-on tenté de dire.


Ce mode de transmission ne me paraît donc pas spécifique du Japon ni du budo.

 

On pourrait facilement conclure que le processus d'apprentissage à l'époque consistait à reproduire, copier, voler la technique ou s'en imprégner par la copie. Rien n'est plus faux à mon avis.

 

Un exemple de base: outre leur talent, les peintres devenaient célèbres pour la qualité de leurs pigments et ceci impliquait la transmission d'un savoir technique ainsi que le secret sur ces procédés, de sorte que ne devenait pas apprenti qui voulait). Assumer ou croire (en l'absence d'expérience) que l'on apprend au contact direct du maître par une sorte d'imprégnation a-verbale est extrêmement discutable: ce que donne le maître tient souvent en très peu de phrases et il les délivre au compte-gouttes lorsqu'il repère que l'étudiant est prêt à comprendre.

 

D'ailleurs, même dans le cadre universitaire cette économie a encore son rôle à jouer. Quiconque a donné des cours sait qu'il ne faut pas noyer les gens sous la technique sinon c'est l'indigestion assurée. Une seule phrase peut en revanche tout changer et même si ce n'est pas de la technique pure, elle peut ouvrir un chemin.

 

De sorte que les prémisses de Peter Goldsbury me semblent biaisées. Il va de soi que sa description de l'enseignement traditionnel explique bon nombre de différences culturelles. C'est très intéressant.

 

Mais j'ai peine à croire que les maîtres de budo ne pouvaient expliquer. Que les élèves ne puissent pas comprendre est une autre affaire.

 

Du point de vue de l'Aikido et pour avoir vécu au contact d'un maître dessinateur je suis convaincu d'une chose: O sensei ne donnait pas tout à tout le monde de la même façon.

 

Saito sensei disait que le fondateur lui expliquait la raison d'être des techniques. Les témoignages de première main (P.Voarino pourrait ici nous en dire plus) semblent montrer que la technique tenait une grande place à Iwama. Que les deshi de Tokyo n'aient pas bénéficié du même enseignement ne devrait plus surprendre personne après le travail de S.Pranin

 

O sensei pendant de nombreuses années ne faisait que passer à Tokyo, que pouvait-il enseigner? Il donnait l'image du but à atteindre et partait, ayant sûrement autre chose à faire si l'on en uge par le nombre impressionnant de ses voyages, dans ce qu'il considérait sans doute comme les dernières années de sa vie ("ce vieil homme" répétait-il).

 

On ne peut s'empêcher de penser que le niveau prodigieux de Gozo Shioda est en partie du au fait que Ueshiba lui a montré bien des choses même s'il ne les verbalisait pas forcément.

 

C'est là je pense une grande confusion: on peut expliquer explicitement quelque chose sans parler, sans tout expliquer à l'élève qui devra de toute façon accomplir tout le chemin à son tour. 

 

Mon maître dessinateur m'expliquait un jour la leçon d'un de ses profs aux Beaux Arts. Début de la séance, Frédéric se jette sur le papier comme d'habitude pour se livrer à son numéro de virtuose lorsque le prof lui attrapa le poignet et lui dit un seul mot: "regarde".

 

Bien sûr si l'on ne sait pas saisir ces instants, on rate pas mal de choses.

 

Que O sensei n'ait parlé de son entraînement n'est en rien surprenant. Comme disait ce maitre dessinateur, "il faut multiplier les expériences". Sagawa sensei dit exactement la même chose, personne ne peut vous enseigner, vous devez aller chercher l'information, quand on cherche on trouve.

 

Mettons nous cinq minutes dans la peau d'O sensei, rural dans l'âme, possédé par ses dieux, issu et héritier d'un temps révolu: il devait se sentir étranger dans une époque devenue si profane, matérialiste, dans un Tokyo lancé à toute vapeur dans le monde de la consommation et du moderne, amnésique par nécessité.

 

Que conclure de ses longs discours aux deshis de Tokyo? qu'il ne pouvait, voulait ou ne savait pas faire cours? Ben voyons. Bien plus sûrement il tentait de les éveiller, de leur faire sentir une autre réalité.

 

Croyez-vous vraiment qu'il ne les voyait pas s'endormir?

Yari et jo - fr

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Harry and Jo walk together...

 

 

Un précédent post explorait les relations du jo et de la baïonnette en effleurant celles avec la lance ou yari. Cette arme est pourtant vraiment intéressante dans l'étude de l'Aikido comme me le révéla Matthieu Jeandel.

 

Précision: il ne faudrait pas superposer lance et yari qui sont deux "paradigmes" différents. Trop souvent on parle de "lance" d'une façon générique sans préciser de quoi il est question. Or il existe quantité de lances et quantité de yari différents (Cf. plus bas). La lance des Masaï ou le pilum romain ne sont pas des yari, eux-mêmes déclinés en de nombreux modèles. Les liens de la lance (au sens large) et du yari sont étroits mais les deux armes ne sont pas équivalentes. La lance est surtout une pointe, la plus primitive des armes (à la fois javelot et épieu), une des plus efficaces aussi - les lions d'Afrique font le détour...

 

Pour l'exposé qui suit, les deux termes sont reliés car leur proximité est évidente mais ils ne sont pas superposables.

 

La lance / yari, est une arme à la croisée des chemins: une arme de l'infanterie (peu chère, adaptée à des troupes nombreuses à l'époque où les invasions mongoles ont généralisé son usage), une arme individuelle qui incite à une exploration et un raffinement technique extrêmes (comparable en cela au sabre pour son rôle de formation au "fighting spirit", CF. l'article de N.Delalonde) et enfin une arme "spirituelle" dont la valeur dans la cosmogonie japonaise tombe sous le sens.

 

De nombreux courants et experts refusent purement et simplement de l'inclure dans leur curriculum voire dans l'aïkido lui-même. Certains optent pour un moyen terme technique trop long à développer ici mais qui considère que la qualité / faculté de frappe du jo est suffisante pour tout expliquer, rejetant la coupe qui est une des possibilités additionnelles du yari et pas la moindre. C'est respectable mais je trouve cela limitant.

 

La création des katas d'armes et tout le curriculum du bukiwaza fut décidément un coup de génie de Saito sensei qui le différencie de tous les autres. Le kata est en effet comme une grammaire, une pierre de Rosette à destination des pratiquants futurs.

 

 

Aparte irrespectueux. Je me souviens ainsi avoir vu un "shihan" de Tokyo (je me suis empressé d'oublier son nom, je le jure) essayer de faire un cours d'armes, ou plutôt essayer d'expliquer la relation entre bukiwaza et tai jutsu (en délivrant à l'occasion de mauvais yoko geri). C'était tout simplement pathétique.


 

Un grand nombre d'arguments plaident pourtant en faveur de l'étude de la lance / yari.

 

D'abord par ce que O sensei la pratiquait beaucoup.

 

2005-02-07

 

 

Sa formation initiale faisait une part belle à la manipulation de cette arme centrale dans la mythologie shinto qui lui tenait tant à coeur. Il étudia dès le départ le sabre, la lance et le jujutsu. Il étudia aussi l'école Kashima shintô (son nom apparaît dans le registre des élèves d'avant-guerre). L'école Kashima comprend comme par hasard l'étude des naginata, yari, jô et bo... Cette formation grand angle était très commune et il n'y a décidément que notre époque moderne (qui a tout très mieux compris) pour dissocier les apprentissages.

 

osenseilance-copie-1

 

Il étudia très jeune l'Hozoin-Ryu Sojutsu, dont un ancien poème Japonais dit:

Elle peut être une lance pour percer...

elle peut être une perche (bâton) pour couper

elle peut être une faucille pour couper

quoi qu'il arrive elle ne rate jamais sa cible.

 

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(Quelle prétention!!! Jamais? Voir plus bas).

Le site japonais de l'école.

Une école en Allemagne.  Le soke de l'école, Kagita Chubei, sensei, vient juste de mourir, on espère que la relève est là, déjà que nombre de katas sont perdus...

 

La lance de l'Hozoin-Ryu Sojutsu se caractérise par la forme en croix de sa lame. On peut l'utiliser pour planter, tourner vers le bas, couper, frapper, glisser... etc. Comme l'explique le site: Two dimensionally and three dimensionally. (Voir plus bas).

 

Tamura sensei le déclarait sans aucune hésitation dans une interview  à Léo Tamaki: le jo vient de la lance. Il n'approfondit ni sur la signification de cette équation (qui lui semblait peut-être évidente) ni sur la relation de l'un à l'autre d'ailleurs, je ne sais s'il enseignait le jo et dans quelle optique, le témoignage de ses anciens élèves serait ici précieux (Eric...).

 

Quelques éléments de réponse? Le travail du jo en Aïkido vient de la lance. Il semble que (à la fois affirmatif et vague), les techniques de yari soit à l’origine du jo tel qu’on l’utilise en Aïkido.

 

Et c’est vrai que l’on retrouve un peu le même type de mouvements. Dans sa jeunesse il utilisait de longues lances mais je l'ai surtout vu travailler avec des te yari (le passage de la lance de l'Hozoin ryu au te yari n'est en effet pas innocent). Osenseï faisait généralement glisser le jo, c'est une façon de frapper très différente du Jodo. (... précisément parce que ce n'est pas du Jodo et que la frappe du yari est différente d'une frappe strictement contondante).

 

Comme on le verra plus bas, non seulement les techniques de jo viennent beaucoup du yari mais la plupart des katas ne se comprennent pas pleinement si on n'utilise pas la notion de coupe (dans les trois dimensions).

 

Selon Ethan Weisgard, les techniques de jo que O sensei a compilé et enseigné semblent être sa création propre à partir de mouvements d'armes comme le yari, la bayonette et le ken. (Ce qui est déjà plus précis).

 

Alors le yari?

 

Il faut d'abord voir qu'il s'agit d'une arme incroyablement complexe tant en termes de formes que d'usages. On parle ici de toute une histoire et d'une évolution au fil des siècles. La période Sengoku Jidai (les royaumes combattants, 1336-1573) fut une époque troublée qui mit en présence des armées nombreuses où le combat à cheval devint moins important que le combat d'infanterie. Les bushi comprirent vite que l'arme des pauvres, les ashigaru, devenait une arme de choix, supérieure au sabre à de nombreux points de vue - à commencer par son allonge... De nombreux katas opposent sabre et lance, et les avantages semblent évidents.

 

Cette adoption transforma la lance primitive en yari et en fit une des armes les plus mortelles de l'histoire. Cette page offre un aperçu des multiples formes que le yari a pris au cours du temps en fonction des usages visés. Une recherche Google en montrera l'incroyable diversité.

 

Par exemple cette page et cette page.

Egalement une excellente page sur les armes japonaises.

 

Sur la forme générale du yari.

 

Une des caractéristiques les plus importantes du yari est que l'arme présente certes une pointe pour l'estoc mais aussi des bords tranchants pour la taille (Hasaki) lattéralement et d'avant en arrière (tri dimensionnelle...). Cette taille, cette coupe était très variable et pouvait s'exercer en avant, en arrière, pour couper, pour décapiter, couper les membres du corps, bloquer l'arme adverse, couper les jarrets de chevaux, accrocher les cavaliers pour les jeter à terre, frapper ou "hameçonner" lorsque la charge vous emmenait au-delà de l'adversaire, en utilisant deux, trois tranchants ou une forme particulière, etc.

 

La forme jumonji yari, classique de la Hozoin-Ryu Sojutsu, devait permettre pas mal de variations.

 

De quoi reconsidérer de nombreux mouvements qui semblent simples, par exemple le yokomen bas du 2ème kumijo qui peut se transformer en coupe-jarret et positionner ainsi l'arme de façon idéale pour le tsuki suivant.

 

Mais il existait aussi la forme kamayari qui servait à hameçonner les cavaliers ou les sabreurs. La prodigieuse variété des usages excède largement nos conceptions le plus souvent étriquées de cette arme. ...

 

Un point particulièrement intéressant est que l'arrière du yari (Ishizuki) est fait de métal servant de contrepoids. On peut traduire "Ishizuki" ( 石突き ) par "casseur de rocher". Le nom a probablement été choisi pour signifier le pouvoir destructeur généré par le Ishizuki avec une frappe bien ajustée ("assez fort pour casser un roc" en quelque sorte). Les recherches archéologiques ont montré qu'une des causes de décès assez commune était la fracture du temporal (sur le côté de la tête) dont la cause semble avoir été une frappe avec l'arrière de la lance... Cela dit il est vraisemblable que les blessures soient dues à un jet de pierre, ou à un "todome", le coup de grâce donné une fois l'ennemi à terre, avec l'arrière de la lance (pour ne pas abîmer la lame).

 

Cela dit il existait des formes pointues dont l'usage semble très mystérieux ! 

 

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Le yari peut donc aussi permettre une frappe avec l'arrière, mouvement qui se retrouve dans de nombreux kata d'aikido mais aussi de naginata.

 

Comme avec le makila basque (le bâton de marche et de combat contre les chiens et les ours) qui est très similaire en ce qu'il présente un bout pointu d'un côté et une masse de fer de l'autre (comme un Shillelagh irlandais qui lui aussi a subi cette évolution de taille...). Les bonnes recettes sont universelles.

 

Tout aussi intéressant, le yari était équipé d'une série de bagues d'acier ou de métaux non ferreux (mizugaeshi) à l'arrière, juste au dessus du Ishizuki pour renforcer cette partie de l'arme soumise à rude épreuve lors des chocs (effets de levier), éviter que le bois ne soit détrempé mais aussi, surmontée d'une série de colliers en métal, pour protéger l'arme des coupes de sabre (on trouve les mêmes en dessous de la lame aussi pour des usages similaires). Ceci indique que l'arme pouvait aussi servir à dévier une coupe de sabre, soit pour créer l'ouverture, engager la contre attaque (par exemple à la tempe) ou tout simplement frapper en première intention si l'arrière était plus pratique ou logique. Soit l'équivalent du "butt strike" des Marines à la bayonette. Cette frappe existe d'ailleurs encore en Edo Yagyu shin kage ryu selon un élève de cette école.

 

Cette video d'un kata de naginata montre clairement l'usage de l'arrière de l'arme pour dévier une coupe. Dans la mesure où le yari est aussi l'héritier du naginata, on verra clairement que les opportunités de frappe ne manquent pas même si Ishizuki n'est pas privilégié.

 

Il est malheureux que de nombreux katas aient disparu ou soient indisponibles, heureusement que les katas de naginata, plus pratiqués, nous renseignent sur les possibilités techniques du passé, notamment l'usage fréquent de gaeshi.

 

Ainsi le yari peut aussi être utilisé pour frapper et couper en retournant l'arme (gaeshi), ce qui peut expliquer le renversement du 1er kumijo après le choku tsuki initial, le plus souvent interprété comme une défense sur le yokomen mais qui fait aussi bien sûr irrésistiblement penser à gedan gaeshi.

 

La lance / yari a de longue date fait partie du curriculum de nombreuses écoles (on pense à la lance longue du Kukishin ryu dont O sensei fut très proche). Les videos disponibles sur internet montre l'importance des coupes dans les mouvements, au sein d'une myriade de variations et de nuances qui en font une arme très complexe et polyvalente. Le Daito ryu Sagawa ha utilise aussi la lance  mais d'une façon différente de l'Aikido au moins celui d'Iwama. Je serais curieux d'en savoir plus sur le bukiwaza du Yoshinkan.

 

Il a aussi existé des yari courts (1,75m), te yari, que O sensei utilisait abondamment à Iwama (il s'entraînait seul à la lance, plus dangereuse et prenait un jo avec un partenaire). On peut voir dans un film son fils l'attaquer avec celle-ci.

 

Après 1942, le jo remplacera largement yari et junken. Ce choix est à relier au cheminement du jutsu vers le do. La mise en avant du jo est un choix pédagogique qui permet une très grande richesse de situations en travaillant avec les deux extrémités de l'arme. C'est une arme / outil plus sûre et que l'on peut utiliser tout en conservant les aspects martiaux sous-jacents.

 

Le parallèle avec la baïonnette pousse encore plus loin la parenté entre yari, jo et baïonnette en termes de grammaire avec ou sans arme. Dès que l'on plonge un peu dans le détail, les parallèles se multiplient. Les formes Jumonji et kamayari semblent suggérer des usages en tirant, poussant, coupant.

 

Il n'est pas inutile de reprendre ici en le détaillant l'exemple des paramètres d'entraînement des US Marines. Les Marines ne peuvent se tromper, se raconter des couillonnades ou se réfugier dans un confort de pensée: leur vie est en jeu. Leur ouverture d'esprit est remarquable au sens où ils sont allés se documenter sur la plupart des systèmes de combats (cf. Plus bas).

 

The Marine Corps Martial Arts Bayonet System "Every Marine is a rifleman."

 

Lorsque le Marine Corps s'est engagé dans une refonte de son sytème de combat, ils ont consacré une bonne partie de ce programme à reformuler leur système de baïonnette en s'inspirant de leurs expérience propres (les techniques qui marchent en temps de guerre), d'une recherche sur les systèmes de lance dans le monde et enfin l'expérience de première main de ceux qui ont eu à se combattre à la baïonnette dans les conflits récents (Depuis la 2ème guerre mondiale jusqu'à l'Irak).

 

Deux buts majeurs:

- Savoir se servir de la baïonnette car même au 21 ème siècle c'est encore très utile et ça le restera

- Deuxième but: l'entraînement à la baïonnette contribue à acquérir l'état d'esprit nécessaire au combat (ce qui rejoint l'article de Nicolas D).

 

Les Marines sont très clairs sur un point: compte tenu de l'arme et des contraintes de temps, ils vont au plus simple, pas d'escrime ici, pas de parades, pas d'affrontement long, on tue le plus vite possible. C'est très judicieux quand on sait à quel point la peur liée au combat limite nos capacités.

 

Leur outil principal est le tsuki appelé "thrust". Les coupes ("slash") ne sont utilisées qu'au plus près pour se dégager et achever ensuite sur un tsuki. C'est parfaitement cohérent si on y réfléchit avec le 1er kumijo qui commence précisément par les deux tsuki fondamentaux.

 

Les videos disponibles de Jukendo renforcent cette donnée: le tsuki est le mouvement de base, le fondement. Il faut quand même considérer la baïonnette comme une arme par nécessité terriblement primitive par rapport aux infinies possibilités de la lance / yari. Ce qui est remarquable c'est que les fondamentaux demeurent les mêmes. Ici encore le 1er kumijo est très cohérent puisque l'on peut considérer le deuxième temps (jodan uchi) comme une coupe suffisante en elle-même ou bien une préparation du yokomen qui se trouve dans sa continuité, puisque la fin d'un mouvement est le début du suivant.

 

Cette logique est adoptée de longue par les Marines dans leurs enchaînement de base dont on retrouve assez facilement la logique dans cette video). Enchaînement classique coupe / tsuki qui peut aussi s'adresser à deux adversaires.

 

Le système d'entraînement.

 

A commencer par la posture: le point principal est que l'arme doit être solidaire de la hanche en bloquant / verrouillant la main sur la hanche / le côté. Planter une arme dans une cible dure demande que les hanches soient plutôt de face, au minimum que la résultante des forces aille droit devant en verrouillant / solidarisant étroitement l'arme et la hanche arrière. Il est explicitement dit que dans cette position la force provient du corps et se prolonge par les bras.

 

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Savoir se déplacer est crucial puisqu'ils considèrent que 2/3 de la compétence consiste à savoir bouger. Ils utilisent le jukendo (dont O sensei devint virtuose pendant la guerre au point d'en devenir instructeur et s'être fait muter dans un régiment de première ligne) et utilisent le mokujū pour leurs entrainements. Nul doute que le jukendo a bénéficié de la longue tradition du yari.

 

Leurs exercices de base:

- à 6 mètres de distance, défense contre slash / coupe (soit un yokomen). Le but est de cueillir l'adversaire avec un tsuki sans notion de parade. Le but n'est pas de se défendre mais de réaliser sa propre attaque. C'est à nouveau parfaitement cohérent avec le premier kumijo.

- ensuite "défense" contre tsuki. Ici encore, on ignore l'attaque, tout au plus on rebondit sur l'arme adverse. - ensuite défense contre attaques multiples (tiens, tiens )

- combat groupe contre groupe (4 vs 4)


 

...

 

 

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En définitive,  le jo en Aikido est une arme / un outil qui incorpore les enseignements et spécificités de la lance / yari, sans doute du naginata au moins de façon dérivée, de la baïonnette et enfin du jo lui-même.

 

L'aiki jo n'est pas pour autant une superposition de techniques plus ou moins reliées. Il n'est pas seulement une lance ou une baïonnette ou un jo, il est tout cela à la fois, c'est une arme qui synthétise en les respectant mais aussi en les dépassant les formes les plus éprouvées des armes du passé.

 

Comme le dit Matthieu Jeandel (une fois de plus, le mot juste...), les formes de ces trois armes sont proches et l'originalité de l'aikido n'est pas dans le fait d'avoir une lame ou de ne pas se protéger, mais dans la manière de le faire...

 

D'un point de vue historique, la relation entre jo et yari peut être contestée ou niée au nom d'une orthodoxie plus ou moins étayée et crédible. Mais il est bien plus intéressant de se demander ce que le yari peut apporter au pratiquant d'aikido. Toutes ces distinctions rigides entre disciplines ne signifient pas grand chose historiquement et techniquement. S'interroger sur le statut "réel" du jo est d'un certain point de vue moins intéressant que s'enrichir de la tradition technique que O sensei connaissait évidemment. L'aikijo n'est pas que le yari ou la lance (ou le naginata dont il faudrait parler) mais il est aussi cela.

 

D'un point de vue technique, la prise en compte de la capacité implicite de(s) coupe(s) du jo fait entrer la pratique dans une autre dimension: de nouvelles possibilités émergent et dévoilent de nouveaux aspects du kata et sa relation avec le tai jutsu.

 

Il serait trop long de les détailler ici (et je suis loin d'en avoir fait le tour): ce qui semble une parade dans le kata devient autre chose et induit autre chose pour le tai jutsu. La primauté de tsuki éclaire par exemple cette notion d'irimi atemi souvent citée, rarement pratiquée.

 

L'exemple de jodan uchi est aussi assez parlant mais il en existe de nombreux autres. Prenons par exemple le 1er mouvement du 2ème kumijo: il est à la fois un uppercut et une coupe à la carotide gauche. Le lien avec irimi nage ou plutôt la forme de corps induite par ce mouvement sera très utile pour entrer irimi nage ou autre, en comprendre la logique. Il faut pour cela abandonner l'idée que ce mouvement est une défense, une réaction: il s'agit d'un irimi pur, un mouvement décisif en tant que tel que ne renieraient pas les Marines.

 

Cela induit de nombreuses conséquences sur les positions de pieds, les déplacements, la logique d'ensemble et l'exécution des mouvements un par un. Avec cette notion en tête, les mouvements se répondent entre eux de façon très cohérente. On perçoit alors la profondeur du kata sous un jour nouveau à mesure que sa richesse se dévoile.

 

 

Les histoires d'orthodoxie, de personnes, de filiation sont globalement inintéressantes de mon point de vue. Ce qui compte c'est la richesse et la cohérence technique. On saluera au passage feu Morihiro Saito pour ces katas remarquables qui agissent comme une sorte de conservatoire, de parchemin vivant. Leur profondeur dépasse de loin les apparences.

Boxe

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L'aikido commence a m'ennuyer. Ou plutôt certains aikidokas.

 

Je lis les forums. Je désespére. 

 

J'éprouve soudain une nostalgie sans nom pour la boxe où le pratiquant est confronté à sa nudité devant les faits....Il existe une très bonne école pas loin de chez moi.

 

Rien de plus simple et plus compliqué que la boxe. Modestie totale...

 

Le paysage change... Six mois avant de revenir plus près de l'école qui m'intéresse.

 

 

 

 

 

Baby when the light... Quel rapport? juste ras le bol de cette odeur de formol. Le clip est vulgos par moments mais la musique est bien vivante.

 

 

Irimi tenkan, Federer, ikkyo

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  J'ai longtemps hésité à publier ce post, ne voulant pas prendre la pose de je sais tout mais il y a des limites. Quelques épisodes récents me poussent à le publier quand même et tant pis: la video d'un "expert", le contact avec des pratiquants qui ignoraient le premier mot de ce qui va suivre, une sorte d'acceptation sans critiquede formes convenues toujours plus absurdes le temps passant.

Par ailleurs je précise bien que ce qui suit est strictement personnel et ne reflète pas nécessairement le point de vue d'ITAF dans la mesure où je sais que ce sera publié sur Planet
ITAF.

Pardon par avance à ceux qui sont déjà conscients de ce qui suit, s'il vous plaît laissez un message si vous trouvez ça flou ou imprécis.

...
 


Quand il s'agit d'accomplir un mouvement, il n'y a pas grande différence entre l'aïkido et d'autres activités physiques comme certains sports ou faire les foins: on trouvera sur Youtube quantité de points communs avec des activités en apparence éloignées, les bûcherons, les lanceurs de javelot, etc. C'est très sérieux. Clin d'oeil pour la position de pieds.

Javelin


Le corps humain étant ce qu'il est, qui pourrait en être surpris? Qui disait que l'Aikido s'apprend avec les os?

Il est recommandé ici d'utiliser son cerveau quand on se souvient de la façon de le brancher, O Sensei lui-même nous dit de procéder ainsi:
D'abord, vous devez connecter Shinku-no-ki * et Ku-no-ki * (Le ki qui est rempli dans l'univers) avec le * Saga (l'esprit
subconscient) et "Goh * (comportement).
Deuxièmement, gardez à l'esprit le concept premier et continuer à cultiver votre esprit d'une manière scientifique.

C'est véritablement limpide ;-). Sagawa sensei dit exactement la même chose pour la deuxième partie.


***

Traçons un parallèle entre ikkyo et, presque au hasard, le tennis. La comparaison n'est pas destinée à prouver quelque chose, elle sert d'illustration, pas de comparaison - laquelle n'est pas raison comme chacun sait.

 

 


 
Roger Federer (mais ça pourrait être n'importe quel joueur ayant gagné 16 Grands Chelems...), frappe la balle (c'est du tennis) avec un mouvement très simple. Il commence avec un tenkan de 45/60º sur place et pivote à nouveau 45/60º pour finir à peu près face à la direction du court où il veut envoyer la balle.Il ne frappe pas la balle d'avant en arrière mais de façon lattérale.

Il existe sur Youtube beaucoup de video au ralenti. Dont celle-ci, à l'entraînement donc à deux de tension, mais au moins on peut voir les pieds. C'est comme en Aiki, on regarde les mains mais tout se passe plus bas. Même que Sagawa sensei est encore d'accord, donc museau.

Parfois il n'a presque pas besoin de déplacer les pieds (étant souvent déjà placé et étant Federer...), Cela dit, la rotation de la hanche est toujours présente, même minime (étant Federer...). Le mouvement commence avec les hanches. La première phase prépare la libération de l'énergie de la deuxième phase, logique.

Dans une certaine mesure, Federer utilise sa raquette comme un sabre, c'est à dire qu'il la garde connectée avec son tanden (tout de suite ça sonne mieux que "ventre" ou "abdomen"), avec un petit décalage du à la prise d'impulsion mais sans déconnexion, sinon sa balle ferait comme la mienne et arroserait le court d'à côté.

A aucun moment il n'utilise sa force dans un mouvement avant / arrière et pour une raison très simple: ça ne viendrait à l'idée de personne...

Pas plus que de tenir une perceuse sur le côté du corps quand on attaque du béton de qualité (Sagittaire: aujourd'hui tenez votre jo sur le côté, Bricobidulle vous l'affirme). Ce qui parait évident en bricolage devient discutable en Aikido, ça me dépasse.

Il déploie sa force en aller-retour devant son ventre et de façon très lattérale; de l'essuie-glace en somme. Ikkyo obéit au même principe.


D'abord on va regarder O sensei, il est un peu démodé par rapport à nos guerriers contemporains mais bon, on salue pas encore Grobidon sensei au début du cours. Evidemment on dirait de l'archéologie. Mais c'est devenu ça l'aiki justement, de l'archéologie. Merci Stan Pranin, merci.

 



Droite, gauche. 90 degrés. Pas vers la jambe arrière.

Or. La plupart du temps, troppo souvent en tout cas, ikkyo est réalisé de cette façon.
(Pas besoin d'exemple visuel tant il est facile de reconnaître cette façon de faire, fédérale, mon général mais je vais en mettre un ou deux pour bien voir les méchants blèmes).

Kata (Te) - dori (et donc aussi yokomen, morote, etc).

La façon qui suit ne tient pas compte des axes naturels de force d'un corps comme expliqué ici ou encore ici et que l'on peut résumer avec le schéma suivant:

 

AXIS
- Tirer uke a pour effet de mettre le poids d'uke sur son pied avant: stable.
- Pousser le bras signifie le repousser vers la jambe arrière: stable.


Cela nécessite le plus souvent un uke complaisant sinon le mouvement est tout simplement impossible.
La plupart des pratiquants un rien honnêtes reconnaîtront ici la difficulté qu'ils éprouvent quand ils essaient de soulever / pousser le bras d'uke. Cela vient du fait qu'ils n'utilisent pas l'axe de faiblesse avant / arrière d'uke - mais l'axe jambe avant - jambe arrière (en position hanmi réglementaire).

Dans le détail.

1. Tori attire uke en reculant la jambe si possible en sortant de la ligne d'attaque... (souvent, tori oublie ce détail et à partir de nidan ils se vexent à cause du bourre-pif, méfiance avec la diplomatie du tatami).

Variante: entrer avec un pas en avant et/ou pivoter légèrement (tenkan comme on dit).

Problèmes:
- Uke ne devrait pas venir et / ou se plier en avant si son / sa posture était correcte et ferme sur le sol puisque tori le
consolide sur sa jambe avant.
- Si quelqu'un attrape un poignet, cela signifie souvent que la prise sera active en situation réelle (logiquement l'étape suivante est un atemi, ou un deuxième adversaire, même que les saisies c'est pas que pour apprendre les "bases", tout le problème des boxes c'est d'avoir une cible mouvante, saisir un bras ou une épaule permet
de "fixer" l'adversaire et de savoir au toucher où il se trouve, pim).
- Si uke tire, le résultat sera nul: les deux corps resteront où ils sont. Pratique :o))
- Si Uke pousse vers le haut (pour "geler" tori en montant son coude jusqu'à, par exemple, utiliser une sorte de yonkyo), le mouvement devient encore plus complexe.
- Tirer uke est contradictoire avec la notion même de irimi. Ca amène uke plus près de soi (enfin ça essaie), lui offrant un caviar pour son atemi (genou, seconde main) ou une crasse genre morote nage pour ceux qui aiment le BJJ, voire une bonne séquence de grand n'importe quoi: je nous amène au sol en vrac et je vais te faire ta fête.  


A la fin des fins ça donne ça: boum. Atémi au foie, le truc que les boxeurs redoutent comme la peste, et on imagine même pas avec un tourne-vis.

boum
 

Dans le même temps: atemi (uraken, faisons exotique) au visage pour éviter d'être frappé. Coupe sur le bras d'uke avec la main de l'atemi (gauche), afin de l'amener vers le bas et préparer la remontée.

Problèmes:
- Tori peut être frappé, malgré son atemi (après tout uke peut attraper avec la même intention au départ, auquel cas les bourre-pifs se croisent). Au passage, il peut aussi se faire mal si c'est fait de cette façon: bobo les doigts, six mois sans piano.


aieaieaiebobo

Je parle d'expérience: je me suis cassé deux doigts un samedi soir sur la tête d'un Marcel, le bon vieux classique de la fracture du boxeur un peu bourré, c'est dur une tête de Marcel...
 
- Uke n'a aucune raison de se pencher en avant si sa posture est forte dans la mesure où l'action s'exerce à la verticale de ou même sur l'appui de sa jambe avant... - surtout après la confusion des deux possibles atemis croisés...
 
2. Avec une action plus ou moins initiée à partir des hanches, Tori pousse le bras d'uke vers l'arrière pour appliquer
ikkyo. Ho hisse.
  hohisse

Cela signifie repousser uke sur son pied arrière qui est fortement et solidement ancré au sol - ou qui le devrait s'il n'est pas
suicidaire. Si jamais la première phase a réussi, ce qui est vraiment douteux dans le contexte de la panique liée à un vrai combat, voilà que la deuxième phase remet uke sur ses appuis...

Ce mouvement est absurde et inefficace de A à Z. (A l'oral bien ménager ses effets en détachant les syllabes).

...

Donc on se reprend une tournée.
 



   

Application sur Katate dori à partir de hanmi droite:

Ce mouvement ne demande presque pas de force et marche sur tout le monde. Il peut être résumé comme suit (les mots nous ont amené sur la
Lune, nous expliquent pourquoi on veut faire l'amour à sa maman, je continue de leur faire confiance - et en plus il y a interro de Kotatama demain).
 
1. Un pas sur la droite de la ligne d'attaque (en tant que première étape, pédagogique, mais qui peut être raccourcie en forme de pivot d'une manière simple et plus rapide à partir de hito e mi) + atemi circulaire avec le tranchant de la main - tekatana en vrai - serrée en poing (ce qui permet de frapper précis et sec sans se blesser et de pouvoir jouer du piano le lendemain...). BOUM.

 

Il y a un truc en plus qui aide bien à cet instant et qui a un peu disparu, c'est un kiai.

Garder le bras sous contrôle, laisser mijoter un pouïa de seconde.

Le mouvement circulaire amène uke sur ses talons plutôt que son pied avant, créant ainsi le déséquilibre arrière nécessaire pour le reste du mouvement. (Si uke tombe en arrière, affaire suivante).


La main de l'atemi vient dans le sens du mouvement se poser sur la main gauche (la main de la saisie) d'uke pour s'en emparer et même simplement la recouvrir puisque le retournement se fera essentiellement grâce à la montée du sabre.
 
2. Tori re-pivote sur la gauche en armant le sabre devant lui.

Grâce au pivot / armé et en gardant les mains devant son centre, celles-ci retournent la main d'uke (alors que retourner une main c'est toujours compliqué, vous vous rappelez le mec avec des mains d'ours au stage de Machin sensei ?) tandis que que la main droite se positionne naturellement sous le coude dans la montée (même remarque sur l'ours). Ceci est rendu encore plus facile par la réaction naturelle d'uke qui tente (ou devrait tenter) de récupérer son équilibre vers
l'avant.

Le déséquilibre puis l'immobilisation s'effectuent dans l'axe de déséquilibre avant d'uke, et non vers sa jambe
arrière. Droite puis gauche. Rapide, simple, logique, sur place. Tout commence et se termine par la rotation de l'axe, pas avec des trucs d'illusionniste.


Slide1

 

Pas la peine de convoquer les mystères du grand Kiki universel. Commençons par travailler de façon logique...

C'est purement et simplement ce que Federer fait: il tourne son corps une fois et deux fois depuis les pieds jusqu'à la raquette, les bras étant une conséquence du double 'tenkan".

 
Résumons.

1. Une forme dangereuse qui exige beaucoup de force sans garantie de succès car elle tente d'utiliser l'axe naturel de force et de stabilité d'uke. Et qui nous rend ridicule dans les stages de Natasha Shihan, t'as pas encore compris le flot du ki? Olotre, le nul.
2. La seconde forme, simple, sûre, rapide et qui fonctionne sur n'importe qui car elle utilise l'axe naturel de faiblesse d'uke.

Choisissez la vôtre.

On peut argumenter (on n'est pas sur un forum alors rippe de mon herbe) que le tennis et le budo sont deux compétences différentes qui visent des objectifs différents, etc, blabla.
Non, sans blague?

Cela dit, ils utilisent le même corps de la même manière. Si quelqu'un peut battre Federer avec une autre manière différente de faire un
coup droit avec l'utilisation du corps, qu'il essaie. Bon courage.

Mieux vaut ce domaine doit partir d'une technique irréprochable. En ce domaine, nous avons tous du travail.

Citations


Federer. Ce qu'accomplit Djokovic est incroyable. (A moins que ce ne soit son médecin, chut...)
Nadal: Federer donne l'impression d'avoir un corps fait pour le tennis.






 

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